Gouvernement d’exclusion : La première faute de Cheick Modibo

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Cheick Modibo Diarra, le nouveau Premier ministre, avait prévenu: dans la formation du gouvernement qu’il mijotait, il ne considérait pas le “critère d’appartenance politique” comme un paramètre “du tout”. Au bout du compte, ce critère fut bien pris en compte mais pour…exclure.

 

Dr Cheick Modibo Diarra, Premier ministre

L’équipe de Cheick Modibo Diarra se caractérise par l’absence de tout ministre partisan. Aucun parti politique ni aucun regroupement de partis ne fut consulté ni n’a obtenu le moindre portefeuille ministériel. Les rares ministres qui ont quelques accointances personnelles avec des partis politiques ne leur doivent nullement leur qualification dans cette équipe aux allures d’OVNI comme seul sait en piloter notre astrophysicien tropical.

L’autre trait majeur du nouveau gouvernement est qu’il contient trop de vieux chevaux de retour alors que son objectif affiché est de faire du neuf. Ainsi, le visage du ministre des finances, Tiéna Coulibaly, n’impressionne pas par sa nouveauté: grand argentier du général Moussa Traoré jusqu’à la chute de ce dernier en 1991,  Tiéna a, après sa sortie de prison, gardé une grande proximité avec les pouvoirs d’Alpha Oumar Konaré et d’ATT, ce qui lui valut de diriger la CMDT dont il a piloté le processus de privatisation. Mamadou Namory Traoré, le ministre de la fonction publique, avait déjà fait valoir ses droits à la retraite après avoir avoir été chef de cabinet du général Moussa Traoré puis diplomate. Au rayon des retraités qui retrouvent un emploi inespéré: Moussa Léo Sidibé, ancien secrétaire général du ministère de l’Agriculture. Le Mali manque-t-il donc tant de cadres valables pour qu’il fallût aller tirer de paisibles citoyens d’une retraite où ils se trouvaient justement en raison de leur légitime fatigue ?

Autre marque de fabrique de l’équipe Diarra:  il fait la part belle aux expatriés de luxe, notamment ceux  ayant servi des chefs d’Etat étrangers. Ainsi de l’unique ministre d’Etat (chargé de la diplomatie), Sadio Lamine Sow, et du ministre de la communication, Hamadoun Touré: le premier est, depuis 20 ans, conseiller spécial du président Burkinabè Blaise Compaoré; le second est un proche de l’Ivoirien Alassane Ouattara. Ces deux ministres seraient-ils une sorte de sentinelles  de la CEDEAO dans le gouvernement malien ?

Enfin, quelques ministres exhalent des parfums de revanche. Les magistrats, surtout ceux du parquet de Kati et de Bamako, ont eu  des sueurs froides en apprenant que le nouveau garde des sceaux s’appelle Malick Coulibaly. Ce jeune homme plein de courage a démissionné avec fracas de la magistrature lorsque ses supérieurs hiérarchiques ont voulu l’obliger, contre sa conscience, d’interjeter appel contre la mise en liberté d’un pauvre boucher embastillé pour avoir vendu un boeuf agonisant.Avec Malick, c’est peut-être, pour maints magistrats,  une prochaine mutation en…zone occupée de Kidal ou de Gao. Le même air de revanche paraît souffler devant Hamèye F.Mahalmadane, le ministre des sports, un magistrat dont on sait qu’il avait démissionné de la Fédération malienne de football et qu’il n’appréciait que modérément ses collègues du syndicat autonome de la magistrature (lui dirige à ce jour le syndicat libre de la magistrature).

Si, de manière générale, le gouvernement de Diarra compte des hommes engagés, compétents et intègres,  il y a lieu de souligner qu’aucun de ces braves serviteurs n’a de base politique. En décidant de se passer des représentants des partis politiques, Cheick Modibo commet sa première faute politique. Non seulement il prive son équipe d’une certaine légitimité et de précieux relais dans l’opinion, mais en plus, il viole la légalité instituée par l’Accord-Cadre du 6 avril qui prescrit la formation d’un “gouvernement d’union nationale composé de personnalités consensuelles”. L’avantage principal de son choix pourrait résider dans le fait que ses ministres n’iraient pas rendre compte de leurs décisions à des partis, mais cet avantage ne pèse pas lourd par rapport aux périls qu’engendre l’exclusion des partis et associations les plus représentatifs: Cheick Modibo ne pourra désormais compter sur aucun allié politique important alors que sa réussite aurait réquis un soutien politique et social massif; il devra répondre seul de ses réussites et de ses échecs alors qu’une équipe d’union nationale aurait engagé la responsabilité de la nation entière; il rate une bonne occasion de pacifier durablement le sud du pays alors que le nord se trouve en feu; il expose ses décisions futures à des contestations politiques permanentes et risque même de susciter, contre lui, une union sacrée de la classe politique. Signe avant-coureur de  cette dangereuse évolution: le FDR (regroupement anti-putsch) et le MP22 (jusque-là inconditionnel du CNRDRE) s’entendent soudain pour dénoncer la composition solitaire et exclusive du nouveau gouvernement! Le cas du MP22, le regroupement pro-junte formé par Oumar Mariko dès les premières heures du pustch du 22 mars, mérite que l’on s’y attarde car il traduit une trahison amoureuse de la junte et de “son” Premier ministre qui ont montré au monde comment ils récompensent leurs meilleurs amis. Dans un communiqué du 25 avril, le MP22 s’étrangle: “Le MP22 estime que ce gouvernement n’est en aucune façon capable de mobiliser  l’énergie de notre peuple pour libérer le Mali, sécuriser notre peuple et nos frontières et répondre aux aspirations des populations”. Avant de trancher:“En conséquence, le MP22 décide de poursuivre son combat pour le changement qui se trouve très éloigné de celui suivi à l’heure actuelle par le CNRDRE et le gouvernement dirigé par Dr Cheick Modibo Diarra”.

Si le gouvernement avait inclus des représentants des forces vives, il aurait pu couvrir la manière unilatérale dont Diarra lui-même a été désigné à la primature. A présent, les hommes politiques n’auront pas tort de croire que l’Accord- Cadre n’existe plus, que la transition est prise en otage par la junte seule et qu’il ne faut attendre du gouvernement que des coups fourrés. Par conséquent, le divorce est consommé entre le gouvernement et la classe politique, ce qui n’augure rien de bon pour la suite des événements. Que Diarra tente de justifier l’exclusion de la classe politique par la pression éventuelle des militaires ne ferait qu’aggraver son cas: n’est-il pas censé détenir “les pleins pouvoirs” d’un Accord-Cadre signé par le CNRDRE et la CEDEAO?

 

Tiékorobani

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12 COMMENTAIRES

  1. LE GOUVERNEMENT CMD EST BIEN CONFORME A L’ESPRIT DE L’ACCORD-CADRE QUI LUI ACCORDE “PLEIN POUVOIR” DANS LE CHOIX DE SES MINISTRES!ET PUIS AVEC 150 PARTIS POLITIQUES,COMMENT CHOISIR 24 MINISTRES SANS FAIRE DE MECONTENT?VOUS
    LES MALIENS DE L’INTERIEUR N’ÊTES PAS PLUS MALIENS QUE NOUS DE L’EXTERIEUR!
    PARLANT DE GMT,QUI N’A JAMAIS ETE UDPM DANS LA SPHERE DE L’ETAT MALIEN?DE GRÂCE METTONS LE DEBAT A UN AUTRE NIVEAU ET ARRÊTONS DE METTRE DU BATON DANS
    LA ROUE DE NOS APPAREILS D’ETAT, MÊME SI NOUS SOMMES DECU DE NE PAS VOIR FAIRE PARTIR DU GOUVERNEMENT NOS ALLIES POLITIQUES.

  2. Que de confusion au Mali. Difficile de commenter car je n’y comprends plus rien. Que Dieu sauve au plus vite ce pays et lui donne ce qui est le mieux pour la population et la dignité et l’honneur perdues de ce grand pays. amin

  3. sans sanogo se pays allait être dans un kao total . vous savez si il vous manque d’imformation , tesez vous samago est l’homme de la situation et cesse de critique les politicien ils vallent mieux que toi.

  4. oui lezs militaire de la cedeao !, qu’est ce vcous en savez tu pense que ces militaire viennent pour libérer le pays non juste pour sauvé la tête dune seule personne . je vous en pris si vous n’avez pas l’information sessez de dire n’importe quoi. ce dont tu n’est sait pas , Allassane veut se debarrasser de ces mercéneurs . mais comment sinon quelle destination , donc il faut les envoyés au Mali . comme ça merci a la débouches pour nos soeurs merci

  5. Ce qui parlent de revenche doivent comprendre que tout le monde n’est pas comme eux il faut attendre que l’acte soit posé pour en parler.
    IBK a mis des opposants en prison quand il était PM, pourtant en 2002 ils ont formé ensemble Espoir 2002, alors !

  6. si le premier ministre ne fait attention il va vers le mur il rend le robleme actuel a la legere son gouvernement cest pa un gouvernement de consensus et les militaires me déçoit il velle pas allaer au nord il vienne pertube le pays a cause des propres ambitions demesures le mali na pas d’armer le nord soufre c’est une armee ki na a de morale mon souhait est que les militaires de la cedeao na qua venir les chicoter un peut 💡 💡

  7. si le premier ministre ne fait attention il va vers le mur il rend le robleme actuel a la legere son gouvernement cest pa un gouvernement de consensus et les militaires me déçoit il velle pas allaer au nord il vienne pertube le pays a cause des propres ambitions demesures le mali na pas d’armer le nord soufre c’est une armee ki na a de morale mon souhait est que les militaires de la cedeao na qua venir les chicoter un peut

  8. il n’est pas indispensable que le gouvernement soit composé d’hommes politiques.on peut faire de la politique sans sieger au gouvernement.ces politiciens n’ont qu’à faire la politique et laisser le gouvernement gérer.quant à l’armée elle n’a qu’aller reconquerir le nord occupé au lieu de chercher à s’impliquer dans la gestion des affaires du pays.

  9. Le premier a violé l’accord cadre est Sanogo lui meme. Donc on ne peut pas se prevaloir de sa propre turpitude. La CEDEAO lui a emboité le pas. Mr Sanogo ne t’eloigne pas de tes amis, j’espère que tu es reconnais tes ennemis. Les maliens en general ont approuvé le coup d’Etat, ce sont ceux la, tes vrais amis. Tes ennemis, tu dois les connaitre, ils sont au FDR et ont peur de repondre de ce qu’ils ont fait à ce pays.Nous sommes avec notre armée humiliée par la faute de nos dirigeants plus riches que l’Etat. Ils ont achetés des centaines 4×4 alors que l’armée malienne avait besoin de pick up au nord pour faire les combats. Les BRDM ne sont pas fait pour la guerre au nord. Que tous les politiciens maliens aillent au diable car les maliens ne pardonneront jamais cette humiliation par la faute à ceux qui avaient le pouvoir. L’opposition n’existait pas ou elle est taxée d’aigrie. La gestion consensuelle du pouvoir est finie au Mali car c’est “je vole ” tu voles et pas de delation.

  10. Cheick Modibo Diarra aurait trahi son frere Sidi Sosso qui etait proposé pour le poste de 1er Ministre .Wait and see

  11. Si moi bagningo,je deviendrai premier ministre au Mali tous les ministeres et les services centraux seront diriges par les habitants de gningobougou. Souhaitez bonne chance pour moi.

  12. C’est la trompette de faire autrement qui a commence a sonne. Il y aura un nettoyage complet tot au tard. Ce jour viendra apres cette crise et c’est le peuple qui le demandera.

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