C’est un homme au destin et au parcours exceptionnel qui vient d’être investi président de la République par intérim après l’Accord intervenu entre la CEDEAO et le Comité national de redressement de la démocratie et la restauration de l’autorité de l’Etat (CNRDRE), le 6 avril 2012. Au cours de la cérémonie de prestation de serment, qui a eu lieu hier au CICB, le président Dioncounda Traoré a, tout d’abord, exprimé une pensée émue vis-à-vis de nos compatriotes de Tessalit, Kidal, Gao et Tombouctou qui sont occupées depuis par le MNLA et Ansardine. Mesurant tous les défis auxquels notre pays se trouve confronté présentement, le président de la République a déclaré : « Le sort a voulu que je sois là ce matin, investi comme chef de l’Etat. Je ne me déroberai ni à mon destin ni à mes responsabilités ».
Après cette cérémonie de prestation de serment, c’est une nouvelle page qui s’ouvre dans les annales de l’histoire multiséculaire du Mali. Et pourtant, l’ancien président ATT avait répété à satiété qu’il remettra le pouvoir le 8 juin 2012 à celui que le peuple aura choisi pour conduire ses destinées. Mais les événements en ont décidé autrement. Fortement secoué par les événements qui se produisent au nord Mali, le régime d’ATT n’a pas pu résister au coup de force des mutins qui a fini par l’emporter dans la nuit du 21 au 22 mars 2012. Et instituer un organe à la tête de l’Etat, à savoir le CNRDRE avec à sa tête le capitaine Amadou Haya Sanogo.
Dans cette situation exceptionnelle, la CEDEAO est venue au secours du Mali en scellant avec le CNRDRE, et cela après d’âpres négociations, un Accord cadre traçant la voie devant nous ramener à l’ordre constitutionnel. C’est en application de cet Accord, que la Cour suprême a organisé, sous la présidence de son président Nouhoum Tapily, l’audience solennelle de prestation de serment et d’installation du président de la République par intérim.
Dans son réquisitoire, le Procureur général près la Cour suprême, Mahamoudou Boiré, a rappelé l’adage qui nous enseigne que « le Mali est un navire peut tanguer, mais qui ne chavira jamais ». Selon lui, cette maxime « nous donne la force et le courage de surmonter la peine que chaque Malien et chaque Malienne a ressentie dans son âme et dans sa chair en raison de l’agression et l’occupation barbare d’un autre temps de nos villes et campagnes par des hommes sans foi ni loi ». Avant que le président de la République par intérim ne prête serment, le Procureur Général a fait rappel de l’article 29 de la Constitution du 25 février 1992 qui dispose que « le président de la République est le chef de l’Etat. Il est gardien de la Constitution. Il incarne l’unité nationale. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, du respect des Traités et accords internationaux. Il veille au fonctionnement régulier des pouvoirs publics et assure la continuité de l’Etat ».
Après le réquisitoire du Procureur général, la parole est revenue au président Nouhoum Tapily qui a invité le président Dioncounda Traoré, avant d’entrer en fonction, à lever la main droite et à lire, à haute et intelligible voix, la formule du serment prévue par la Constitution qui est le suivant : « Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution et la loi, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national, je m’engage solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’unité nationale ».
Après avoir reçu la Croix de Grand Maître des ordres nationaux, le président Dioncounda Traoré a posé en photo avec le capitaine Amadou Haya Sanogo et le représentant du Médiateur de la CEDEAO, Yipènè Djibril Bassolé pour marquer d’une pierre indélébile cette journée de prestation de serment. Ensuite, il mit le cap sur le monument de l’Indépendance pour y déposer une gerbe de fleurs. Avant de rejoindre le domicile familial, à Lafiabougou, pour recevoir les bénédictions de sa vieille maman, des voisins, parents et amis.
Mamadou FOFANA
A la cérémonie de prestation, ils ont dit :
Soumaïla Cissé, candidat de l’URD à l’élection présidentielle :
« Nous avons assisté à une cérémonie solennelle et pleine de gravité où cours de laquelle les principaux défis ont été soulignés. Et cela compte tenu des circonstances actuelles. L’engagement du président Dioncounda Traoré est très visible en ce qui concerne particulièrement la défense de l’intégrité territoriale de notre pays. Il mesure à sa juste valeur l’importance des défis à relever. Surtout qu’il engage l’ensemble de la nation, et plus particulièrement son armée en qui il a dit toute sa confiance, pour la réussite de la mission. C’est en même temps un message d’espoir qu’il a livré. J’espère que ce sera un nouveau point de départ pour réduire la fracture qui s’est installée dans notre pays ces derniers temps. C’est un jour nouveau qui ne sera jamais comme un autre au Mali. Raison pour laquelle, nous devons tous nous engager aux côtés du président pour la réussite de cette mission. Car, la réussite de la transition sera aussi un point de non retour à ce que nous avons connu. C’est dire que si cette transition réussit, il n’y a aura plus jamais de coup de force dans ce pays.
Avec l’expérience, l’humilité et l’écoute qui le caractérisent, le président Dioncounda Traoré réussira, Inch’Allah, cette noble et délicate mission que la nation vient de lui confier. C’est dira aussi que chacun devra laisser de côté les petits calculs pour ne voir que l’intérêt du Mali qui prime sur tout ».
Hon. Ibrahilm Boubacar Kéïta, candidat du RPM
« Beaucoup d’émotion. Nous avons souhaité cela, ce retour à la normalité constitutionnelle. Le pays est dans de bonnes mains. J’en suis heureux pour mon pays et pour mon aîné auquel je suis lié depuis le lycée ».
Mamadou FOFANA