L’après 40 jours : Ce qui divise le CNRDRE et Dioncounda

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Les Maliens se demandent bien qui dirigera leur pays après le 22 mai. Cette question aurait pu être gérée depuis belle lurette mais les politiques ont failli une fois de plus.

Président Dioncounda et Capitaine Sanogo

Qu’est ce qui agite la Cedeao et le fait de s’égosiller à tout vent. L’approche de la fin de la transition de 40 jours fait monter la fièvre au Mali aussi bien que dans notre cher espace Cedeao. Et surtout au sein des instances de cette organisation.

Après avoir fait signer un accord cadre au Cnrdre pour un retour à l’ordre constitutionnel, voila la Cedeao rattrapé par son propre jeu trouble. Elle a tout fait pour faire assoir le président de l’Assemblée au nom de la vacance constatée du poste de président de la République, consécutive à la démission d’ATT. Le Cnrdre a joué le jeu pour le bien du pays en montrant à la face du monde qu’il n’était pas animé d’intention pouvoiriste. Celui qui lâche le pouvoir a de la grandeur et le capitaine Amadou Haya Sanogo a eu de la grandeur le 12 avril en laissant libre cours  à l’investiture de Dioncounda Traoré.

Le gouvernement a été installé et les choses ont évolué. Personne ne perdait de vue que le président par intérim était là pour quarante jours et qu’il y avait une suite à trouver pour sa succession. Alors que tout semblait aller après l’investiture, la Cedeao est allée tout compromettre le 27 avril à Abidjan en montrant un visage de monstre, décidant unilatéralement de prolonger le mandat du président par intérim. Elle a tout simplement foulé au pied l’accord-cadre du 6 avril qui ne reconnait que deux acteurs pour la sortie de crise : la Cedeao et le Cnrdre.

Dès lors une crise de confiance s’est complètement installée entre le Cnrdre et le président par intérim accusé de trahison. La trahison était d’autant notoire que le président par intérim a participé à ce sommet et n’a nullement semblé se démarquer de cette discussion.

Cette décision  fait monter la fièvre à Kati et l’arrivée puis  l’accueil ‘’chaleureux ‘’ des deux médiateurs chez le capitaine ont largement démontré l’ire du Cnrdre.

Le coup de force, sinon le forcing de la Cedeao à Abidjan a été simplement interprété comme une action de Dioncounda Traoré à s’accrocher au pourvoir contre toute prescription de notre constitution. Du coup un certain plan Cedeao-Dioncounda est soupçonné par plus d’un pour prendre le Mali en otage.

Le sommet de Dakar de la même Cedeao à Dakar a essayé de réparer, mais le mal était trop déjà fait. Notre institution s’est encore décrédibilisée. Car comme dans tous les autres cas, elle refuse d’aller dans les profondeurs des raisons de ces crises. Elle a toujours une analyse superficielle.

Les erreurs de Dioncounda

Alors que dès le début, le capitaine Amadou Haya Sanogo, lors d’un de ses interventions, a demandé à la Cedeao de faire une analyse approfondie de la crise malienne au lieu de pendre des positions de principes souvent inutiles et qui font perdre le temps.

Ce qui complique la situation, c’est que le président par intérim, dont le seul devoir que lui confère la constitution est d’organiser des élections impossibles dans le délai, n’a pris aucune initiative ni fait un geste de bonne volonté a l’endroit de ce qu’on appelle l’ex junte.

Disons que Dioncounda a manqué de vision, jouant au vieux briscard politique, laissant le temps au temps, et s’abritant derrière les actions de la Cedeao pour se maintenir au poste.

Il aurait pu chercher à entrer dans l’histoire par sa propre personne, sa personnalité et non par les circonstances constitutionnelles qui ne sont que de la formalité.

Il aurait pu chercher à amadouer les militaires, à convoquer un dialogue national, plutôt que de se morfondre dans un mutisme coupable, jouant à faire le spectateur du capitaine et du Cnrdre sur l’espace public, que ce dernier commette des fautes et que les médias internationaux et nationaux aux ordres fassent cas de cela.

Aujourd’hui Dioncounda, selon plusieurs sources proches du Cnrdre, n’est plus dans les grâces de l’armée ?  Cette armée le connaît bien, pour avoir été ministre de la défense dans le passé. Apparemment son héritage et son bilan à ce poste ne lui ont pas laissé beaucoup de sympathie. Aussi, aux yeux de beaucoup, dans les garnisons, l’actuel président par intérim incarne le système ATT-Adema de 20 ans, ce même système qui a mis l’armée au trou et qui fait que notre grand territoire est aujourd’hui divisé. Et aujourd’hui, jusque dans son camp de l’Adema, du Fdr, de la classe politique, de la société civile et de l’armée, sa personne ne passe pas et ne rassure pas pour la poursuite de la transition.

Aujourd’hui la question est : même si Dioncounda reste sous la pression de la Cedeao, les forces armées et de sécurité, aujourd’hui très unies, lui obéiront-elles ?

L’avenir de la transition, même repartie sur le modèle Cedeao, dépend en grande partie de cette donne.

Hachi Cissé

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