«La période que nous avons abordée exige que nous luttons contre nous-mêmes, contre notre tendance à la jouissance immédiate des biens matériels. Le succès de cette lutte que nous devons mener de façon rigoureuse et implacable conditionne tout l’avenir de notre action politique, dans l’immédiat, à moyen terme et à long terme.» (Kim Il Sung).
C’est avec grand intérêt que bien de Maliennes et de Maliens ont suivi pendant presque une heure d’horloge le discours- programme du gouvernement de transition prononcé ou présenté par le Premier ministre Moctar Ouane. C’était vendredi, le 19 février courant devant le Conseil national de transition (CNT). Dans ce discours, nous avons retenu les lignes phares suivantes:
La tenue du dialogue avec les frères qui ont pris les armes contre leur propre peuple et son armée.
– La relecture de l’accord d’Alger.
– La réduction du train de vie de l’État malien.
– Le respect du délai de dix-huit (18) mois imparti à la transition.
A la lumière de ce discours que nous qualifions de fleuve, il convient de dire que nous sommes partagés entre l’espoir de voir naître et fleurir le Mali nouveau et le doute hyperbolique. Tout cela, non sans raison.
D’abord l’espoir de la fondation du Mali nouveau
– En promettant la réduction du train de vie de l’État, il y a lieu d’espérer que désormais, il n’y aura pas de Maliens élus de Dieu se donnant le droit de faire la bamboula avec les biens et l’argent de l’État. Cela a pour avantage de contraindre avant tout les hauts placés à vivre désormais de leur salaire. Ainsi, ce serait adieu la gabegie, la surfacturation, la corruption et la délinquance financière. La réduction du train de vie de l’État permet à la justice malienne de s’approprier la méthode d’enquête d’enrichissement illicite par les signes extérieurs de richesse. Si ce programme est mis en œuvre, les voitures de l’État reviendront à l’État pour les services d’intérêt public.
– Quant à la relecture de l’accord de paix d’Alger, elle est appelée de tous ses vœux par le peuple travailleur du Mali. Cette relecture, si la France pouvait jouer franc jeu dans cette affaire, permettra à notre pays de se réunifier véritablement. Wait and see !
Le dialogue avec les djihadistes a été exprimé et souhaité dans les conclusions du Dialogue national inclusif (DNI) organisé par le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Si le Premier ministre Moctar Ouane pouvait traduire ce vœu dans la pratique, il aurait réussi un coup de maître. L’on sait que la France rejette ce dialogue parce que ne pouvant servir ses intérêts coloniaux. Mais tout compte fait, le Mali n’est pas et ne sera pas un gouvernorat de la France coloniale.
Fily Dabo disait avec forte conviction: «Aucun État, si puissant soit-il, n’a le droit d’en subjuguer un autre, quelles que soient ces intentions ; il en résulte que la colonisation n’a pas de fondement moral, que tout peuple asservi a le devoir de secouer son joug.»
En tout cas, la France est là, depuis 2013. Mais le terrorisme continue à ensanglanter notre sol. C’est dire que le dialogue est aussi une solution parce que la guerre à elle seule a montré toutes ses limites au regard des implications étrangères sur le terrain. Tout compte fait, la France doit se rendre à l’évidence qu’une nation qui en opprime une autre ne saurait être libre.
Enfin, le respect du délai fixé à la transition est l’idéal. Mais, il est contre productif de s’en tenir là pour organiser des élections pour revenir à la case départ en permettant aux mêmes politiciens affairistes de se remettre en scelle.
Pour nous, la première et ultime mission de la transition c’est engager la lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière. Cela aura l’avantage de mettre les Maliens au travail, d’apprendre à vivre de leur propre salaire et de sanctionner ceux qui prennent leur salaire sans le mériter. Ce n’est un secret pour personne au Mali que l’absentéisme est à la mode partout dans l’administration malienne. Par là seulement passe la refondation de l’État malien pour un Mali radicalement nouveau.
Fodé KEITA