L’immobilisme et le manque de cohésion de l’actuelle équipe gouvernementale créent l’émoi au sein de la population. Cette situation interpelle en premier lieu le chef de l’Etat afin qu’il mette de l’ordre pour satisfaire la demande sociale qui devient de plus en plus pressante.
Chargé de déterminer et conduire la politique de la nation, le gouvernement actuel peine à mettre en application le projet de société du Président de la République qui met en avant le Mali. Il s’agit là de promouvoir le développement et l’épanouissement de tous les Maliens. Aujourd’hui, force est de constater que malgré les efforts consentis, beaucoup reste à faire comme l’attestent les agitations de la population qui veut plus. Pour donner une suite favorable aux aspirations du peuple, la cohésion, à la limite, la complicité doit prévaloir au sein du gouvernement. Or, tel ne semble pas être le cas aujourd’hui. A suivre de près l’action gouvernementale, on se demande qui fait quoi. C’est dans le tohu-bohu que certains ministres tentent de se faire distinguer tant bien que mal pour donner satisfaction aux Maliens. Il s’agit entre autres des ministres de l’Economie des Finances, Dr Boubou Cissé, du Commerce, Abdel Karim Konaté, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, Amadou Koïta.
S’agissant du ministre de l’Economie et des Finances, il a mis en place une politique de gestion des ressources économiques de l’Etat, en l’occurrence donner l’autonomie de gestion aux directeurs des finances et du matériel et l’épongeage de la dette intérieure dument contractée par l’Etat. S’y ajoute la réforme de la politique fiscale.
En ce qui concerne le ministre du Commerce, ses subventions destinées aux denrées de première nécessité pendant les périodes de soudure, notamment le sucre, le lait et la viande ont permise à la population de souffler tant peu soit-il. En plus, ses soutiens constants aux commerçants en difficulté font de lui un «messie» dans le monde du commerce.
Quant au ministre de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, il a réussi à promouvoir la culture de la citoyenneté au sein de la couche juvénile. Les différentes vacances citoyennes ainsi que son implication pour la réussite de toutes les actions de jeunes témoignent éloquemment son ambition à faire avancer les choses.
Du côté du ministère des Transports, ils se battent pour donner plus de visibilité aux actions du chef de l’Etat relevant de leur domaine de compétence.
Au même moment d’autres excellent dans les discours populistes. Il s’agit du ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Affaires foncières. Il laisse croire qu’il est le seul ministre engagé pour défendre la cause des plus faibles. A le voir parler, il faut se frotter les yeux pour savoir que ce n’est pas le chef de file de l’opposition qui parle. Or, le seul mérite de cet homme de tous les régimes démocratiques est la démolition des maisons à Souleymanebougou.
Pour sa part, la ministre de la Promotion de la Famille, de la Femme et de l’Enfant, Oumou Touré, elle mélange tout. Ne sachant pas ce qu’elle veut, outre le cumule de fonction de ministre avec celle de présidente de la Cafo, elle a commis l’inimaginable en début de ce mois. Il s’agit de son « selfie » avec la présidente des femmes de la fantomatique République de l’Azawad, arborant une écharpe aux couleurs de cette république imaginaire qui a choqué plus d’un Malien.
Au sujet de l’insécurité, force est de constater qu’elle demeure une réalité au Mali. Nonobstant le renforcement de l’équipement des forces de défense et de sécurité, l’insécurité gagne du terrain. Elle ne se limite pas aux seules régions du nord du pays. Dans le centre l’effroi domine et l’anxiété caractérise le quotidien des populations. La libre circulation des personnes et de leurs biens est au stade de rêve.
A Bamako comme partout au Mali, la dotation de la police en armement (chaque policier un PA) n’a rien rangé. Il est impossible de circuler sur les engins à deux roues à la périphérie de Bamako au-delà de 20 heures sans se faire agresser. Les braquages de nuit comme de jour font partie du lot quotidien des Bamakois.
Aussi, dans cette équipe gouvernementale, il y en a qui ont des agendas personnels. Parmi ceux-ci, on note des prétendants pour briguer la magistrature suprême.
Cette situation fait dire des observateurs avertis qu’on ne pourra pas organiser des élections générales avec l’équipe gouvernementale actuelle. En clair, ces constats moins reluisants ayant créé un malaise généralisé au sein de la population interpellent le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Il doit mettre de l’ordre dans le gouvernement.
Comme le dirait l’autre, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Le chef de l’Etat a encore quelques mois pour redresser la barre avant la présidentielle de 2018. Sa promptitude peut déjouer les pronostics des oiseaux de mauvais augures. Pour ce faire, il est impérieux de procéder à un remaniement ministériel.
Oumar KONATE