Gestion institutionnelle : La CSM fait le point

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La Convergence pour sauver le Mali a animé une conférence de presse pour préciser sa position sur la gestion de la crise institutionnelle à laquelle le pays est confronté depuis le putsch du 22 mars.

 

Mardi 24 avril, dans un hôtel de la capitale, le regroupement Convergence pour sauver le Mali a rencontré la presse pour proposer ses solutions de sortie de la crise institutionnelle que le Mali vit depuis le coup d’Etat du 22 mars dernier. Composée d’une trentaine de partis politiques dont la Codem, le Cnid ou le Pcr, et d’environ quatre cents associations, la CSM s’est prêtée à cet exercice pour, selon son coordinateur, Me Mountaga Tall, président du Cnid, révéler qui ils sont, ce qu’ils voulaient, ce qu’ils veulent, ce qu’ils ont fait jusqu’à présent.

Ce que veut la Csm pour une sortie de crise, c’est un dialogue inclusif qui doit réunir toutes les forces vives de la nation, dans le cadre d’une rencontre (quelque soit le nom qu’on donnera à ce forum).

Au lendemain du coup d’Etat du Cnrdre, des positions se sont tranchées autour du soutien ou de la condamnation du putsch. La Csm a décidé que « condamner, c’est bien, invoquer l’ordre constitutionnel est également bien », mais le constat est que l’ordre constitutionnel, dans les circonstances qui ont suivi le putsch, ne peut être rétabli complètement. Aussi, la convergence, tout en condamnant par principe le coup d’Etat, mais reconnaissant que rien ne sera comme avant, s’est inscrite au centre. Ni oui, oui, oui comme le font le MP22 et ses partenaires ni le non, non, non du Front du refus, a expliqué Housséni Amion Guindo dit Poulo, président de la Codem.

Aux dires des conférenciers, ils ont du reste rencontré l’ensemble des acteurs pour ou contre la junte (le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République, le Mouvement populaire du 22 mars, la Coordination des organisations patriotiques du Mali, le président de la République par intérim, etc.) afin d’essayer d’accorder leurs violons. Et que c’est au constat de certaines ambigüités qu’ils ont décidé de rester à équidistance des extrémistes. Les centristes ne comprennent pas, par exemple, que l’on réclame le retour à l’ordre constitutionnel et que dans le même temps l’on s’oppose au retour du président Amadou Toumani Touré à la tête de l’Etat de même qu’on s’oppose au rétablissement du gouvernement, deuxième institution républicaine. Visiblement, le but visé par les uns n’était pas de rétablir l’ordre constitutionnel, mais de procéder à un coup d’Etat afin de faire main basse sur le pouvoir. Quant aux autres, des interrogations persistent sur leur attitude du oui, oui, oui.

Selon les conférenciers, ils sont allés à la rencontre de Ouagadougou, les 14 et 15 avril,  avec la tête pleine d’interrogations sur les motivations et l’attitude des uns et des autres vis-à-vis de l’Accord-cadre signé le 06 avril entre la Cedeao et le Cnrdre.  Et effectivement, dans la capitale burkinabé, les participants ont beaucoup discuté sur certains points comme la prolongation du mandat des députés, le maintien de l’intérimaire à la tête de l’Etat pendant la transition, la durée de cette période. Les conférenciers ont expliqué qu’un autre coup d’Etat a été évité quand certains participants ont voulu imposer leur projet de laisser Dioncounda Traoré assurer la présidence de la transition, contrairement à l’esprit de l’Accord-cadre du 06 avril.

La Csm, quant à elle, estime que le Mali a besoin d’un homme neutre et consensuel pour diriger la période transition. Pour Poulo, il est certes difficile de rencontrer l’homme providentiel, mais il existe certainement dans ce pays des hommes, civils ou militaires, qui trainent moins de casseroles que d’autres. Il s’agit juste de chercher. Et il rejoint Mountaga Tall qui soutient qu’il est également nécessaire d’organiser des assises pour lancer la refondation. Cela est d’autant plus nécessaire que le juriste qu’il est ne comprend absolument plus rien à la configuration juridique de ce pays où les pratiques de ces derniers jours, liées à la gestion de la crise institutionnelle, jurent avec la loi et l’ordre. Ses assises sont urgentes et nécessaires parce qu’elles doivent permettre de faire face à la seule priorité qui vaille : la crise du nord. C’est à cela et à cela que l’on doit penser, et pour ce faire, «oublier les agendas personnels » pour ne penser qu’au Mali. Le temps presse et la communauté internationale susceptible et soucieuse d’aider le Mali n’a pas d’interlocuteurs. C’est pourquoi, il est plus qu’urgent de constituer le gouvernement de transition. Toutefois, estime un responsable de la Csm, il n’est pas question de cautionner un gouvernement d’union nationale sans consulter les forces vives de la nation.

Or, visiblement, la junte n’a consulté personne pour choisir ses ministres et le pays risque un nouveau blocage.

Cheick Tandina

 

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