Lors de la grande interview marquant son 3ème anniversaire à la tête de notre pays, c’est un Président IBK serein qui s’est présenté devant ses interlocuteurs. Il était interrogé par le Directeur général de l’ORTM en personne et Alexis Kalambry, Directeur de publication du quotidien privé Les Echos. Durant près de deux heures d’horloge, ils ont abordé les sujets brûlants de l’heure, comme l’insécurité, les attaques terroristes, la paix, la réconciliation, le retour de l’Etat à Kidal, la recrudescence de la violence au centre du pays et l’état de santé d’IBK.
D’entrée de jeu, le Président IBK a reconnu que ses 3 années de pouvoir n’avaient pas été un parcours paisible, au bord d’une plage tranquille. «Nous avons connu beaucoup de turbulences, beaucoup de défis. Et nous continuons d’en connaître et d’en subir. Hélas! Aujourd’hui, le Président IBK ne trahit pas le candidat IBK. Il le regarde avec fierté, avec foi, espérance constante.
Je ne suis pas naïf au point de penser que la tâche aurait été facile. Il n’est jamais facile de diriger un pays, surtout au sortir de la crise multiforme que le Mali a connue. Mais ce qui était attendu commence à prendre le chemin d’être», a-t-il déclaré.
Sur sa santé, IBK a été on ne peut plus rassurant: «je crois que mes médecins et mes bulletins le diraient mieux que moi. J’ai une assurance, je sais dans quel état je suis, il est bon. Je ne dirai jamais une contre-vérité à ce peuple-là. Cela ne prospère pas. Cela vous rattrape toujours.
C’est pourquoi j’ai tenu à ce que mon bulletin soit diffusé. Que le réel soit su du peuple malien. Certains ont vu là également une malice qui cacherait autre chose. Rien n’est caché. Je suis devant vous comme je suis. Alhamdoulilah rabil alamina, je me porte aussi bien que peut l’être un homme de mon âge. Je crois même que nettement mieux que beaucoup d’hommes de mon âge».
S’agissant du processus de paix et de réconciliation, IBK a renouvelé toute sa confiance en l’Accord de Bamako. Selon lui, ce document est une avancée dans le processus de stabilisation du Mali. «Depuis sa signature, l’armée du Mali n’a jamais eu affaire à un groupe armé signataire», a-t-il déclaré, déplorant les multiples attaques terroristes dont fait l’objet l’armée malienne. Au sujet du processus de paix et de réconciliation nationale, le Président IBK s’est félicité de la signature de l’Accord et dit croire en ce document pour un Mali uni.
Concernant le retour de l’administration à Kidal, le Chef de l’Etat se montre optimiste. Il a indiqué que le Mali est aujourd’hui sous l’emprise d’un Accord de paix, lequel Accord de paix est progressif. Selon IBK, quoi qu’il arrive, ce qui est convenu sera appliqué.
Interpelé sur l’insécurité grandissante au centre du pays, IBK estime que cela est l’une des conséquences de ce qui s’est passé plus haut. «Pendant longtemps nous avons été subvertis. Le temps où nous avons été envahis, il y a eu des contacts, des collusions, qui continuent leurs effets. Il est évident qu’une nouvelle stratégie a ramené vers le centre beaucoup de perturbations que nous avions connues plus haut. Mais je pense avec beaucoup de conviction que cela également trouvera une réponse adéquate», a-t-il assuré.
A en croire le Président de la République, pendant des années, nos soldats n’ont pas suivi d’entrainements, de formations, et n’ont pas reçu d’équipements adéquats. C’est pourquoi il a soutenu que les corrections nécessaires seront apportées, avec diligence et fermeté.
«Lorsque la confiance du pays nous fut accordée sans partage, avec la générosité qui est coutumière au peuple malien, nous avons fait le serment de faire en sorte que sa défense puisse être assurée dorénavant, de façon concevable, et que certaines situations d’opprobre soient évitées. Mais hélas!», a-t-il dit.
Sur la question du mandat de la Minusma, un peu perplexe, le Chef de l’Etat a indiqué que c’était une mission de sensibilisation. Mais, dit-t-il, la Minusma s’est retrouvée piégée par le temps et les évènements. L’évolution de ceux-ci a dû l’amener à revoir sa copie.
«Parce que, de toute évidence, quand les forces de l’économie criminelle et celles de l’application religieuse se liguent, la mission dévolue aux soldats de la paix doit changer de forme. Sa mission dépasse l’instauration de la paix et de la démocratie. Elle prend la forme de combattre le terrorisme, qui ne croit qu’en la violence», a fait remarquer IBK.
Selon lui, «l’attaque de villages par les terroristes sans que la mission de paix n’arrive à faire quelque chose poussait les citoyens à se poser légitimement la question de ce à quoi servait la Minusma. C’est pour cela que le Conseil de sécurité a décidé que la mission onusienne soit plus robuste».
Youssouf Diallo