Le Président de la transition, Bah N’Daw, a présidé, le vendredi 09 octobre 2020, le premier conseil des ministres de la transition tenu au Palais Présidentiel de Koulouba. Au cours de ce conseil des ministres, le chef de l’Etat, Bah N’Daw, a donné des orientations au chef du gouvernement, Moctar Ouane et à l’ensemble du gouvernement. «Chaque pas que vous posez doit davantage rapprocher le Mali de l’échéance d’élections organisées dans la transparence, dans la régularité, dans le respect des textes et instruments qui régissent les élections, j’allais dire dans le respect scrupuleux des normes démocratiques afin que les vaincus félicitent les vainqueurs. La fâcheuse tradition des crises post électorales doit désormais être un vieux souvenir pour ce grand pays qui est capable de relever chacun de ses défis », a déclaré Bah N’Daw.
Dans sa lettre d’orientation, le président de la transition, Bah N’Daw, a invité le gouvernement de Moctar Ouane à se mettre immédiatement à la tâche. « Le gouvernement est sous votre autorité, votre entière autorité. Evaluez-le de manière régulière, méthodique et rigoureuse. N’ayez aucune tolérance pour l’insuffisance de résultats, le manque de solidarité gouvernementale, l’inobservance des règles de la comptabilité publique ! Là-dessus, vous aurez tout mon soutien ! La Charte Nationale et la feuille de route de la Transition issues de la grande concertation qui a rassemblé les Maliens les 11, 12 et 13 septembre dernier, balisent notre chemin. Nous avons donc des missions précises. Notre pays doit renouer avec la pleine légalité constitutionnelle, avec un président de la République élu dans les délais prescrits, et si possible avant », a souligné Bah N’Daw. Selon lui, le grand bond en avant est également indispensable dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Il nous incombe dans le même temps, dit-il, de promouvoir une saine gouvernance de nos ressources financières. Le président a fait savoir que le Mali doit enfin jeter les bases d’une refondation nationale devenue nécessaire sur bien des plans afin de mieux asseoir le vivre ensemble, mettre sa jeunesse au travail, revaloriser son école et sa santé. « Tout cela, nous devons nous y attaquer en dix-huit mois. Il y a ce que nous devons réaliser entièrement car c’est l’essence de la transition. Je veux parler des élections générales (référendaires, présidentielles et législatives). Chaque pas que vous posez doit davantage rapprocher le Mali de l’échéance d’élections organisées dans la transparence, dans la régularité, dans le respect des textes et instruments qui régissent les élections, j’allais dire dans le respect scrupuleux des normes démocratiques afin que les vaincus félicitent les vainqueurs. La fâcheuse tradition des crises post électorales doit désormais être un vieux souvenir pour ce grand pays qui est capable de relever chacun de ses défis. Faites en sorte que tous les textes qui doivent être relus le soient. Faites en sorte que le fichier électoral ne soit plus source de controverses et de divisions, mais au contraire l’objet d’un consensus vérifié », a souligné Bah N’Daw. Il a invité le chef du gouvernement a faire en sorte que le coût des élections soit conforme aux maigres moyens d’un pays en guerre contre le terrorisme, la maladie, la faim, la pauvreté ! « Faites en sorte enfin que la Transition soit le plus neutre possible entre les candidats et veillez à l’application correcte du code électoral ! Mais même tenir ces élections, il est des missions qu’il nous incombe de continuer, voire de renforcer. La sécurisation et la stabilisation du territoire national est de celles-ci. Il vous faudra prêter une attention particulière à cette question. Depuis huit ans, nous sommes en guerre. C’est une guerre que nous n’avons pas voulue. Mais il n’y a pas d’autre choix que de la faire, de la faire sans faiblir, de la faire quoiqu’il nous en coûte. Les moyens de nos forces de défense et de sécurité méritent d’être renforcés. En même temps, les faiblesses au niveau de la stratégie doivent être corrigées et les failles humaines combattues. L’ennemi est connu et le vaincre est possible. A défaut de gagner tout de suite, cette guerre que je sais de longue haleine, nous devons remporter des victoires rassurantes. Dans le temps qui nous est imparti, nous devons extirper de nos rangs les soldats qui ne font pas honneur à la tenue. Les exactions contre les civils, je reviens là-dessus, ne peuvent être que combattues. Leurs auteurs doivent être recherchés et jugés », a-t-il dit. A ses dires, l’armée doit assurer et rassurer le peuple. Il a mis l’accent sur la dimension politique de la grave crise que traverse le Mali. A cet effet, dit-il, la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation doit être redynamisée sans tarder autant que doivent être encouragées les initiatives concourant au retour de la paix et du vivre ensemble au Centre du Mali. « La paix est le but, tout le reste doit concourir à l’atteindre et à la préserver. Notre crise multiforme appelle, tout le monde en convient, une refondation de l’Etat. La transition sera trop courte pour voir aboutir les réformes que cette refondation implique. Mais l’Etat est continuité et une grande part du travail est faite, comme les travaux du Dialogue National Inclusif le démontrent. J’ai promis l’opérationnalisation des mécanismes de suivi de la mise en œuvre des recommandations de cet important Forum qui a été salué comme un grand moment de notre Histoire. Aucun d’entre nous ne sera au-dessus de la loi. Notre seule raison d’être est de travailler à satisfaire notre peuple. C’est le serment que j’ai prêté. Je n’y dérogerai pas. Chaque centime de ce peuple doit être judicieusement utilisé et je veillerai à ce qu’il le soit. Utiliser rigoureusement les deniers publics, c’est aussi réajuster le train de vie de l’Etat », a dit Bah N’Daw. Il a indiqué que le combat contre le fléau de la corruption sera concession aucune. « Elle doit se faire d’abord par notre propre irréprochabilité en tant que dirigeants. Mais elle doit se faire également à travers les réformes systémiques. Il est de ce fait nécessaire que le gouvernement puisse avancer sur certains chantiers évoqués dans les journées de concertation nationale plus récemment et au cours de forums antérieurs. L’imprescriptibilité du crime d’atteinte aux deniers publics est un de ces chantiers, de même que la lutte acharnée contre l’impunité et la suppression du privilège de l’immunité lorsque les deniers publics sont en cause. C’est à ce prix que la morale publique sera restaurée et que l’avenir de la nation majeure que nous sommes sera sauvé », a conclu Bah N’Daw.
Aguibou Sogodogo