Grèves, arrêt de travail, sit-in… Ces mouvements de contestation mettent à nu l’incurie des autorités maliennes à faire face à la demande sociale de la population. Celle-ci subit de plain-pied la flambée des produits de première nécessité due à un pilotage à vue des affaires de l’Etat par le gouvernement.
Les grèves font légion présentement en Afrique. Partout, les organisations syndicales dénoncent le coût élevé de la vie et demandent par la même occasion une amélioration des conditions de vie et de travail de leurs militants. Mais s’il y a un pays qui bat le recors en matière de grèves, c’est bel et bien le Mali.
Depuis le début de l’année, il se ne passe une semaine sans que les organisations syndicales n’appellent leurs militants à observer des mouvements de grève, paralysant l’administration publique et privant le citoyen lambda de son droit.
Du syndicat des magistrats aux syndicats des enseignants en passant par le travail, la santé, les affaires étrangères, ils ont tous déposé un préavis sur la table du gouvernement.
D’ailleurs, la grève illimitée des magistrats a amené le gouvernement à supprimer… des pièces qui entraient dans le dossier du dossier de recrutement des 5.000 femmes et hommes dans l’armée. Ces grèves en cascade mettent à la place publique les tares du gouvernement malien qui peine à satisfaire les revendications des syndicats. Mais aussi, ils montrent que l’augmentation de 20% sur le point de la valeur indiciaire, échelonnée sur trois ans (2015- 2017), est en deçà des attentes des travailleurs qui courent, depuis 1991, derrière les 100% de salaire promus par les vrais faux démocrates aux travailleurs comme prime de leur engagement dans la lutte contre le régime du général Moussa Traoré.
Ce qui est sûr, ils traduisent un malaise profond et donnent raison à ceux qui disent que le gouvernement de Modibo Keïta est à bout de souffle et incapable de réinventer la roue pour que les consommateurs maliens puissent faire face à la flambée des prix des denrées de première nécessité. Même dans les rangs des souteneurs et inconditionnels du régime IBK, les langues commencent à se délier.
Si certains parlent de la gestion de la crise qui plombe les ailes du gouvernement à donner satisfaction aux doléances des syndicats, d’autres, par contre, critiquent le gaspillage de l’argent du contribuable malien, le train de vie ostentatoire et méprisant de la famille du président, des opportunistes de tout bord et des affidés du pouvoir.
Du côté du peuple, on s’interroge sur la capacité du gouvernement à relever le défi de la demande sociale à une année de la fin du premier mandat du président IBK et le changement tant souhaité, en 2013, qui tarde à se faire voir dans la gestion des affaires de la cité et dans le comportement quotidien des Maliens. Ils sont nombreux nos compatriotes qui crient déjà à la trahison, à l’incurie de nos dirigeants qui se préoccupent d’abord de leur confort et non à celui du peuple qui broie le noir pour assurer les trois repas réguliers.
C’est le cas de ce travailleur d’une des institutions de la République, un partisan de première heure du président IBK. Il dit avoir mobilisé et convaincu sa famille, une partie de son village, ses amis et collègues de service à voter pour IBK sur lequel il a placé tout son espoir pour apporter le changement demandé par le peuple malien.
Selon lui, les fleurs n’ont pas été à la hauteur des fruits. Même s’il ne regrette son acte, il dit être déçu par le comportement de celui (IBK) qui s’était fait un nom dans la gestion de certains dossiers chauds de l’époque lorsqu’il était Premier ministre, entre 1994 et 2000. Cet autre agent de l’Etat est très remonté contre le président Keïta.
Contrairement à son prédécesseur, il regrette tout ce qu’il a entrepris pour la victoire du candidat de son parti (RPM) lors de la présidentielle de 2013. Il n’est pas prêt à mouiller le maillot pour lui, en 2018.
Il pense qu’IBK n’a pas posé aucun acte qui va dans le sens de l’amélioration des conditions de vie et de travail de ses concitoyens qui attendaient beaucoup de lui quant à un changement de mentalité et de comportement.
Il condamne le fait que le président IBK ait tourné le dos au 77,66% des suffrages exprimés lors de la présidentielle en jetant dans les mains de la France qui torpille le processus de paix et de réconciliation issus de l’accord d’Alger signe, en juin 2015.
Une vendeuse d’articles dans un des marchés de la capitale est amère contre la façon dont le pays est géré. Selon elle, la famille d’IBK est au début et à la fin de tout au Mali. Elle ajoute que toutes les nominations dans l’administration sont au bon vouloir de sa famille et a un quota dans toutes sortes de recrutement.
Notre vendeuse regrette que cette mainmise sur notre administration ait conduit à la «prostitution» de certains de nos cadres. Elle condamne aussi l’enrichissement extraordinaire et fulgurant des membres de «Ma famille d’abord».
Il est urgent que le président IBK soit à l’écoute de son peuple qui ne demande que justice, autosuffisante alimentaire, accès à l’éducation, à l’eau potable, construction de routes au lieu de faire la cour derrière la France qui est à la base de tous nos malheurs (création du MNLA).
Yoro SOW