Le Programme d’Action Gouvernementale (PAG), tant attendu est sorti du laboratoire pour être présenté à l’Assemblée nationale afin que celle-ci donne son quitus pour sa mise en œuvre. L’instruction a été donnée à ce sujet le mercredi dernier par le Président de la République, El Hadj Ibrahim Boubacar Kéïta, à la faveur du premier conseil des ministres du nouveau gouvernement. Faut-il le rappeler, le PAG était en gestation depuis l’époque du démissionnaire Oumar Tatam Ly (OTL). IBK demande à l’équipe Moussa Mara de s’y approprier, l’affiner et l’adapter au contexte nouveau. Cette instruction intervient dans un contexte de réorganisation de l’opposition, qui a tenu une rencontre d’échange dans l’après-midi du même jour. C’est dire que l’arcane politique commence à bouger et les contours du jeu politique se précisent. Ce qui augure des débats très intéressants à l’hémicycle, qui s’était sclérosé depuis la fin de la première mandature du président Alpha Oumar Konaré.
Dans son message au gouvernement, IBK instruit à Mara ainsi qu’à l’ensemble de son équipe d’aller plus loin, pour élaborer très rapidement une Déclaration de Politique Générale (DPG), à valider dans les plus brefs délais par la représentation nationale, et qui soit le prélude à un travail profond de réflexion stratégique, permettant, au-delà de la relance de l’économie, de produire et faire valider le business-plan du Mali émergent.
Des Agences de développement régionales
Selon le Président de la République, ce plan sera celui de la présente mandature. Il reposera sur le socle de la régionalisation, étape majeure d’une politique de décentralisation qui, face aux frémissements du pays, n’est pas un luxe mais un impératif.
C’est dans ce cadre, qu’il a instruit au Premier ministre la création immédiate d’une Agence de Développement Régional (ADR) dans chacune de nos régions avec un portefeuille d’actions conséquentes, des ressources identifiées et des partenaires stratégiques identifiés également. Le Mandé mansa d’ajouter, qu’il laisse 6 mois au gouvernement pour la tenue des états de lieu afin de dégager les opportunités identifiées et les plans régionaux horizon 2025 ficelés. Pour lui, les 6 mois sont suffisants pour permettre la relance effective des activités économiques. Janvier 2015 est la date buttoir. « Je veux qu’à cette date le Mali soit en chantiers, perceptibles et visibles partout, de Kayes à Kidal et de Labezanga à Niono. Le développement humain et harmonieux dans tous les coins et recoins du Mali, tel doit être notre dédicace ».
Le portrait robot du nouveau médiateur pour la paix et la sécurité !
Le plan d’émergence qu’il préconise n’occultera en rien la gestion simultanée des urgences nationales. Au premier rang desquelles figurent : la paix, la sécurité et la stabilité dans le septentrion de notre pays. « C’est pourquoi, dans les prochains jours, je confierai à une personnalité dont le sens de l’Etat et de la Patrie, la probité et le courage politique sont de notoriété avérée, la lourde charge de conduire, sous mon autorité directe, les pourparlers, avec les groupes en rébellion certes, mais aussi, comme le stipule l’article 21 de l’Accord de Ouagadougou, avec l’ensemble des communautés du Nord, pour obtenir une paix durable conforme aux intérêts et aspiration de notre peuple. » a-t-il poursuivi.
Parallèlement à ces actions, IBK demande au ministre de la Défense, Soumeylou Boubeye Maïga, la préparation et l’adoption par l’AN de la nouvelle Loi de programmation militaire, qui urge. Celle-ci aura l’avantage de doter notre pays, et ce dans les meilleurs délais, d’une armée forte, républicaine, multiethnique, moralement motivée, bien équipée, avec un effectif conséquent. Bref, une armée apte à défendre la patrie contre toute ingérence d’où qu’elle vienne, et quelle que soit la nature du théâtre d’opération.
La situation énergétique du pays est une autre préoccupation soulevée par le Président de la République. « Il vous faudra, dans les plus brefs délais, résorber les délestages de courant en cette période de grandes chaleurs et me présenter dans un trimestre, un plan complet permettant d’éviter désormais ces désagréments. »
De même que les conditions de vie des populations doivent mobiliser toute l’attention du gouvernement qui fera tout pour que les opérateurs privés continuent de travailler à ravitailler le marché en denrées de première nécessité et à des prix abordables, à la hauteur des portefeuilles des Maliens, a-t-il insisté.
La lutte contre la corruption et l’impunité fait partie également des priorités de son mandat. Ces fléaux, selon lui seront combattus en particulier dans l’éducation, la santé, la justice, l’administration générale, le foncier, bref, de toutes les sphères de l’Etat. Pour IBK, ce sont là des défis à briser avec son gouvernement à ses côtés pour réussir d’une part une gestion harmonieuse et heureuse des transitions (démographique, économique, culturelle et, pourquoi pas, démocratique) et hisser notre pays au rang des nations émergentes.
Synthèse de Mohamed A. Diakité