En lisant cet extrait d’une interview exclusive accordée par IBK au bimensuel “Construire l’Afrique” (Mars 2007) et en lisant la dernière interview du 30 juin 2019 accordée à Jeune Afrique (JA) on se rend à l’évidence que le président a trahi la confiance placée en lui par les Maliens pour servir l’intérêt des officiels français…
Question relative à l’Accord d’Alger du 4 juillet 2006 adressée à IBK: Qu’auriez-vous fait à la place du Président de la République Amadou Toumani Touré (ATT) ?
IBK : J’ai été Chef du Gouvernement, au plus fort de la crise du Nord ; je me suis immédiatement rendu sur le terrain, dans le Nord, au moment où le sang était encore frais ; j’ai vécu et partagé, sur place, la douleur des familles qui ont perdu un des leurs. J’ai rencontré les insurgés et leur ai dit que, seul l’Etat avait le droit d’user de la force et, cela, dans des cas bien spécifiques ; que tout soulèvement d’éléments des Forces armées et de l’ordre était, pour moi, illégal et illicite. J’ai marqué ma détermination à combattre toute revendication faite en usant de la force et j’ai enjoint aux rebelles de déposer les armes. Tout cela a abouti au Pacte National. Les retards pris dans son application sont dus à plusieurs facteurs. En effet, nos partenaires qui sont prompts à faire des promesses ont, malheureusement, tendance à libérer difficilement et rapidement, leurs engagements. Dans le cas présent de la récente mutinerie de Kidal, il n’était point nécessaire d’aller chercher la médiation d’un pays ami, de l’impliquer dans ce dossier et d’en faire une partie prenante, au point que le Comité de gestion et de suivi mis en place comprenne, outre les Représentants de l’Etat malien, ceux des mutins et du Médiateur étranger. En tant que Malien, drapé dans sa dignité, je me sens mal dans ma peau.
Nous avons tous constaté que nos dirigeants ont fait preuve de faiblesse et de manque de courage dans cette affaire ; ils n’ont pas réalisé que c’était là, l’occasion pour eux, de se mettre à la hauteur de leur mission historique, de garantir l’intégrité territoriale du pays et de mettre la région de Kidal au même niveau de préoccupations que toutes les autres régions du Mali. En réalité, il y avait une crise de confiance entre les mutins du Nord et le pouvoir central ; les mutins n’ont pas cru à la volonté d’ATT de respecter sa parole ; à la veille de leur soulèvement, ils venaient, en effet, de quitter le Président de la République… Le Mali a cette chance d’être une Nation depuis des temps très anciens ; c’est une Nation, historiquement fondée sur les bases d’une communauté de territoire, de langues, de vie économique et d’organisation sociale communes, qui se fondent dans une communauté de culture, de traditions et de partage.
Grand et vieux pays de l’Afrique Occidentale, carrefour de civilisations fondatrices d’entités prestigieuses, le Mali est constitué en Etat depuis le 11ème siècle, date de la création du premier Etat fondé et géré par des Africains. Ce fut l’empire du Ghana ; ce premier Etat africain et noir a émerveillé les historiens, par son haut degré d’organisation et sa place rapidement acquise dans le monde d’alors. Ce sont, là, des atouts exceptionnels que nous devons savoir conserver, préserver et transmettre, de génération en génération. C’est ce qui nous permet, chaque fois, de rebondir et de faire en sorte que tout problème soit pris en charge par les Maliens, en puisant dans nos valeurs communes. Au Mali, nous devons donc arriver à résoudre nos problèmes et nos différends, dans le cadre d’un dialogue confiant ; ce qui a manqué entre les rebelles et ATT. Dans cette affaire de Kidal, oui, je crois, que nos dirigeants ont fui leur responsabilité. Car, leur comportement remet en cause les fondements constitutionnels de la République, de même que les bases de l’équité et de l’équilibre entre les Régions… ».
Et IBK interviewé par Jeune Afrique (JA) le 30 Juin 2019 :
– Sur la Minusma et Barkhane, un président désarmé, impuissant, bien qu’il salue vivement leur présence. Il dit avoir répété 100 fois que le mandat de la Minusma est restreint, ce que nous aussi disons ici tout le temps. Pourquoi donc ne pas négocier un mandat élargi au moment où beaucoup saluent l’action de Tiébilé Dramé bien qu’on n’ait rien vu d’abord de consistant à part l’activisme médiatique et surtout que le mandat de la MINUSMA vient d’être renouvelé ? Pourquoi le président et son ministre des Affaires étrangères n’ont pas, au moins, réussi à élargir ce mandat dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ?
– Sur les équipements de l’armée, c’est là que nous avions trouvé le président le plus décevant. Élu en 2013 où aucun avion n’était en état de voler, dit-il, il a fait l’effort d’en acquérir quelques-uns avec la France. Ce qui est une bonne chose ; mais il confirme que s’il a fait son récent déplacement au centre, dans un Casa malien, les hélicos sont cloués au sol, faute de maintenance. Et que lui n’était pas à l’aise de faire le reste du trajet dans un avion de la Minusma. Des avions cloués au sol, faute de maintenance ; alors qu’on est en guerre ?
En fait, de l’analyse succincte de ces deux interventions, on se rend à l’évidence que l’actuel président de la République Mali est incapable de sortir le Mali de la crise. Pis, il a étalé un Mali pitoyable, impuissant, assisté, rien de plus que sa trahison de la confiance placée en lui par les Maliens au profit de l’intérêt de la France dont il a d’ailleurs la nationalité.
Tientigui