C’est ce matin que le nouveau président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita alias IBK, prend officiellement en main les destinées du Mali. Ce sera à l’issue d’une cérémonie solennelle de prestation de serment devant les membres de la Cour suprême, réunis au grand complet au centre international de conférence de Bamako. En présence des présidents des institutions, du corps diplomatique, des représentants de la classe politique et de ses principaux collaborateurs, IBK va jurer, devant Dieu et le peuple malien, de veiller au respect de la Constitution, à l’intégrité du territoire national et à défendre partout l’intérêt du peuple malien.
Le mercredi 4 septembre consacrera désormais la date de l’entrée en fonction du nouveau président de la République. Ce sera, selon les observateurs le nouveau 8 juin célébré sous l’ancien président Amadou Toumani Touré. La cérémonie doit commencer par la phase administrative et protocolaire du palais de Koulouba en passant par la phase juridictionnelle du CICB devant la Cour suprême qui va s’y transporter pour la circonstance pour se terminer avec la phase du dépôt de gerbes de fleurs au monument de l’indépendance.
Voici, étape par étape, le programme de la cérémonie d’investiture de ce mercredi 4 septembre 2013 à Bamako. Tout commencera par la cérémonie de passation de pouvoir. A compter de 9 heures déjà, c’est l’arrivée au Palais de Koulouba du nouveau président de la République. Les honneurs militaires lui seront rendus par la Garde présidentielle à sa descente de voiture. IBK traversera une haie d’honneur, sabre au clair, et sera accueilli sur le perron du Palais par le président sortant, Pr. Dioncounda Traoré. Le Directeur du Protocole invitera alors les deux présidents à prendre place dans un salon pour un entretien de quelques minutes, suivi d’une prise de photos.
Ensuite, le directeur du protocole invitera les deux hommes à se diriger vers le bureau présidentiel pour la passation du pouvoir. A l’issue de cette phase, le président sortant prendra congé du président de la République qui l’accompagne sur le perron. Dioncounda Traoré s’inclinera ensuite devant le drapeau pour quitter le palais de Koulouba sous escorte réduite pour sa résidence privée.
A partir de 10 heures, c’est le départ pour le Centre International de Conférence de Bamako (CICB) du nouveau président de la République, accompagné de son épouse. C’est là que commence la cérémonie de prestation de serment, pour laquelle la mise en place doit être terminée à 9 heures et demi avec la présence du Premier ministre sortant, Diango Cissoko (il sera accueilli par le ministre de l’Economie et de l’Action humanitaire, Mamadou Namory Traoré).
A son arrivée au CICB vers 10 heures et quart, le président de la République, IBK, accompagné de son épouse, sera accueilli, à leur descente de voiture, par le Premier ministre Diango Cissoko.
Arrivé au niveau du drapeau, le président de la République s’inclinera pour passer ensuite en revue les troupes lui rendant les honneurs. Il saluera sur le perron les membres des corps constitués : président de la Cour Suprême, Nouhoum Tapily, les membres du bureau de la Cour Suprême, le gouverneur du district de Bamako, Georges Togo, le maire du district, Adama Sangaré, le maire de la Commune III de Bamako, Abdel Kader Sidibé, la directrice du CICB, le lieutenant-colonel Samaké Mariétou Dembélé. Le couple présidentiel s’installera ensuite dans la loge présidentielle tandis que les membres de la Cour Suprême gagneront leur salon, et que le Premier ministre s’installera dans la salle d’audience
C’est après que le président de la République fera son entrée dans la salle d’audience suivie de l’ouverture de l’audience solennelle par le président de la Cour. Après le réquisitoire du Procureur général, le nouveau locataire du palais de Koulouba prêtera serment conformément à la formule prévue à l’article 37 de la Constitution, que lui rappelle le président de la Cour qui le déclare installé dans ses fonctions.
Vient ensuite la cérémonie de décoration du président de la République. Celle-ci sera marquée par l’intervention du grand chancelier des ordres nationaux du Mali. Celui-ci remettra au président de la République des insignes de la dignité de Grand Croix. C’est après cela que le président de la République nouvellement installé dans ses fonctions va prononcer sa toute première allocution.
Dans cette adresse du président IBK, la réconciliation nationale, la refondation de l’armée, la restauration de l’Etat, la lutte contre la corruption, le rassemblement des forces vives de la nation autour de sa gouvernance, un statut pour l’opposition et d’autres sujets d’actualité comme les inondations seront certainement les axes majeurs. Cette phase sera couronnée par un cocktail offert par le président de la République dans la salle des banquets. Un cocktail est offert aux autres invités dans le bâtiment de la salle de presse situé face à l’entrée côté fleuve du CICB.
L’étape ultime de ce grand jour d’entrée en fonction du nouveau chef de l’Etat se déroulera au monument de l’indépendance. Les membres du gouvernement désignés par le protocole, les chefs d’Etat-major, les médaillés d’or de l’indépendance, les membres du conseil de l’ordre national, le gouverneur du district, le maire du district et le maire de la commune III y précéderont le couple présidentiel vers midi et demi. Accompagné de son épouse, le président IBK procédera au dépôt de gerbe de fleurs à cette place de souvenirs des pères de l’indépendance, après l’exécution de l’hymne national. Le président de la République accordera ensuite une interview à la presse avant de rejoindre, en compagnie de son épouse, sa résidence officielle réservée au président de la République.
IBK et l’impératif du changement
Changement “. Ce seul mot doit résumer le bréviaire que le nouveau président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, doit se donner durant son quinquennat. Seulement, tout le monde ne conçoit pas tous les contours de ce concept. Moussa Mara du parti YELEMA (changement) ne dira pas le contraire. Certes, les Maliens ont majoritairement souhaité le changement mais tous n’en mesurent pas la portée.
D’abord, les habitudes ont la vie dure. IBK aime à dire qu’elles sont tenaces. «Chassez le naturel, il revient au galop!» Certains acteurs politiques et des hauts cadres de l’administration s’offusqueront de voir les exigences du changement les frapper de plein fouet. Avec par exemple la fin des marchés de gré à gré non réglementaires, des exonérations fantaisistes à des opérateurs économiques, l’amorce d’une lutte farouche contre la corruption sous toutes ses formes, des contrôles inopinés de la présence physique des fonctionnaires à leur poste de travail vont faire tomber des têtes, certains ” amis ” du président seront refroidis dans leurs ardeurs.
Lorsque le nouveau gouvernement ne comportera que très peu de ceux qui ont déjà fait leur preuve à la tête de l’Etat, les applaudissements en faveur du nouveau chef de l’Etat baisseront d’ampleur. Et si IBK, réaffirmation de l’autorité de l’Etat oblige, venait à déclarer la guerre aux circuits d’argent sale et que l’argent se raréfie, pourra-t-on l’aduler ? Ne pas le faire comme aujourd’hui c’est oublier qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Et c’est cela qui fait que le désir de changement est une épée à double tranchant. Le président Macky Sall vient de le vérifier. La demande sociale forte peut-elle être atténuée par le nouveau Premier ministre Aminata Touré ? C’est la question dont la réponse inspirera IBK à maintenir le cap en ne décevant pas la soif du changement de son peuple.
Même si l’on ne change pas une équipe qui gagne, le besoin de sang neuf peut le susciter. Si cela se réalise, les laudateurs seront déçus. IBK doit se le prendre pour dit. Bon vent, président !
Bruno D SEGBEDJI