Le président IBK lors de ses vœux de nouvel AN à la Nation : “Ceux qui me savent, savent que je ne suis pas homme à capituler devant les puissances d’argent ou les lobbys d’idées jurant avec notre culture”

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A l’orée de chaque nouvelle année, le président de la République s’adresse à la Nation pour dresser le bilan de l’année écoulée et annoncer de nouvelles mesures pour la nouvelle année. Respectant cette tradition, le président IBK s’est adressé à la nation malienne le 31 décembre 2018.

A l’entame de propos, le Président a rassuré qu’il travaillera sans relâche, pour que le Mali rassasie ses enfants et ceux des autres. Il compte le faire dans le temps qui lui est imparti. Selon lui, sa génération est celle des passeurs. “J’ai une pensée forte pour tous nos morts. Pour tous nos malades, je souhaite prompt rétablissement.”, a laissé entendre IBK. A ses dires, l’évolution démocratique implique également une défense et une sécurité nationale capable, responsables et garantes de la souveraineté de l’Etat et de l’intégrité du territoire. A cette fin, dit-il, la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire en cours permet d’accélérer l’équipement de nos soldats, d’améliorer leurs conditions de vie, de réarmer moralement nos troupes contraintes à une guerre dont nous n’avons pas besoin. “Nous sommes déterminés surtout à acquérir la maîtrise des airs car partout le vecteur aérien s’est révélé comme une réponse pertinente à la guerre asymétrique”, a-t-il précisé.

A ses détracteurs, le président de la République dira qu’il a conscience, et une conscience aigüe de l’obligation constitutionnelle qui lui est faite d’être et de rester le président de tous les Maliens, ceux qui lui ont fait l’honneur de lui accorder leurs suffrages comme ceux qui en ont décidé autrement.  “Je réitère ce soir également mes propos du 22 septembre dernier, à savoir que ma main reste tendue à tous mes compatriotes. Allons tous au rassemblement ! Donnons-nous la main pour que réussisse la nécessaire introspection qu’appelle notre processus démocratique dont les faiblesses doivent être identifiées et corrigées”, a indiqué le chef de l’Etat.

A le croire, il est indispensable de procéder à une révision constitutionnelle proposant les justes aménagements à partir de notre vécu institutionnel, de nos fragilités, de nos silences et de nos imprécisions. En effet, l’instruction a été donnée au Premier ministre de conduire cette révision constitutionnelle et de mettre en place, dans les jours à venir, un comité d’experts qui sera chargé de proposer la révision de notre constitution et de conduire les réformes institutionnelles nécessaires au renforcement de notre démocratie.

La nécessité d’instaurer un processus inclusif avec toutes les forces vives de la nation

Il a saisi l’occasion pour renouveler son insistance sur un processus inclusif où toutes les forces vives de la nation (majorité, opposition, société civile) sont impliquées, se sentent concernées et puissent contribuer. Selon lui, c’est le prix à payer pour l’appropriation de nos réformes, de manière à éviter des niches de polémique ou de controverse. Il rappellera que pendant la campagne électorale et pour les cinq prochaines années, il avait soumis un projet de société à l’appréciation des Maliens, un programme pour la paix et le progrès intitulé “Ensemble pour la paix et le progrès.  Anw Ka Maliba Be Ka Taa Gne !”. “Je vous ai promis une meilleure gouvernance, je le ferai. Je vous ai promis des réformes politiques et institutionnelles courageuses, je le ferai. Je vous ai promis une croissance économique inclusive, je le ferai.  Je vous ai également promis un développement du capital humain et l’inclusion sociale. Je le ferai aussi. Je vous ai ensuite promis des actions concrètes dans le cadre du changement climatique et le développement durable. Promesse sera tenue. Enfin, j’ai promis une diplomatie à la hauteur de nos ambitions. Je le ferai aussi”, a-t-il martelé. Mais, précise-t-il, pour la réalisation de ces nobles desseins, il a besoin de l’ensemble des Maliens à travers leur énergie et leurs bénédictions car les Maliens doivent au Mali l’union sacrée. “Nous sommes les héritiers d’une grande histoire. Mais nous ne devons pas demeurer seulement héritiers des grands hommes, mais les continuateurs de leur œuvre grandiose, des acteurs du monde contemporain.  Nous devons avoir confiance en notre capacité collective à relever les défis complexes et inédits que l’histoire impose”, a indiqué IBK.

IBK fier de la Diaspora malienne

Evoquant la question de la Diaspora malienne, il ajoutera que les Maliens établis à l’extérieur de nos frontières où qu’ils sont, le Mali entier est avec eux, partage leurs joies et leurs peines. “Continuez à faire honneur à votre patrie. Sachez qu’en chaque Malien qui meurt au fond de la mer, c’est aussi votre président qui sombre ! En chaque Malien agressé à l’extérieur, je me sens agressé. Notre ambition, notre vision est celle d’un Mali qui offre ici à ses enfants ce qu’ils partent chercher ailleurs, au risque de leur vie, à la montée des périls, des égoïsmes nationaux, des idéologies de rejet et d’enfermement “, a souligné le président IBK.

IBK évoque la paix et la sécurité

S’agissant de la paix et de la sécurité, IBK a rassuré de l’engagement du gouvernement malien a restauré la paix et la sécurité sur toute l’étendue du territoire nationale, ce à travers la signature, le 15 octobre 2018, du Pacte pour la paix entre le Gouvernement et l’Organisation des Nations Unies, assortie d’une déclaration d’adhésion de la CMA et de la Plateforme. Selon lui, cela contribuera certainement à conforter cet élan.

Pour lui, à travers ce document, les parties maliennes réaffirment leur engagement à accélérer la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger, conformément aux actions déclinées dans la feuille de route du 22 mars 2018.

Aux dires du président IBK, les actions conjuguées de nos forces de défense et de sécurité et les actions combien salutaires des Forces internationales, notamment la Minusma, la Force Barkhane et celle du G5 Sahel sont en train de porter fruit.

Et de poursuivre que c’est le lieu de saluer le partenariat fécond avec l’Union européenne pour son appui dans la formation, à travers l’Eutm Mali et EUCap Sahel Mali, de nos forces de défense et de sécurité.

Quant au Centre du pays, le chef de l’Etat dira que les actions militaires et sécuritaires engagées, par les forces armées séparément ou en conjonction avec les troupes du G5 Sahel et l’Opération Barkhane portent de plus en plus leurs fruits.

“Si zéro insécurité est impossible, il n’y a aucun doute que le terrorisme dans notre pays sera vaincu, car confronté au rouleau compresseur d’une riposte portée par des troupes plus aguerries et mieux outillées avec la consigne scrupuleuse de respecter les règles d’engagement ainsi que l’éthique de l’armée. Hélas, les conflits intercommunautaires, corolaire de l’insécurité constituent une menace bien plus sérieuse pour la cohésion et l’unité dans des contrées jadis réputée pour les compromis qu’elle avait su développer entre ses ethnies et ses systèmes de production”, a fait remarquer le président IBK. De son analyse, les solutions à nos crises sécuritaires ne peuvent pas être que militaires. Elles sont également économiques et humanitaires. C’est pourquoi, dit-il, sous la conduite du Premier ministre, un ensemble de mesures sont soit à l’œuvre, soit envisagées dans les plus brefs délais.

Il ajoutera que le programme de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) effectif dans le septentrion de notre pays concerne également les localités du centre. Ainsi, les patrouilles mixtes timidement initiées vont s’intensifier dans les mois à venir. A cet effet, l’entente doit prévaloir partout au plus vite. Aussi, la paix doit triompher sur la guerre. A le croire, telle est sa préoccupation et tel est l’objectif du gouvernement.

“Rien de durable ne se fera sans s’appuyer sur nos valeurs : la solidarité, la recherche de la cohésion, la convivialité et la tolérance. Ces valeurs sont agressées par les temps. Sauvons-les par la chaîne sacrée, celle de nos mains unies, de notre foi commune. Toutes les couches de nos populations, celles des villes et des campagnes doivent être mobilisées et mises en contribution pour accélérer la marche de Notre Grand Mali”, a-t-il renchéri.

Le programme controversé sur l’Education sexuelle compète (ESC) abandonné

Quant à la transition culturelle, selon IBK, elle passe par la construction de la citoyenneté, donc l’émergence de citoyens autant conscients de leurs droits que de leurs obligations qui se surpassent pour leurs pays, mais aussi des citoyens d’un monde globalisé, qui nous met en demeure de maîtriser les défis du numérique. “Des citoyens bien formés et aptes pour la compétition, là où la médiocrité et le retard seront lourdement sanctionnés. C’est dire toute l’importance d’un système éducatif de qualité, de l’innovation et de la recherche scientifiques, dans un espace devenu la société du savoir et de la créativité, du seul savoir, de la seule créativité”, a indiqué le chef de l’Etat.

Evoquant pour la première fois le programme controversé sur l’Education sexuelle compète (ESC), le locataire du Palais de Koulouba a précisé que le Gouvernement sait le prix qu’il attache à l’excellence, à une jeunesse excellente, bien accompagnée et confiante en elle-même. D’ailleurs, il a rappelé que c’est à cette jeunesse qu’il dédié son second mandat.

“Nous ne devons jamais oublier cependant que les réformes sociétales aboutissent plus facilement par l’évolution des mentalités qu’au forceps ou par la méthode du fait accompli.  A cet égard, la controverse autour du programme sur l’éducation sexuelle complète, n’aurait jamais dû être car rien de ce qui touche à notre identité et à nos valeurs ne doit être initié sans consensus des forces vives. Ceux qui me savent, savent que je ne suis pas homme à capituler devant les puissances d’argent ou les lobbys d’idées jurant avec notre culture. Le gouvernement a décidé de renoncer à poursuivre l’élaboration du programme controversé. Là-dessus, il a mon approbation claire et nette”, a-t-il annoncé.

Pour finir, il a fait savoir que l’analyse des sociétés occidentales conforte ce postulat et cela doit amener à mettre le curseur sur le défi de la transition économique celui de la transformation économique.

                          Boubacar PAÏTAO

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