Cinq jours après sa nomination, le Premier ministre, Dr Choguel kokalla Maïga a formé son gouvernement constitué de 28 ministres dont 3 délégués. Plusieurs militaires membres de l’ex-Cnsp y figurent. Parmi les entrées remarquées, celle du procureur anti-corruption, Mamoudou Kassogué à la Justice. Un autre fait marquant est l’absence de certains groupements et des partis politiques. Si certains ont décliné l’offre comme la Codem, d’autres ont été roulés dans la farine par le duo infernal Assimi-Choguel. Il s’agit de l’EPM de Bokari Tréta et le FSD- SAP de Tiébilé Dramé.
Redonner au Mali sa place sur le plan international, régional et sous régional, apporter une réponse aux défis sociaux politiques et sécuritaires pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, voilà entre autres missions assignées au gouvernement formé par Dr Choguel Maïga, le vendredi 11 juin 2021.
A peine rendue publique par le secrétaire général de la présidence par intérim, la liste des 28 ministres dont 3 délégués fait l’objet d’un véritable grincement de dents dans certains milieux politiques. On y compte 11 rescapés et 17 nouveaux.
Le visage du premier gouvernement de la phase 2 de la transition qui compte seulement 6 femmes ne reflète pas le discours tenu par le président de la transition et son premier ministre. L’inclusivité attendue par la classe politique a été plus que jamais piétinée. Dans cette course pour occuper un département ministériel, des groupements politiques comme l’EPM et FSD-SAP paient cache de leur appartenance au régime d’IBK. Ils n’ont pas obtenu le ticket du train pour le voyage de 9 mois contrairement aux militaires du Cnsp et le M5-RFP. Si le premier cité détient les postes clés, le second, principal mouvement de contestation du régime d’IBK compte 8 ministres.
La junte garde sa suprématie
Sans surprise, les militaires conservent les portefeuilles clés au sein du gouvernement II de la transition. Ils détiennent les portefeuilles de la Défense, de la Sécurité, de l’Administration territoriale et de la Réconciliation nationale. Ainsi, le N°2 de la junte, le colonel Sadio Camara remplacé dans le gouvernement éphémère de Moctar Ouane revient au département de la Défense plus renforcé avec le statut de deuxième personnalité du gouvernement.
Le colonel major Ismaël Wague et le lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga sont reconduits respectivement à la tête de la Réconciliation nationale et l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Un autre meneur du coup d’Etat du 18 août 2021, le colonel Modibo Koné a été remplacé au ministère de la Sécurité et de la Protection civile par le colonel major Daoud Aly Mohammedine, qui occupait jusqu’ici les fonctions de numéro 2 de l’armée.
En plus de ces postes stratégiques, les militaires, sous la conduite du colonel Assimi Goïta renforcent leur emprise sur le dispositif gouvernemental en reconduisant Alousséni Sanou et Seydou Lamine Traoré respectivement à la tête de l’Economie et des Finances et au département de l’Energie, de l’eau et des Mines.
Les hommes très proches des militaires occupaient les mêmes ministères sous l’ère Bah N’daw. Par ailleurs, le désormais ancien juge anti-corruption Mamoudou Kassogué est également nommé à la Justice. Il serait proche de Kati selon certaines indiscrétions. Ce magistrat qui a instruit de nombreux dossiers dans le cadre de la lutte contre la corruption est en terrain connu.
Dans le souci de maintenir un climat de confiance entre les acteurs du processus de paix, le président de la transition tenait à la présence des groupes armés dans l’architecture gouvernementale. Ainsi, Mossa Ag Attaher, ancien porte-parole de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), reste ministre de la Jeunesse et des Sports. Autre membre de la CMA, Mahmoud Ould Mohamed quitte le ministère de l’Agriculture pour prendre celui de l’Industrie et du Commerce. Me Harouna Toureh précédemment à la Fonction publique devient ministre de la Communication au nom de la plateforme. Siégeant au nom du même mouvement, Hamdou Ag Ilène a été reconduit à la tête du ministère des Maliens de l’extérieur.
Le ministre Abdoulaye Diop, qui faisait partie du gouvernement sous le président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé le 18 août par les militaires, retrouve son poste aux Affaires étrangères. Cet ancien diplomate était à la tête de ce même département au moment de la négociation du processus de paix avec les groupes armés du nord du pays.
Les nouveaux entrants
Le M5-RFP, à défaut obtenir les départements stratégiques, se taille 8 postes. Ainsi, Ibrahim Ikassa Maïga de l’URD et proche de Choguel dans les rangs du M5-RFP a été nommé au ministère de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les institutions.
Toujours côté M5-RFP, Ousmane Sidibé prend l’Education nationale. L’imam Oumarou Diarra devient ministre délégué chargé de l’Action humanitaire auprès de la ministre de la Santé, Diéminatou Sangaré. Modibo Koné est le nouveau ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable. La syndicaliste, Mme Sidibé Dédéou Ousmane siège également dans le gouvernement. Elle est issue des rangs du M5-RFP.
Parmi les entrants, il faut citer Mme Diawara Aoua Paul de l’URD. Elle occupe le département du Travail et de la Fonction publique. Bakary Doumbia du Fosc et Bréhima kamena du parti Cnid figurent également sur la liste au nom M5-RFP.
ADP-Maliba à travers son président Youba Ba fait son entrée dans le gouvernement en qualité du ministre délégué chargé de l’Elevage et de la Pêche.
Choguel mal inspiré
Le gouvernement Choguel comprend 28 ministres et prend en contrepied la Charte de la transition qui dans son article 11 alinéa 3 fixe le nombre du gouvernement à 25 ministres au plus. « Le gouvernement de la Transition est constitué de 25 membres au plus ». Sûrement pour contenir les caprices des uns et des autres, Choguel Kokalla Maïga et son patron de circonstance ont décidé de violer allègrement la Charte de la transition à travers le Décret n°2021-0385/PT-RM du 11 juin 2021 portant nomination des membres du gouvernement.
Ainsi, en plus des 25 des ministres, les désormais patrons de la deuxième phase de la transition ont marcotté trois fauteuils de ministres délégués.
Quelle est la différence entre un ministre et un ministre délégué ? C’est la seule question qui taraude les esprits depuis ce vendredi 11 juin 2021. En attendant la réponse à cette interrogation, Choguel doit se rendre à l’évidence que pour une fois il a été mal inspiré pour la simple raison qu’un ministre délégué siège au même titre qu’un ministre dans un gouvernement et ils bénéficient les mêmes traitements. Donc en termes clairs, le gouvernement de Choguel Maïga compte 28 ministres, une violation flagrante de l’article 11 alinéa 3 de la Charte de la transition.
Un autre fait marquant lors de la formation de ce gouvernement a été l’absence des regroupements politiques comme l’EPM, le FSD-SAP et autres partis comme l’Adema et le Parena.
Ce gouvernement annoncé comme étant d’ouverture et inclusif par le Premier ministre Choguel Kokala Maïga est considéré par certains comme un gouvernement exclusif.
Dans un communiqué rendu public le 12 juin 2021, le Parena dénonce la formation d’un gouvernement exclusif de 28 membres qui pose, selon les termes du communiqué, les jalons d’une transition non inclusive et la fuite en avant de ses autorités. Dans le souci de rester dans le délai de 18 mois, le parti du bélier blanc exige la tenue des consultations des forces vives du pays pour adopter une nouvelle feuille route.
A l’image du Parena, Ensemble pour le Mali (EPM) et l’Adema regrettent cette manière de marginaliser les partis de l’ancienne majorité.
Le président de l’EPM, Dr Bokari Tréta, dans son communiqué, indique que la liste des membres du gouvernement rendue publique n’a pas reflété l’esprit de la rencontre.
Contextes sécuritaires
La situation sécuritaire et le facteur temps constituent un obstacle pour la junte. Elle doit respecter cet engagement prise devant les émissaires de la Cedeao. Il s’agit de rendre le pouvoir à un président civil élu, au terme d’une transition de 18 mois pas plus. Pour rappel, avant la démission du président Bah N’daw et son premier ministre Ouane, le gouvernement avait annoncé l’organisation du référendum pour le 31 octobre 2021, les élections présidentielles et législatives entre février et mars 2022.
Malheureusement, avec ce deuxième coup d’Etat en 9 mois, le doute s’installe de plus en plus par rapport la capacité de maintenir les dates indiquées dans un contexte où les deux tiers du territoire échappent au contrôle de l’Etat. En plus, il faut ajouter le front social où les syndicats ne veulent rien lâcher.
Comme pour ne rien arranger à la situation d’incertitude, Emmanuel Macron a enfoncé le clou en annonçant la fin de l’opération Barkhane au Sahel. Selon lui, ce retrait reflète le désaccord avec la démarche de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), de reconnaître le colonel Assimi Goïta comme vice-président de la transition, à la suite du coup d’État du 18 août 2020 et de la mise en place de la Charte de transition en septembre 2020.
Nouhoum DICKO
Allez-vous restes comme ca les maliens? Ne sachant que dire, que faaire ni ou aller bande d’apatrides.
LA POLITIQUE ”DIGESTIVE”…
Qu’ attendez vous d autre des franco-arabes, larbins des arabes et larbins des francais, arabudjonw ni tubabudjonw….
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