Le processus d’Alger relégué au profit d’un dialogue direct : Bamako entre dénonciation de l’Accord et renoncement à la paix

0

Sans surprise, le document signé depuis plus de semble 8 ans est frappé d’une caducité de fait. Il est mort de sa belle mort, en tout cas aux yeux des autorités maliennes, qui lui ont préféré de concertations nationales entre fils du pays.

Après la reconquête de Kidal et l’adresse d’Assimi Goïta à l’occasion du nouvel an, l’Accord d’Alger, auquel plusieurs actions et démarches étaient suspendues, a visiblement peu de chances de rebondir et de continuer à rythmer la marche du septentrion durant cette transition. Déjà affecté par un déficit congénital de consensus, les équivoques qui l’entourent se sont cristallisées au point de déteindre sur la convivialité entre le Mali et le voisin algérien sur fond de brouilles diplomatiques à peine solubles, après le rappel des ambassadeurs de part et d’autre. L’intransigeance des parties signataires est également passée par-là et s’est soldée par l’échec de toutes les tentatives de conciliation au nombre desquelles les passages respectifs du ministre de la réconciliation ainsi que du patron de la Sécurité d’État, au détour de visites de courtoisie aux responsables de la CMA. Ces derniers n’entendaient céder un pouce des engagements contenus dans les conclusions du processus d’Alger, une posture qui passe mal comme remède à la crise du septentrion, du moins à Kati où elle est probablement perçue plus comme une compromission qu’un compromis.

Il ne restait dès lors plus que l’épreuve de force pour départager les protagonistes, sous les regards quasi indifférents des garants de l’Accord. De la Minusma qui assure la présidence de son suivi à l’Algérie qui en est le parrain en passant par la Fondation Carter, son observateur indépendant, tous ont montré une lassitude ou une impuissance apparente devant les obstacles infranchissables au point de laisse la gangrène se métastaser. Le point de non-retour et le seuil de l’extrême ont été finalement franchis avec le processus de cession des emprises occupées par les forces de l’ONU qu’âprement disputées par les parties et dont la convoitise va progressivement tourner en faveur des forces régulières jusqu’à l’étape de Kidal. Par-delà l’inversion des rapports de forces depuis l’ascendant des mouvements rebelles en 2014, le retour dans cette ville mythique par la force consacre en même temps le retour à une belligérance qui pendait au nez des protagonistes depuis la suspension du dialogue au sein du Comité de suivi de l’Accord du côté des mouvements autonomistes et depuis les velléités dénonciatrices du document que la partie gouvernementale affiche souvent en des termes à peine voilées.

Ainsi, après près d’une décennie dilapidée dans les calculs et atermoiements depuis sa signature, l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali a eu le temps de traverser les générations sans que ses signataires n’aient réussi à surmonter leur mur de méfiance. Tant et si bien qu’une grande partie du peuple en ignore toujours le contenu et la portée, son existence même pour les moins âgés. Il n’en reste en définitive que des bébés peut-être morts tels les acquis du CVJR et des DDR jadis brandis sur tous les toits comme des avancées. Et pour cause : pendant que la communauté internationale et les principaux mouvements signataires lui affichent un attachement sans précédent, sa dénonciation de fait par les autorités de la Transition se traduit par le déclenchement d’un processus de domestication de la crise septentrionale, à travers un dialogue inter-maliens susceptible d’annihiler tous les jalons antérieurs de stabilité. En atteste le rejet catégorique de cette reprise de main des pouvoirs de Bamako par le protagoniste central de la crise, en l’occurrence les acteurs d’obédience autonomistes pour qui l’Accord d’Alger demeure l’unique référence. Quoiqu’en position de faiblesse depuis leur retrait forcé de Kidal, leur refus de se joindre au nouveau processus est légitimé pour le moins par la position de tous les parrains internationaux du processus d’Alger pour qui l’Accord s’impose comme unique référence dans la recherche de solution à la crise malienne. En le reléguant au profit d’un dialogue direct entre Maliens, les autorités de Transition pourraient s’en être affranchies sans la substance recherchée : la paix.

I KEÏTA

Commentaires via Facebook :

REPONDRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Leave the field below empty!