Le ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne, Amadou Koïta, a animé son 19e briefing en tant que Porte-parole du gouvernement (PPG), le dimanche 21 octobre 2018 au siège du Centre d’information gouvernementale du Mali (Cigma). Cette rencontre hebdomadaire du ministre Porte-parole du gouvernement avec la presse a porté sur la grève des magistrats, l’avant-projet de loi du découpage administratif et le Pacte pour la paix signé par le gouvernement du Mali et le représentant spécial des Nations unies au Mali.
Intervenant sur la grève des magistrats, le ministre Koïta a laissé entendre que cela fait 112 jours que certains magistrats (il a pesé son mot parce qu’à ses dires tous les magistrats ne sont pas en grève) sont en grève. Durant ces 112 jours de grève, selon le Ministre, des milliers de Maliens, privés de leur liberté, croupissent dans les prisons et dans les centres d’arrêt faute de jugement. “Durant ces 112 jours de grève, des milliers de jeunes Maliens qui aspirent à compétir et à répondre à certains appels d’offres d’emplois, malheureusement par cette grève, ne peuvent pas se procurer certaines pièces telles que les casiers judiciaires, les certificats de nationalité”, a-t-il regretté.
Grève des magistrats : les éclaircissements du Porte-parole du gouvernement
Le ministre Porte-parole du gouvernement a rappelé que conformément au procès-verbal de conciliation signé par le gouvernement et les deux syndicats de la Magistrature en 2016, le gouvernement s’était engagé à procéder au relèvement de la grille salariale des magistrats à hauteur de 10 %, l’augmentation de leur indemnité de judicature à 50 %, l’augmentation de l’indemnité de logement de 50 000 à 115 000 FCFA en 2017 et 125 000 FCFA en 2018. “Tous ces engagements du gouvernement sont aujourd’hui effectifs. Le gouvernement a donné satisfaction à tous ses engagements. Mais malgré tout, aujourd’hui, nous assistons encore à une grève des deux syndicats des magistrats sans même respecter le service minimal. La grève est un droit constitutionnel prévu par l’article 21 de la Constitution malienne qui stipule que le droit de grève est garanti et s’exerce dans le cadre des lois et règlements en vigueur. La Loi qui encadre la grève au Mali est la loi 87- 47 du 4 juillet 1987. En son article 1er, cette loi stipule que les dispositions s’appliquent aux personnels des services publics et collectivités territoriales, des organismes personnalisés en charge de la gestion des pouvoirs publics.” Laisse-t-il entendre.
Ensuite, il déclare : “L’article 14 de la même loi stipule qu’en cas de cessation de travail constatée de la part du personnel visé par l’article 1er, l’ordre public, la sécurité des personnes et de leurs biens, les liaisons et communications indispensables à l’action du gouvernement dans les circonscriptions administratives et également la continuité du service public nécessaire aux besoins du pays sont sauvegardés par l’institution de service minimal. L’article 15 de reprendre qu’un Décret fixe, après avis de la Cour suprême, la liste des services, des emplois et de la catégorie du personnel strictement nécessaires à l’exécution du service minimal. Et l’article 16 stipule que tout manquement à ces deux articles peut faire objet de sanctions sans garantie disciplinaire. Cela veut dire que face à la situation de la grève des magistrats, malgré la bonne foi du gouvernement qui n’œuvre que d’un climat social apaisé”, a argumenté le Porte-parole du gouvernement.
Il a révélé que dans le cadre de l’apaisement du climat social, le président Ibrahim Boubacar Kéïta a reçu, il y a quelques jours, les membres élus du Conseil supérieur de la magistrature. Au cours de cette rencontre, d’après le PPG, le président IBK a réaffirmé l’engagement du gouvernement à traduire en actions concrètes toute action qui participe à l’amélioration des conditions de vie de l’ensemble du peuple malien et surtout des travailleurs. “La magistrature est un corps d’élite. Le statut de la magistrature est consacré dans la Constitution malienne. C’est pour dire que sous l’ère IBK, ce que les magistrats ont obtenu est énorme, c’est du jamais vu. Au jour d’aujourd’hui, tous les magistrats, sans exception, ont vu leur salaire net augmenté au moins de 200 000 F CFA. Le président Ibrahim Boubacar Kéita a réaffirmé l’engagement du gouvernement concernant le volet sécuritaire à renforcer la sécurité des tribunaux et des juges et la sécurité de l’ensemble du peuple malien. Le président a tenu à informer les membres élus du Conseil supérieur de la magistrature de la tenue prochainement d’un Forum social avec l’ensemble des acteurs du secteur social. Ce Forum sera l’occasion d’échanger, de discuter des questions relatives à la rémunération au Mali. Ce qui veut que l’engagement du gouvernement malien est réel, l’engagement du président de la République est là… “
Pour le ministre PPG : ” Le gouvernement ne peut pas promettre ce qu’il ne peut pas faire. Mais le gouvernement ne ménagera aucun effort tant qu’il peut répondre aux revendications de toutes les corporations. Puisqu’il s’agit de la paix sociale, de la sécurité sociale”, a-t-il soutenu.
“Les informations sur
le découpage administratif sont des rumeurs, de l’intoxication. Aucune décision n’a été prise, aucune décision ne sera prise tant que l’ensemble du peuple malien n’est pas associé à ce processus…”
Evoquant les informations circulant autour du découpage administratif, le ministre PPG a affirmé que ces informations sont des rumeurs, de l’intoxication. D’après lui, le ministère de l’Administration territoriale, conformément à la continuité de l’Etat, a initié en 2012 un avant projet de découpage administratif. “C’est un avant projet, une piste de réflexion qui sera soumise lors des concertations régionales organisées dans les jours à venir dans toutes les régions du Mali pour échanger avec l’ensemble des acteurs sociaux, professionnels du Mali. C’est après cela qu’il y aura un projet de loi qui sera examiné par le Conseil des ministres et soumis à l’Assemblée nationale, avant d’être consacré Loi portant création des circonscriptions administratives du Mali. Je veux tout simplement dire qu’il faut faire excessivement attention avant d’animer des informations qui ne sont pas vraies. Le gouvernement n’a aucune volonté d’aller à un découpage qui ne sera pas le fruit d’un consensus. Il faut qu’il y ait des documents de base qui seront discutés. Aucune décision n’a été prise, aucune décision ne sera prise tant que l’ensemble du peuple malien n’est pas associé à ce processus”, a précisé le ministre Koïta.
“Le Pacte pour la paix n’est pas un nouvel accord. C’est le renouvellement des engagements des parties prenantes à aller à la mise en œuvre, à booster et diligenter l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger “
Le dernier point du Briefing a été consacré au Pacte pour la paix signé entre le gouvernement du Mali et le représentant des Nations unies. Aux dires du PPG, ce Pacte pour la paix n’est pas un nouvel accord. “C’est tout simplement le renouvellement des engagements des parties prenantes à aller à la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Ce Pacte pour la paix a été signé entre le gouvernement de la République du Mali et les Nations unies à travers le chef de la Minusma qui est le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies. Il y a eu également une déclaration d’adhésion des mouvements signataires. Aujourd’hui, nous nous félicitons tous du retour de la confiance, de la mise en œuvre de cet accord qui nous amènera à la paix, puisque c’est un accord pour la paix” a clarifié le ministre Porte-parole du gouvernement.
Après ses déclarations, le ministre Porte-parole du gouvernement a répondu à des questions sur l’orientation des élèves ayant réussi au Diplôme d’étude fondamentale (DEF) et la grève des enseignants. Le ministre Koïta dira que le gouvernement est en train de tout mettre en œuvre pour juguler la grève des promoteurs des écoles privées en vue de l’ouverture des classes. Il a informé les journalistes de la participation du président IBK au 17e Sommet de la Francophonie tenu à Erevan en Arménie. Sur la visite du Premier ministre à Tenenkou et Toukerecoube, le PPG a indiqué que cette visite a permis l’ouverture des classes dans ces localités qui étaient sous blocus des djihadistes. Et ces ouvertures de classes, à ses dires, continueront dans le reste du Mali.
Siaka DOUMBIA