Intervention de la Cedeao au Mali : Après la requête, à quand les troupes ?

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Il y a une semaine, le président de la République faisait transmettre au président en exercice de la Cédéao une demande d’intervention de la force militaire de l’organisation sous-régionale. Mais le processus risque d’être long et laborieux.

militaires putschistes (photo archive)

C’est son directeur de Cabinet, Baba Berthé, que le président de la République a mandaté auprès de Alassane Dramane Ouattara, président en exercice de la Cédéao, afin d’obtenir une intervention militaire de l’organisation sous-régionale dans le nord du Mali. Si la requête est parvenue à son destinataire le 04 septembre, sa satisfaction n’est certainement pas pour maintenant. Certaines étapes restent à franchir.
En premier lieu, le président Ouattara va informer les chefs d’état-major des pays de la sous-région, lesquels vont se réunir au cours de cette semaine. Au cours de cette réunion, il s’agit pour les chefs militaires de concocter un plan d’intervention pour la libération des régions occupées du Mali. En second lieu, ce plan d’intervention sera transmis aux chefs d’Etat de la Cédéao qui se réuniront également pour l’apprécier. Une fois validé, le plan d’intervention sera transmis au Conseil de sécurité de l’Onu qui sera saisi officiellement pour l’obtention d’un mandat. Car, avec l’internationalisation de la question malienne, il est impératif pour les pays de la sous-région d’agir sous mandat onusien. Cela a l’avantage de leur permettre de bénéficier d’aide logistique, de couverture aérienne, de moyens de reconnaissance et de communication.
Le projet aura d’autant plus de chances d’aboutir qu’il pourrait avoir le soutien de plusieurs chefs d’Etat et hautes personnalités d’Afrique et d’ailleurs. Le président français, François Hollande, espère avoir de l’Onu ce mandat qui assure «la légitimité juridique» du plan d’intervention.
Cependant, quelques soient les soutiens qu’apporteront ces hautes personnalités, le projet de la Cédéao doit être détaillé, réalisable et réaliste. Jusque-là les chefs d’état-major de la Cédéao, sur ce point, n’ont pas donné suffisamment satisfaction au Conseil de sécurité de l’Onu. En effet, selon plusieurs observateurs et analystes proches de ce dossier, malgré de nombreuses rencontres, les différents plans présentés par les chefs militaires de la sous-région ont été jugés vagues et, surtout, coûteux, «fantaisistes» ont dit certains.
Par ailleurs, avant la réponse du Conseil de sécurité de l’Onu, il est impératif que soit connue et clarifiée la position des responsables militaires maliens. Au début, beaucoup d’entre eux étaient contre l’intervention des soldats de la Cédéao sur le sol malien. Les chefs militaires maliens sont d’autant plus remontés contre l’organisation sous-régionale que celle-ci serait responsable du blocage d’armements lourds et de divers matériels militaires acquis en Bulgarie l’année dernière alors que Amadou Toumani Touré était encore président de la République. Ces armements lourds et matériels militaires auraient été retenus, sur décision de la Cédéao, dans les ports de certains pays voisins. D’où le courroux de la hiérarchie militaire contre la communauté internationale. Toutefois, après exigence des autorités civiles et militaires maliennes auprès de leurs homologues des pays voisins, la situation serait sur le plan d’être décantée. Entrainant du coup le changement d’attitude de certains responsables militaires vis-à-vis de la Cédéao. Ceux-ci ne seraient plus défavorables à la requête du président de la République de faire intervenir au Mali la force en attente.
Concernant celle-ci, il serait également intéressant pour l’Onu qu’Alassane Dramane Ouattara et ses pairs clarifient sa composition et les moyens dont elle dispose déjà. Le président de la Cédéao parle d’une armée de 3 300 éléments. Or il est évident que certains de ces éléments ne pourraient pas s’engager militairement au Mali n’ayant pas l’aval de leur pays d’origine pour diverses raisons. De plus, il semble que le coût trop élevé de projets soumis à l’Onu par la Cédéao cache le désir des chefs d’Etat de l’organisation de profiter de la crise malienne pour armer et équiper leur force en attente, alors que dans sa requête, le président Traoré a suffisamment détaillé les besoins des forces armées et de sécurité nécessaires à une intervention dans le nord.
Et cette requête devrait déjà servir de document de travail aux chefs d’état-major et aux présidents de la Cédéao afin qu’ils présentent enfin un plan d’intervention qui serait accepté par le Conseil de sécurité de l’Onu.
Cheick Tandina

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