La liste des membres du nouveau gouvernement de transition a été publiée le vendredi 11 juin dans l’après-midi. Avec ses 28 membres, la nouvelle équipe gouvernementale dite de rupture viole les dispositions de la charte de la transition.
Le gouvernement dirigé par Dr. Choguel Kokalla Maïga compte 28 membres dont 03 ministres délégués. Ce qui constitue une violation de la charte de la Transition qui stipule en son article 11, alinéa 3 : Le Gouvernement de la Transition est constitué de Vingt-cinq (25) membres au plus.
Pourtant, les anciens président et Premier ministre de la Transition ont été mis hors de leurs prérogatives pour avoir, dit-on, violé la charte de la transition. Quid des signataires du décret N°2021-0385/PT-RM du 11 juin 2021 portant nomination des membres du gouvernement ?
Autre violation : la loi n°2015-052/ du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives qui prévoit 30% de l’un ou l’autre sexe dans les fonctions nominatives et électives. Puisque le gouvernement ne compte que 06 femmes sur 28 membres soit 23,07%. Dans l’ordre de préséance, la première femme occupe la 7e place.
Les portefeuilles clés occupés par les militaires et leurs proches
09 membres de l’équipe Moctar Ouane I se retrouvent dans le nouveau gouvernement, 18 personnalités font leur entrée et un revenant. Il s’agit d’Abdoulaye Diop, nommé aux Affaires étrangères, un poste qu’il avait occupé sous IBK. C’est d’ailleurs sous son impulsion que l’Accord d’Alger a été signé. Sa nomination est un gage de bonne foi de la transition à la Communauté internationale.
Cette équipe gouvernementale est composée de militaires du CNSP (dissous sur papier) et de leurs proches, qui occupent les portefeuilles clés. En plus de Sadio Camara, un des putschistes qui avait été limogé par l’ancien président de la transition, nommé à la Défense et aux Anciens combattants, on peut citer, colonel-major Ismaël Wagué, qui dirige le département très stratégique de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, Alousseni Sanou, à l’Économie et aux Finances, et surtout le très controversé Lamine Seydou Traoré, nommé ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau.
La reconduction de celui-ci, qui avait été limogé par l’ancien président de la transition, constitue l’une des plus grosses déceptions du gouvernement de Dr. Maïga. En plus de son incapacité notoire à fournir convenablement de l’électricité aux Mali, celui qui se dit «grand Républicain», est empêtré dans l’affaire du permis minier de Manankoto, dont on n’a pas encore fini d’en parler (voir Le Wagadu n°97 du mercredi 09 juin).
Sa nomination est un mauvais signal envoyé aux multinationales et par ricochet aux bailleurs de fonds comme le Canada dont les ressortissants sont les principaux actionnaires de B2Gold. Ce pays contribue, selon nos informations, à hauteur de 16 milliards FCFA à l’aide budgétaire au Mali. Lamine Seydou Traoré est soupçonné aussi d’avoir divulgué le contenu d’une conversation téléphonique sur les réseaux sociaux. Un comportement qui tranche avec celui d’un homme d’Etat.
La présence des membres du M5-RFP
Les membres du M5-RFP, le mouvement de contestation à la base de la chute d’IBK, font également leur entrée dans le gouvernement. On peut citer Pr. Ibrahim Ikassa Maïga au ministère de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions, Oumarou Diarra au ministère délégué auprès du ministre de la Santé et du Développement social, chargé de l’Action humanitaire, de la Solidarité, des Réfugiés et des Déplacés.
Les partis politiques comme l’URD, le parti de feu Soumaïla Cissé, le CNID-Faso Yirawa Ton et l’Adp-Mali sont également représentés dans le gouvernement. Des personnalités, comme Mahamadou Kassogué, ancien Procureur du pôle économique, a été nommé au département de la Justice. Il sera chargé de mettre la lumière sur les dossiers de corruption et celui des tueries des 10,11 12 juillet 2020, si cher au M5-RFP.
Les groupes armés et les syndicalistes sont également représentés dans le gouvernement de Dr. Choguel Kokalla Maïga. On note toutefois l’absence notable de la quasi-totalité des partis du mouvement démocratique. Les partis de l’ancienne majorité ont dans un communiqué dénoncé la façon dont le gouvernement a été mis en place. Vont-ils constituer un front anti-transition ? Les prochains jours nous en édifieront.
Abdrahamane SISSOKO