Les Transitions ont généralement confié un rôle prééminent au Premier ministre. La Transition en cours au Mali fait de telle sorte que le Vice-président écrase le chef du gouvernement.
maliweb.net – Aux termes de la charte de la Transition, le Vice-président s’occupe sphériquement des questions de défense et de sécurité. Mais il est clair que c’est le Colonel-Major Assimi Goïta qui a la réalité du pouvoir et ne s’en cache pas. Le principal meneur du coup d’Etat du 18 août 2020 ne veut pas se faire compter les choses.
L’homme s’est imposé à la CEDEAO, qui a fini par lâcher du lest pour accepter son existence dans l’architecture institutionnelle de la Transition malienne. C’est ainsi que le Colonel-major Assimi Goïta se donnera un cabinet digne de ce nom, avec des locaux flanqués à Koulouba, à un jet de pierre du palais présidentiel. Histoire d’avoir à l’œil les faits et gestes du président de la Transition, l’officier supérieur à la retraite que les putschistes sont partis chercher dans son champ pour le « job ».
Seulement, voilà ! Au lieu que le président de la Transition ait pour collaborateur immédiat du pouvoir exécutif le Premier ministre, c’est plutôt le Vice-président qui marque Bah N’Daw à la culotte. Il assiste à plusieurs audiences stratégiques du président de la Transition, l’accompagne à l’aéroport pour la plupart de ses voyages.
C’est ainsi que pour le récent voyage de Bah N’Daw en Algérie, c’est le Colonel Assimi Goïta, qui a assuré sa présence aux côtés du chef de l’Etat à l’aéroport, jusqu’à l’avion. Comme pour dire que si l’occupant du palais de Koulouba s’absente du pays, c’est lui le maître à bord du navire Mali.
Or, sous l’égide des médiateurs de la CEDEAO, la disposition selon laquelle le vice-président doit remplacer le président de la Transition en cas de vacance a été supprimée. En clair, en cas d’empêchement ou de vacance de la fonction de chef de l’Etat, c’est la disposition constitutionnelle qui s’applique : le Premier ministre pour l’empêchement provisoire ou le président de l’Assemblée Nationale (le CNT jouant ce rôle) en cas de vacance.
Alors la question se pose de savoir si Assimi Goïta serait prêt à accepter ces dispositions constitutionnelles ou, pour lui, du fait de l’impact du coup d’Etat, il est devenu le remplaçant du président de la Transition lors de tous ses voyages. La question reste posée et mérite un avis de la Cour constitutionnelle.
Par ailleurs, les choses se présentent telles que le Vice-président, selon certaines confidences, ne semble tenir aucun compte du Premier ministre, qui ne serait pas consulté pour certaines décisions stratégiques. Quid de la plupart des nominations à des postes de responsabilité qui, dit-on, doivent recueillir l’assentiment du Vice-président, et non celui du chef du gouvernement.
Sans compter que c’est le Vice-président qui fait le plus grand nombre de déplacements tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et a la haute main sur les renseignements et sur plusieurs départements de souveraineté. Cette situation ne va-t-elle pas engendrer des couacs dans le fonctionnement normal de l’Etat ? Le risque est certain.
Boubou SIDIBE/maliweb.net