Infos ou intox : Au travail !

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Paradoxalement, en violant la constitution pour nommer un Premier ministre avec « pleins pouvoirs » pendant la période de transition et en violant l’accord-cadre pour former ce nouveau gouvernement pendant la période d’intérim, les nouvelles autorités évitent le pire au Mali. Ce pays a enfin un exécutif qui pourrait vraiment travailler sans tomber dans les calculs politiciens ou se soucier d’agendas personnels.

L’accord-cadre signé le 06 avril entre la Cedeao et le Cnrdre préconise un gouvernement d’union nationale avec les élèves de la classe politique qui ne pensent qu’aux élections et à la manière de profiter des biens de l’Etat, et avec les organisations de la société civile dont les membres sont de plus en plus politisés et fortement interessés, à l’image des patrons syndicaux.

Il semble que le Premier ministre, bien que lui-même chef de parti politique, et la junte militaire, qui ne s’est jamais éloignée du pouvoir, aient compris la nécessité de travailler sans subir ou être sensibles aux pressions qui venaient d’ici et de là.

Cheickh Modibo Diarra et Amadou Haya Sanogo ont, en effet, privilégié des techniciens et technocrates, des personnes très peu connues du grand public et qui ont certainement dû faire leurs preuves ailleurs. Des militaires aux ministères en charge de la Défense et de la sécurité intérieure ? Quoi de plus naturel vu que la mission première de l’armée nationale est justement la défense et la sécurité nationales. Un troisième est nommé au département de l’administration territoriale, de la décentralisation et de l’aménagement du territoire. Cela peut garantir une certaine transparence et une régularité dans l’organisation et la tenue des prochaines élections générales.

La classe politique, dans son ensemble, pro ou anti putsch, n’a pas apprécié ces choix des nouvelles autorités. Elle a le sentiment d’être écartée parce que n’ayant pas été consultée. Certains de ses responsables ont publiquement dit que la nouvelle configuration gouvernementale ne reflète pas l’union nationale. C’est bien. Parce que chaque fois que la classe politique a été consultée, cela a abouti à la formation d’un gouvernement de consensus, autrement dit la gestion consensuelle du pouvoir. Or les Maliens se rappellent encore ce que ce fameux consensus a coûté à leur pays. Notamment au cours des dix dernières années pendant lesquelles chacun faisait sa petite cour à ATT pour être invité à la soupe. Voulant contenter tout le monde et ne voulant pas « humilier des pères de famille voleurs », le président Touré a laissé le pays être géré avec amateurisme, laxisme, insouciance, laisser-aller, népotisme, affairisme. Et tout le monde la bouclait parce que tout le monde en profitait. Le pays a fait du sur-place pendant des années. Cette même capacité de blocage nuisible, la classe politique l’a démontrée au lendemain du coup d’Etat du 22 mars, quand au lieu de réfléchir et de trouver rapidement des plans de sortie de crise, elle s’est engluée, sous le prétexte de procédures, dans des calculs mesquins, chaque acteur politique n’ayant en tête que ses seuls et propres intérêts personnels et/ou partisans. Le pays a perdu plus d’un mois, bloqué par des considérations de bas-étages. Pendant que la seule et véritable priorité nationale, le nord, est occultée. Le règlement de la situation sécuritaire dans le nord où les trois régions sont entièrement occupées par des groupes armés hostiles doit être la première priorité du nouveau gouvernement dit d’action. Ils sont là, 24 personnes, dont trois femmes et autant de militaires. On les dits techniciens, technocrates, experts. Qu’ils se mettent au travail pour le prouver le plus rapidement possible et justifier leur choix.

Quant à la classe politique et à la société civile, après leurs récriminations publiques, elles semblent avoir déjà actionné quelques fils de leurs réseaux externes afin de saper les efforts des autorités. La Cedeao, après avoir promis monts et merveilles, vient de faire un spectaculaire revirement dans sa collaboration. Reste maintenant au Cnrdre à prendre toutes ses responsabilités, notamment les dispositions nécessaires pour que l’action gouvernementale ne soit pas perturbée par les citoyens de troisième division. La junte a déjà prouvé qu’elle sait se faire respecter et mettre de l’ordre. Qu’elle continue et elle sera soutenue par l’ensemble du peuple malien, quelque soit le traitement qu’elle réservera à ses « pensionnaires », ces personnalités interpellées pour les besoin de la cause. Il n’est plus temps de s’accommoder de tergiversations ni de juridisme, que la junte fasse en sorte que le gouvernement travaille dans les meilleures dispositions.

Il n’est pas non plus question d’être gêné par la communauté internationale. Laquelle doit savoir que les pleurnicheries et soupirs de dépit de la classe politique n’engagent que les politicards. Le peuple est contre le consensus donc contre le gouvernement d’union nationale. Ici au Mali, chacun prend ses responsabilités surtout pour l’essentiel : ressouder le pays. Et pour cela, à défaut de gouvernement d’union nationale, les politiciens doivent contre mauvaise fortune bon cœur former « une union sacrée » autour du gouvernement

Cheick Tandina

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2 COMMENTAIRES

  1. Tu me déçois vraiment M.TANDINA, c’est pas une parution digne d’un grand journaliste comme vous. La première règle pour un journaliste c’est de ne pas faire de partie pris. Essai de nous informer et non cultiver la haine.
    Bonne journée!

  2. Bonne analyse Cheick Tandina, cependant je sais que c’est très difficile en ces temps de relater la situation actuelle du Mali sans être taxé de partie pris, sinon votre analyse est très pertinente et décrit parfaitement la situation actuelle. Les Maliens (le peuple) doivent prendre leur responsabilité. Comme le moustique ne va jamais inventer un vaccin contre le Paludisme, le peuple ne doit pas fonder son espoir sur la classe politique pour amener le changement mais au contraire, il doit façonner cette dernière à mieux lui servir.

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