Les débats sur le PAG ouvrent aujourd’hui au CNT : À quoi doit-on s’attendre ?

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Après sa présentation, le 19 février, le Plan d’actions du gouvernement de la transition (PAG) du Premier Ministre Moctar Ouane sera débattu aujourd’hui lundi 22 février 2021 au Conseil national de la transition, soit 48 heures après avoir sa publication conformément aux textes en vigueur. Durant une journée entière, sous la présidence de Malick Diaw, les membres du CNT seront appelés à débattre du fond du PAG, avec à la clé des interrogations, des critiques voire des attaques et altercations verbales çà et là. S’il n’existe pas d’opposition proprement dite au sein du CNT, de farouches oppositions s’annoncent quant à certaines intentions déroulées par le PM. Elles proviendront fort probablement d’Adama Ben Diarra et Nounhou Sarr, qui ne faisaient guère mystère récemment de leur hostilité à toute application de l’accord avant révision. Après s’être illustrés par des mises en garde aux hautes autorités sur la question, l’occasion leur est tout indiqué pour prendre la parole et défendre leurs positions respectives, à moins qu’ils ne soient en train de jouer avec l’intelligence des Maliens. L’opportunité leur est également offerte pour faire des propositions en rapport avec les orientations qu’ils souhaitent données à l’accord d’Alger.

Un autre point fortement attendu lors des débats est sans doute relatif à la durée d’exécution de la mission que s’est assignée le chef du Gouvernement, quand on sait que l’accomplissement taches aussi lourdes, rapportées en sus à la situation du pays, relèvent de l’utopie même pour une autorité pourvu d’un mandat régulier. Les acteurs politiques membres du CNT, qui répondent encore de l’obédience de leur différentes formations politiques, sont particulièrement attendus sur cette question, après la rencontre entre le PM et la classe politique à l’issue de laquelle le gouvernement de la transition a été mis en garde contre toute intention de proroger la durée de la transition. La classe politique avait même profité de ladite rencontre pour tenter de recadrer l’étendue de la transition en limitant ses taches à l’organisation des élections générales après la révision de certains textes y afférents. Or, en dépit des assurances données, le gouvernement Ouane compte procéder à des recrutements pour augmenter l’effectif des FAMa, des agents de la fonction publique et des collectivités territoriales, la réhabilitation et l’équipement de CSCOM et CSREF, la poursuite et achèvement des infrastructures routiers, l’achat d’ équipement, la relance du trafic ferroviaire de voyageurs et de marchandises sur l’axe Bamako-Dakar l’achèvement des logements sociaux en cours de construction et la réalisation de l’Interconnexion 225 kV Guinée – Mali. Il s’agit selon le PM de promouvoir la bonne gouvernance. Sauf que la réalisation de ces objectifs nécessite une mobilisation des ressources. Un luxe que le Mali ne peut se permettre en cette période de vaches maigres. À défaut de sanctionner cette incohérence par vote négatif, il ne sera pas étonnant de voir les représentants des partis politiques censurer les passages du PAG qu’ils sont en dépit de juger superflus. Ainsi, le PM pourrait être appelé à donner plus de garantie sur la durée de la transition et le chronogramme d’élections dont le coût global a été déjà évalué à 96 Milliards de FCFA par le ministre de l’administration territoriale.

Et ce n’est pas tout. Ce plan trop ambitieux pour une transition, qui atteindra sa date de péremption dans 14 mois, n’échappera pas aux critiques d’acteurs teigneux comme Assane Sidibé du parti Yelema ou encore le syndicaliste Aboubacar Fomba. Ils pourront même le rejeter, quoique leur voix pourrait ne pas peser lourd dans la balance.

Bref le PAG de Moctar Ouane sera peut-être approuvé par son caractère ambitieux et sa conformité à la charte de la transition, même si son réalisme pose d’énormes problèmes. Quoi qu’il en soit, le PM ne semble pas être préoccupé par le jugement des membres du CNT. En cause, oublié ou pas, il n’a pas demandé aux membres du CNT l’approbation de son Plan d’actions dont la seule lecture a pris plus de 50 minutes. Et pour qui se rappelle la mascarade ayant caractérisé la nomination des membres du CNT, cette omission du PM laisse penser que le jeu est joué d’avance. Il faut s’attendre ainsi à ce que ce PAG passe comme lettre à la poste, en essuyant peut-être quelques observations et réserves juste par formalisme démocratique.

 

Amidou KEITA

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