L’information est tombée hier dimanche dans l’après-midi. Conformément à la Constitution, le Président par intérim Bah N’Daw a nommé M. Moctar Ouane, au poste de Premier ministre. M. Ouane a servi sous le régime du Président Amadou Toumani Touré comme Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale (2004-2009). Avant sa nomination comme chef de la diplomatie malienne, l’homme, très peu bavard, était l’Ambassadeur du Mali aux Nations-Unies de (1995-2002). Aujourd’hui est âgé de 64 ans. Fervent musulman, M. Ouane est un disciple du Chérif de Nioro, Bouillé Haïdara. Le poids de ce dernier a-t-il pesé dans cette nomination ? Le temps nous édifiera.
Et pourtant, les militaires avaient demandé au M5-RFP de proposer trois noms parmi lesquels le président de la Transition choisirait le chef du gouvernement. Ce qui était de la poudre aux yeux des leaders du mouvement qui a lutté pour la chute du Président Ibrahim Boubacar Kéïta. Car, au Mali, le libre choix est donné au président de nommer un Premier ministre.
Avec cette nomination, le M5-RFP va-t-il croiser le fer avec le Président Bah N’Daw comme l’avait déclaré Mme Sy Kadiatou Sow à la clôture des journées de concertations nationales tenues du 10 au 12 Septembre dernier. Car, pour elle, le M5-RFP a été trahi par les militaires et la lutte ne faisait que commencer.
On se rappelle aussi Le président par intérim de la Transition, M. Bah N’Daw et le vice-président, le Colonel Assimi Goïta, ont prêté serment le vendredi dernier au Centre international de conférence de Bamako. C’était en présence de plusieurs personnalités dont l’autorité morale du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques, l’Imam Mahmoud Dicko et du coordinateur de la CMAS, Issa Kaou Djim. Le président et le vice-président de la transition ont été désignés par un collège convoqué le lundi 21 septembre 2020 au Ministère de la Défense et des Anciens Combattants. A cette rencontre, le M5-RFP a préféré choisir la politique de la chaise vide. Et pour cause, à la veille, le mouvement contestataire qui a lutté jusqu’à la chute du régime défunt, avait adressé une correspondance au Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) dans laquelle il conditionnait leur participation à certaines informations. Entre autres, de préciser le mode de fonctionnement du collège, sa composition et les conditions de réception des candidatures et de désignation du Président et du Vice-président de la transition. Aussi, dans cette correspondance, le M5-RFP avait sollicité auprès du CNSP la mise à leur disposition les versions finales de la charte et de la feuille de route de la transition dûment signées. Malheureusement, le M5-RFP n’a reçu aucune issue à leur demande préalablement adressée au Comité National pour le Salut du Peuple. Ainsi, le Comité stratégique du M5-RFP a préféré ne pas participer au collège.
Après la désignation du président et du vice-président de la transition, le mouvement a fait des déclarations décriant les conditions dans lesquelles ces deux personnalités ont été désignées à travers seulement une simple proposition.
Aujourd’hui, pour la nomination du Premier ministre, il est demandé au M5-RFP de proposer trois noms parmi lesquels le nouveau président choisira le nouveau locataire de la Primature. Ces propositions qui tardent à tomber d’ailleurs. Et pourtant, la levée des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est conditionnée à la nomination d’un Premier ministre civil.
Youssouf Sangaré