Gestion du pouvoir par Koulouba : Soumeylou Boubèye Maïga à la rescousse

Dans la matinée du 29 août 2016, la nouvelle se propage comme une traînée de poudre : Soumeylou Boubeye Maïga est nommé secrétaire général de la présidence de la République avec rang de ministre, en remplacement de Mohamed Alhousseyni Touré. Plus d’un Malien se voit soulagé par cette décision du Président Ibrahim Boubacar Kéïta, voyant en Soumeylou Boubèye Maïga l’homme par qui l’Etat va recouvrer ses vraies valeurs, à savoir une entité autoritaire et respectée qui en impose à tous.

Les impressions  favorables et les “ouf” de soulagement qui ont accueilli la nomination de Soumeylou Boubeye Maïga en qualité de secrétaire général de la présidence de la République avec rang de ministre, en disent long non seulement sur l’étendue des défis qui attendent le président de l’Asma, mais aussi et surtout sur les capacités de celui-ci à les relever. Pour lui et pour tous ses compatriotes, c’est un challenge loin d’être insurmontable. Le premier signal fort est donné par l’intéressé lui-même quand, après sa promotion, il s’adresse à ses concitoyens via les réseaux sociaux, en ces termes : “…Vous avez été très nombreux à m’adresser vos félicitations, suite à ma nomination par le président de la République en qualité de secrétaire général auprès de lui. Vous avez, à l’occasion, formulé pour moi des bénédictions et des vœux de réussite et de succès. Les mots justes et adéquats me manquent pour vous remercier de cette manifestation de sympathie qui m’est allée tout droit au cœur et qui m’honore. Je la juge à sa juste valeur et dans sa signification la plus profonde. Je vous donne l’assurance de répondre à vos attentes et aux espoirs que vous fondez. Je sais compter sur vos bénédictions, vos soutiens dans cette nouvelle étape au service du pays…“. Soumeylou promet donc de ne pas décevoir, dans cet autre appel de son pays, mais il en appelle à l’implication et au soutien de tous.

Le deuxième indice majeur qui explique l’optimisme des Maliens se fonde sur la valeur intrinsèque de l’homme, ses compétences, sa longue et riche expérience au service de l’Etat. S’y ajoutent sa personnalité et son caractère autoritaire car, pour lui, l’Etat est au-dessus de tout ; et comme tel, il mérite tout le respect qui sied, de la part de tout le monde.

Soumeylou Boubeye Maïga pourrait impulser, par ses conseils avisés et la gestion des dossiers depuis les hauteurs de Koulouba, un nouveau mode de gestion aux fins de corriger les imperfections au sein de l’Administration et restaurer l’autorité de l’Etat. Soumeylou Boubèye Maïga est un homme de caractère et de conviction, doté d’une vision très aigue et qui connaît tous les contours et les pourtours de l’Etat malien. Rappelons qu’il détient le record absolu de longévité à la Direction générale de la Sécurité d’État où il passa sept ans, de 1993 à 1999, comme directeur général. A ce titre, il sait comment gérer les usagers de l’Administration, les populations, les révoltes sociales, les tensions syndicales et estudiantines, les hommes politiques et la société civile, etc. ; tous fronts sur lesquels le Mali souffre beaucoup aujourd’hui.C’est sans doute l’une des raisons fondamentales qui ont motivé le chef de l’Etat à l’amener auprès de lui. Mais pas seulement. Les stratégies de félin et l’expérience de Soumeylou seront beaucoup plus utiles à IBK sur d’autres défis qui lui coupent le sommeil aujourd’hui et menacent l’avenir et le devenir du Mali.

En première ligne : la situation sécuritaire. L’Etat ne contrôle plus Kidal. En dehors des capitales régionales et quelques grandes villes, l’Administration n’est pas présente dans les régions de Tombouctou, Gao. Pas plus que dans les deux tiers de la région de Mopti. Et une bonne partie de celle de Ségou. Cette situation d’ensemble est due au fait que l’Armée est faiblement présente dans ces zones ou ne l’est pas du tout, ou encore elle est toujours en position défensive.Soumeylou Boubeye Maïga a toujours critiqué cette position de l’Armée. D’où sa “guerre” avec Tiéman Hubert Coulibaly, qu’il vient d’ailleurs d’éjecter du gouvernement, de l’avis de plusieurs observateurs. Le nouveau secrétaire général de la présidence de la République prône donc une armée offensive. Telle sera sans doute le crédo du nouveau ministre de la Défense et des anciens combattants, Abdoulaye Idrissa Maïga.

Cependant, il y a lieu de faire la part des choses. Par rapport à la situation sécuritaire du nord, cet aspect est pris en compte et géré par l’Accord de paix.

Par contre, l’insécurité grandissante qui sévit dans le Delta central (région de Ténenkou et Youwarou) et de Nampala à Boni, n’est autre que le fait du banditisme résiduel. Ces bandits suivent les mouvements de certains groupes armés isolés. Il s’agira pour l’armée de traquer ces malfrats jusque dans leurs deniers retranchements. Pour cela, l’Etat doit avoir une armée bien formée, tout aussi bien équipée et massivement présente dans les zones indiquées pour tuer dans l’œuf toute velléité d’attaque de ces bandits  qui deviennent plus dangereux que les groupes armés organisés. Pour Soumeylou, les questions de défense n’ont aucun secret, pour avoir géré le département de la Défense sous les régimes d’Alpha Oumar Konaré et d’IBK. Celui-ci a besoin d’un proche collaborateur comme Soumeylou qui maîtrise ce domaine. Il aidera le nouveau ministre à armer et restructurer l’Armée malienne.

En dehors de l’armée, IBK a besoin de la forte expérience de cet expert des questions sécuritaires au Sahel et en Afrique pour faire face à la recrudescence des actes terroristes et extrémistes religieux qui secouent le Mali, l’Afrique et le monde entier.Au-delà de la situation sécuritaire, le Mali doit maintenir la dynamique actuelle de l’efficacité de sa diplomatie. Le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, et le Premier ministre, Modibo Kéïta, sont certes très actifs sur le terrain. Mais, un coup de main de celui qui fut, de 2011 jusqu’à la chute d’ATT, titulaire de ce portefeuille va booster encore plus la diplomatie malienne. IBK a donc son homme, celui qui l’aidera à rehausser l’image du Mali et la sienne propre vis-à-vis de la communauté internationale.

                   A.B. HAÏDARA

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