A mesure que s’éloigne l’euphorie de de sa naissance, le premier gouvernement d’IBK II intrigue tant par les tendances qu’il dégage que par les options qui y ont présidé. Davantage plus sur la configuration que sur l’architecture de la deuxième équipe gouvernementale de Soumeylou Boubèye Maiga, les interrogations et questionnements continuent d’abonder plus d’une semaine après.
La principale stupéfaction a paradoxalement trait à ce qui pourrait être brandi par ses architectes comme un atout (un coup de jeune doublé d’un clin d’œil au genre) mais qui est perçu par nombre d’observateurs comme une aventure hasardeuse : l’avènement d’une jeune femme d’à peine 35 ans aux Affaires Étrangères, un département où même l’expérience n’est jamais un acquis rassurant. Sur tout un autre angle de perception se situe la nomination de la progéniture d’une conseillée de la Cour constitutionnelle, pendant que les soupçons de connivence entre l’exécutif et l’organe arbitrale de la présidentielle n’ont pas encore fini d’alimenter les commérages.
Mais par-delà les clins d’œil en direction du genre trop protubérants pour être nuancés, la formation du nouveau gouvernement s’est singularisée par une vague d’évictions d’autant plus surprenantes que l’attribution des maroquins ne reflète aucune considération de l’effort, de l’apport et du mérite. On relève certes quelques exceptions qui confirment la règle comme le cas du Chef de Gouvernement – dont l’exploit tient d’une merveille et d’un chef-d’œuvre politique digne de confirmation systématique. Idem pour certains de ses collaborateurs, méritants par leurs compétences – notamment les ministres de la Sécurité, Salif Traoré, de l’Economie Numerique, Harouna Modibo Traoré, de l’Economie et des Finances, Boubou Cissé, entre autres serviteurs récompensés par une immuabilité. On ne saurait en dire autant ni de la ministre de la Culture, Ramatoulaye Diallo, ni de sa collègue de la Fonction Publique, Raky Talla, qui ont accumulé plus de contre-performances professionnelles et politiques tout au long de leur long séjour au gouvernement. Si bien qu’on ne peut s’empêcher d’en déduire que leur maintien gracieux dans l’équipe actuelle – probablement dans les précédentes aussi – s’est opéré au détriment de ministres payés en monnaie de singe et dont la sortie n’en finit pas d’alimenter la chronique. En dépit de ses exploits incomparables en image-making pour le compte du président de la République, le jeune ministre du Développent industriel, Mohamed Ag Ibrahim, n’a su résister à la vague. Il a été débarqué sans ménagement, de même que le ministre sortant de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, qui n’a guère prouvé moins d’habilite dans la propagande du quinquennat. Ils ne sont pas seuls sacrifiés. Au nombre des départs qui intriguent par leur froideur, on peut noter le cas de ceux qui ont plus que mouillé le maillot sur le front politique et électoral pour la cause du pouvoir sortant. Et dont la plupart se sont singularisés par des résultats électoraux plus qu’enviables dans leurs bastions politiques respectifs et ont tiré vers le haut la victoire du président sortant sans en être convenablement rétribués.
Il s’agit des ministres du Commerce, Abdoul Karim Konaté Empé, de l’Energie et de l’Eau, Malick Alhousseini Maiga, des Affaires Étrangères , Tieman Hubert Coulibaly, et celui de l’Urbanisme, Kalifa Sissoko. Si pour certains la sortie peut à peine s’expliquer par une relative longévité ou fréquence dans les différentes équipes, il n’en est pas de même pour le dernier nommé, qui n’aura séjourné qu’environ huit petits mois au gouvernement. Non moins intrigante cette coïncidence : ces ministres virés ont en commun d’avoir jadis appartenu au cercle rapproché de l’actuel Premier ministre avant qu’il n’entame le chemin escarpé ayant débouché sur la Primature.
A Keïta