C’est à cette conclusion que nous sommes parvenus après un tour d’horizon effectué hier dans les différents états-majors des courants des forces vives de la nation. Et l’étonnement est d’autant plus évident que c’est aujourd’hui que le tout puissant PM dévoilerait son équipe gouvernementale.
Notre surprise a été grande quand nous avons fait hier un tour d’horizon des différents courants politiques et autres organisations de la société civile où nous avons appris que jusqu’ici aucun d’entre eux n’a été consulté par le tout puissant Premier ministre, Dr. Cheick Mohamed Abdoulaye Souad dit Modibo Diarra.
Au niveau du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR), son premier responsable, Siaka Diakité a dit sans ambages que son courant n’avait pas été consulté jusque-là. Pour lui, il n’y a pas aussi question pour le FDR de courir derrière des postes ministériels, et que ce qui est aujourd’hui primordial, c’est la libération du territoire dont les 2/3 sont sous occupation de bandes terroristes. C’est-à-dire le même message qu’il avait livré le samedi 21 avril 2012 au palais de la culture Amadou Hampathé Bâ lors du meeting de la jeunesse FDR. Un responsable de l’Adéma/PASJ, membre du même FDR, indiquait que son parti n’avait pas été aussi consulté pour la constitution de l’équipe gouvernementale. ‘’Depuis l’avènement du coup d’Etat, c’est l’acharnement sur les membres de notre parti. Dans ces conditions, même s’il y a consultation par rapport au gouvernement, ça ne peut être qu’à la dernière minute’’, croit savoir ce cadre de la Ruche.
Si cette situation peut être explicable au niveau du FDR, opposé aux putschistes, le cas de la Convergence patriotique pour la défense du Mali (Copam), qui est un soutien majeur de la junte, paraît étrange. Mais l’un de ses responsables en l’occurrence le patron de la CSTM, Hamadoun Amion Guindo ne perçoit pas les choses sous un tel angle. Pour lui, les gens n’ont pas à se mettre dans les schémas d’antan. ‘’Ce n’est pas une question de quota entre les différentes composantes. C’est un Premier ministre ayant les pleins pouvoirs qui va librement constituer un gouvernement. Il n’est pas obligé d’aller consulter x ou y. L’accord-cadre ne prévoit pas les consultations auxquelles les gens s’attendent. Il faut que cela soit compris’’, a expliqué le patron de la CSTM.
Au niveau de la Convergence pour sauver le Mali (CSM), c’est le même étonnement. L’un de ses leaders, Housseïni Amion Guindo dit Poulo, également président de la Codem, nous a indiqué que la CSM n’avait pas été consultée. Ce candidat à la présidentielle prochaine précise pourtant qu’ « on ne peut pas parler de gouvernement d’union nationale comme stipulé dans l’accord-cadre et l’accord de Ouagadougou, sans consulter les forces vives de la nation ». A en croire le président de la Codem, ‘’certes, il appartient au PM, le CNRDRE, le président de la République par intérim et la Cédéao de définir les critères de consultations (soit individuellement ou collectivement), mais un gouvernement d’union nationale ne saurait être mis en place sans que les forces vives ne soient consultées’’.
Nous avons pu contacter une source proche du CNRDRE pour nous imprégner de la situation. Notre source a expliqué que la constitution du gouvernement est en train de se faire dans ‘’l’ultra-discrétion’’ et que la prise de décision est multipolaire : Premier ministre- président de la République par intérim- CNRDRE et Cédéao. A en croire cette source, le médiateur intervient pour concilier les positions. C’est la même source qui nous a parlé de la probable proclamation de la liste des membres du gouvernement aujourd’hui.
Abdoulaye Diakité
Formation du gouvernment
Cheick Modibo Diarra déjà sous forte pression
Le Mali est toujours sans gouvernement depuis l’investiture le 12 avril dernier du président par intérim Dioncounda Traoré et la nomination le 17 du Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Dix jours se sont pourtant déjà écoulés. Les responsables intérimaires ne disposent, selon l’article 36 de la Constitution, que de quarante jours pour pacifier le pays et organiser de nouvelles élections. Pour le nouveau Premier ministre, c’est déjà une course contre la montre à cause des urgences et des pressions exercées de part et d’autre.
Pour l’heure, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra poursuit les consultations en vue de la formation du gouvernement. Et il est soumis à une quadruple pression : d’une part l’entente de la population qui souffre énormément de l’impasse dans laquelle le pays est plongé depuis le 22 mars ; les exigences de la junte réclamant plusieurs départements stratégies dont ceux de la défense, de l’intérieur, des finances et des mines tandis que du côté des partis politiques, on refuse toute interférence dans leurs affaires internes quant au choix de leurs représentants dans le futur gouvernement d’union nationale. Cheick Modibo Diarra devra tenir compte des exigences de la communauté internationale, précisément de la Cédéao qui voudrait voir le prochain gouvernement avant le 26 avril, soit la date du prochain sommet international de l’organisation, prévue à Abidjan pour justement évoquer la situation politique et sécuritaire au Mali. Comme quoi, le PM de la transition est déjà sous forte pression.
Abdoulaye DIAKITE