Gouvernance dans un contexte de crise : “Un responsable est fait pour prendre des décisions difficiles” feu Boubacar Sada SY dixit

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Le grand discours du président Dioncounda  Traoré au lendemain de son retour de Paris n’a accouché finalement que d’une petite souris.

Le président malien de la transition Dioncounda Traoré à son arrivée à Bamako le 27 juillet 2012.
AFP

En effet le peuple malien a été assommé après le débat télévisé du “tout puissant ” Premier ministre qui lit “pleins pouvoirs” comme le lit un débutant de l’école de Droit et continue de croire qu’il est au dessus de toutes les Institutions y compris au dessus de celle qui a signé son décret de nomination. Pourtant, suite à l’avis de la Cour Constitutionnelle du 31 mai 2012 sur sa demande, les Maliens ont fini par comprendre que la seule institution légitime aujourd’hui est le président de la République en vertu de la Constitution du 25 février 1992. S’il ya quelqu’un qu’on a “imposé ” à travers l’Accord-cadre, c’est bien le PM. Le président, c’est la Constitution du Mali qui l’impose, pas la CEDEAO.

Ce qui restait à faire pour le président de la République, dans le cadre de la formation du Gouvernement, c’était de s’assumer et de prendre la décision de déposer l’astronaute sur la planète qu’il maitrise et envoyer tous les militaires dans les casernes. Quand aux religieux devenus des stars du show-business   pour paraphraser l’ingénieur culturel Alioune Ifra NDiaye,  «ces prêcheurs nous vendent le jardin d’Eden, les “nachis”, les versets coraniques “magiques” qui règlent tous les problèmes».

Sur les chaînes des radios privées, un jour ne passe sans publicité des prêcheurs guérisseurs de tous maux (faire d’un pauvre un riche, recouvrir la vue à un non voyant, des incantations pour la longévité, des stylos magiques pour des totos au moment des examens, à un stérile d’avoir des enfants  bref, ils sont capables de tout pour les autres et de rien pour eux-mêmes). A ces Maliens, il fallait rappeler que le Mali est à 95% musulman mais à 100% laïc. Quand des religieux se mêlent de la politique et tiennent des discours politiques dans un Etat laïc, on les met à leur place.

Aujourd’hui, ils vont jusqu’à menacer de renvoi des Directeurs nationaux dans l’exercice de leur fonction. Comme si le ridicule ne tuait pas, on leur accorde un portefeuille ministériel.  Ce que nous sommes en train de cautionner est extrêmement dangereux pour la République. Nous devrions tirer les leçons du FIS en Algérie dans les années chaudes de 1992, de la Libye, de la Tunisie et de l’Egypte d’aujourd’hui.

Le Président Dioncounda doit s’assumer et éviter les erreurs que les politiques ont commises avec ATT. Toutes les contestations à son endroit sont dû au fait qu’il n’a pu bien jouer son rôle de contrôle de l’exécutif à l’Assemblée nationale. De compromis en compromis, le PM sera le Président et le président ne sera rien. Trois nominations après la composition du Gouvernement : Un Ministre chargé des Relations Internationales, un Ministre chargé de l’emploi et un Ministre chargé de la Communication appelés tous “Conseiller spécial du Premier ministre”. Les Ministres des Affaires Etrangères, de l’Emploi et celui de la Communication pour le bon sens doivent rendre leur démission et refuser ce faux dualisme confusionniste où de fait on a deux capitaines dans un bateau.

L’Assemblée Nationale doit  jouer son rôle de contre pouvoir il est inconcevable qu’un Ministre interpellé refuse de répondre à l’appel et qu’aucune motion de censure ne soit déposée est encore inadmissible. Nos députés également doivent éviter désormais et pour toujours d’être une chambre où les mains sont toujours en l’air.

L’erreur de Dioncounda c’est d’avoir refusé la protection des forces de la CEDEAO, il est l’otage de ceux qui le protègent et en conséquence on a Gouvernement qui est tout sauf d’union nationale.

Que Dieu veille sur le Mali et le protège. Que Dieu veille sur notre démocratie et sur la laïcité, gage de paix et d’union. Lakoum dina koum waliya dine.

Hamadoun Bah

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