Conscient du rôle que la France a joué dans la crise malienne, le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, a rappelé à tous ceux qui accusent gratuitement celle-ci de mener un double jeu dans le règlement de la crise du Nord que cette France «est un pays ami qui doit être traité comme tel… ».
Sur les antennes l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Mali(ORTM), le mardi 8 août dernier, le Président de la République a fourni d’amples informations sur ses récentes consultations des forces vives de la nation, les Présidents des institutions de la République, les partis politiques de la majorité comme de l’opposition, les notaires et l’ordre des Avocats du pays sur son projet de loi portant révision de la Constitution qui a soulevé des contestations.
Mieux faire comprendre encore le projet de loi
Conscient du bien-fondé de son projet de révision constitutionnelle, le Chef de l’Etat a indiqué que les consultations du Peuple s’inscrivent dans le cadre d’un esprit d’apaisement du climat social et d’explications requises pour mieux faire comprendre encore l’objectif visé démocratiquement.
«Les consultations auxquelles je me consacre en ce moment sont de l’ordre de convenance qu’en cas de besoin le Chef de l’Etat rencontre telle ou telle catégorie sociale, telle ou telle catégorie de citoyens, rien que de plus normal dans une démocratie. C’est dans ce cadre que j’ai rencontré les institutions de la République et les partis politiques », a déclaré le Président de la République.
Etant de la prérogative du Chef de l’Etat et de l’Assemblée Nationale, le Président IBK a initié le projet de révision de la constitution afin de l’adapter aux réalités du moment.
C’est dans ce contexte, ajoute-t-il, que «nous avons soumis à l’Assemblée Nationale un projet de révision constitutionnelle, lequel projet a fait l’objet de beaucoup d’examens, de va-et-vient pour qu’enfin de compte l’Assemblée Nationale statue ».
Et au Président de la République de poursuivre : « l’Assemblée Nationale a adopté le projet de révision constitutionnelle. Après le vote qui était favorable à l’exercice, l’opposition républicaine a estimé devoir ester en justice.
Elle a saisi la Cour Constitutionnelle, laquelle a rendu un avis et un arrêt. Je crois que, jusqu’à preuve du contraire, l’avis de la Cour Constitutionnelle n’est pas susceptible de recours».
Une décision prise au nom de la Nation
Pour sortir le Mali de la grave crise qu’il traverse depuis 2012, le Chef de l’Etat prône le consensus, l’apaisement. «Nous souhaitons toujours qu’une décision, prise au nom de la Nation, dans l’intérêt, bien compris de la Nation, soit partagée par cette Nation là », souligné humblement le Président de la République.
Plus loin, il ajoute : « Il est évident que cet effort là, nous le conduisons et nous ne le laisserons pas jusqu’à ce que nous fassions le constat. Peut-être, y-a-t-il impossibilité ou refus d’avancer ensemble, mais nous ne baisserons pas les bras et nous continuerons de voir les uns et les autres, telle est notre mission et nous l’utiliserons bien volontiers.
Après la décision de la Cour constitutionnelle, je pense qu’il était vraiment logique d’attendre que l’ensemble de la nation accepte cette décision et s’y plie conformément aux exigences d’un Etat de Droit. A notre grande surprise, il semble que certains de nos concitoyens veuillent remettre en cause cette décision ou, en tout cas, la refusent en estimant que le débat est clos, qu’il s’agit purement et simplement, ici et maintenant, d’abandonner ce projet de révision constitutionnelle pour différentes raisons évoquées.
Il y a également des contres arguments. Tout cela est respectable et respecté, sauf que, dans un Etat de Droit, le droit doit être l’unique référence… Nul ne peut aujourd’hui dire qu’il s’oppose à ce que le Peuple malien exerce son droit de vote. Or, dire aujourd’hui, qu’il n’y aura pas de révision constitutionnelle n’est pas républicain. Cela est anti national ; en tout cas, contraire au droit. Le devoir de l’Etat est de garantir tous les droits des citoyens de la République, y compris le droit de vote. C’est le devoir de l’Etat républicain ».
Pas conforme à la tradition malienne
Dans la mouvance des contestations contre la révision de la constitution, il y a aussi des tensions sociales contre la France.
A ce niveau, le Président Ibrahim Boubacar Kéïta dira ceci : «J’entends également des bruits assez inquiétants.
Des bruits assez inquiétants qui tendent à mettre en cause les pays alliés ; notamment, ceux qui furent à nos côtés quand le pays était en danger, quand la survie du pays était en cause.
Qu’aujourd’hui, on en vienne à manifester bruyamment contre un pays ami dans des termes inamicaux, n’est pas conforme à la tradition malienne. Ce n’est pas conforme à nos valeurs et civilisations. Nous ne tolérons pas ce genre de comportements.
Je dis aussi qu’il faut savoir quels sont les intérêts stratégiques du Mali aujourd’hui et demain dans un temps où ce pays ami est fortement engagé à nos côtés dans la mise en place de la Force du G5 Sahel dans les conditions qui ne sont pas données à tout le monde…La France est un pays ami qui doit être traité comme tel et nous y veillerons ».
Ousmane MORBA