Législatives / IBK : Une majorité aux forceps

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La question qui s’impose à IBK, après les législatives, est de savoir comment gérer les nouveaux rapports de force à l’Assemblée nationale. Son parti, le Rassemblement pour le Mali (RPM) caracole bien sûr en tête des résultats du scrutin avec 60 places. Mais sans composer avec ses alliés, IBK ne peut obtenir la majorité, et s’il veut avoir les 115 sièges sur les 147 que compte l’Hémicycle, il devra faire des concessions surtout face à des soutiens comme l’Adema. A défaut, les abeilles vont-ils le laisser gouverner tranquillement?

 

 

Ibrahim Boubacar KEITA,
Ibrahim Boubacar KEITA,

Sauf revirement de dernière minute, le parti du président Ibrahim Boubacar Keïta et ses alliés obtiennent la majorité absolue aux élections législatives dont le second tour s’est déroulé dimanche dernier. Et les résultats officiels provisoires officiels publiés mardi soir, 17 décembre, confirment cette configuration de l’Assemblée nationale du Mali.

 

 

 

Sur les 147 sièges que compte l’institution, le RPM, en obtient près de 60, ce qui veut dire que les alliances contre-nature qu’il a scellé parfois dans certaines circonscriptions électorales lui ont sauvé la face. Quand à son alliée imprévisible, l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adéma), l’un des principaux partis maliens, la récolte n’est pas si mauvaise car il totalise plus de 50 sièges.

 

 

Lorsqu’on cumule ces sièges, la majorité présidentielle sera forte de 115 députés appartenant, entre autres, au RPM (60), l’Adema (21) la Codem (5), et 4 pour chacun des partis suivants: le CNID, l’ASMA et le parti SADI. Ainsi, à l’horizon se profilent de nouveaux rapports de force au sein de l’Hémicycle, voire au-delà de l’institution.

 

 

 

Si jamais l’Adema et les autres partis de la majorité devraient se sentir négligés, la coalition autour d’IBK sera forcement fissurée. Une hypothèse favorable à l’Union pour la République et la démocratie (URD), le parti de Soumaïla Cissé. Mais pour l’instant, Cissé aura  17 députés dans la nouvelle assemblée où il devrait devenir le chef de l’opposition parlementaire.

 

 

L’Urd n’est donc pas sortie plus affaiblie qu’aux présidentielles dans la mesure où, en plus du Parena de Tiébilé Dramé qui a 3 députés, d’autres formations politiques pourraient se joindre à l’opposition. Les 6 élus de Fare Anka Wili sont censés aussi entrer dans l’opposition car le premier responsable du parti, l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, était un soutien inconditionnel de Soumaïla Cissé lors du second tour de la présidentielle.

 

 

 

En attendant la Cour constitutionnelle…

A l’évidence, c’est en dehors de l’Assemblée que se joueront les rapports de force entre IBK et les autres leaders politiques. L’Adema qui constituera un groupe parlementaire à part essayera d’être une force centriste, menaçant au pire des cas de ne pas s’aligner sur la position du camp présidentiel au moment opportun.

 

 

Tiémoko Sangaré, un responsable de l’Adema, disait récemment haut et fort que le soutien du parti de l’abeille au président Keïta ne souffrira d’aucun doute. Il faut aussi rappeler qu’Iba N’Diaye et d’autres militants de première heure du même parti restent accrocs au Front pour la démocratie et la République (FDR), une coalition qui n’était pas tendre avec IBK entre les deux tours de l’élection présidentielle.

 

 

Le Mali retourne donc à un système démocratique normal avec l’annonce des résultats du second tour des législatives dont le taux de participation de 37,2%, est en baisse par rapport au premier tour du 24 novembre (38,6%). Pour rappel, avec près de 50%, le taux de participation au processus électoral qui s’achève avait été nettement plus élevé lors des deux tours des présidentielles du 28 juillet et du 11 août.

 

 

Les résultats provisoires annoncés par le ministre de l’Administration territoriale, Moussa Sinko Coulibaly, doivent encore être confirmés et validés par la Cour constitutionnelle avant que la nouvelle Assemblée nationale n’entre en fonction. L’ensemble des scrutins que vient de connaître le Mali scelle le retour à l’ordre constitutionnel interrompu le 22 mars 2012 par un coup d’Etat ayant précipité la chute du nord du pays aux mains de groupes djihadistes.

Cependant, les groupes liés à Al-Qaïda qui ont été affaiblis par une intervention militaire internationale lancée par la France en janvier et toujours en cours, restent actifs. Et le second tour des législatives s’était tenu sans ferveur au lendemain d’un attentat djihadiste qui a tué deux soldats sénégalais de l’ONU à Kidal (nord-est) et a blessé au moins sept autres Casques bleus ainsi que des soldats maliens.

 

 

Soumaïla T. Diarra

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