Le Mali a traversé une crise profonde mais, grâce “à la solidarité du monde entier”, il “est debout et en ordre de marche”, a déclaré son président Ibrahim Boubacar Kéïta, qui a souligné que le 53è anniversaire de l’indépendance du Mali, célébré dimanche, “doit être placé sous le signe de la méditation et de la communion”.
Dans son message à la Nation, le samedi soir, à la veille du 53è anniversaire de l’indépendance du pays, le président Ibrahim Boubacar Kéïta a indiqué que “le président de la République par intérim (…) Dioncounda Traoré déclarait avec assurance que c’est le nouveau président élu qui livrera aux Maliens le message du 22 septembre 2013. Le pari est gagné”. Il a ajouté que désormais “le Mali est debout et en ordre de marche”, notamment “par la solidarité du monde entier, par la volonté du peuple malien”. Le président IBK a déclaré que “de nouveau, nous remercions l’Afrique et le monde. Ils nous ont tendu la main quand la crise multidimensionnelle (…) a ébranlé les fondements mêmes de notre Nation”.
Rappelant que “des soldats d’autres nationalités sont morts sur le sol malien, pour la défense de notre patrie, pour la dignité de nos femmes et pour l’épanouissement de nos enfants”, le président IBK a appelé les Maliens à se “souvenir constamment” de “ces martyrs (…) et de tous les soldats héroïques qui ont gagné la guerre du Mali”, a-t-il dit.
Ce discours à la Nation a été l’occasion pour le président Ibrahim Boubacar Kéïta de réitérer son engagement à assurer, au cours de son mandat, une bonne gouvernance, à lutter contre la corruption, à réussir le développement et la réconciliation nationale.
“Je sais que la guerre contre la corruption ne sera pas gagnée tout de suite. Mais si nous ne la gagnions pas, nous aurons manqué de prendre en compte une des leçons majeures des crises de régime, d’État et de société que nous venons de traverser. (…) Nous la gagnerons ensemble”, a déclaré Ibrahim Boubacar Kéïta. Aussi fait-il de la réconciliation une “priorité pressante”, d’où, souligne-t-il, la création d’un Ministère chargé “de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord”. Par là, a déclaré Ibrahim Boubacar Kéïta, “il s’agit, dans notre optique, d’accélérer le développement des zones écologiques qui peuvent être des zones grises”, “mais nous savons qu’il n’y a pas de point fixe où finit le Sud et commence le Nord. (…) Le temps impose des priorités mais aucune zone et aucun système de production ne seront oubliés à terme”.
GUERRE OUVERTE À LA CORRUPTION, À LA SPÉCULATION FONCIÈRE ET AU DASPILLAGE DES BIENS PUBLICS
Toujours dans son adresse à la Natiion, le président Ibrahim Boubacar Kéita a lancé un message fort contre les fonctionnaires absentéistes ou chroniquement retardataires, contre l’utilisation des véhicules de l’État dans le transport des intrants dans des vergers personnels.
Le président a déclaré que pour lui il s’agit de réussir “une mission historique” qui “consiste à hisser le Mali à hauteur de ses ambitions contrariées d’abord, et de le faire entrer ensuite dans le cercle vertueux de la prospérité et de la stabilité”. Ce serait, déclare-t-il, “un combat difficile, qui sera de longue haleine”, qu’il s’engage à faire de “manière méthodique (…), tangible, mesurable. Nous le ferons sans concession au gaspillage de ressources et à la délinquance financière”.
Pour donc réussir cette “mission historique”, le nouveau président de la République exige le changement dans les comportements et les mentalités. Ainsi, il exige que “le service public doit être efficient. Les fonctionnaires absentéistes ou chroniquement retardataires devront impérativement modifier leur comportement”. “Les effectifs pléthoriques et désoeuvrés en train de siroter le thé dans un bureau transformé en marché, c’est fini ! Chaque responsable, au niveau où il se trouvera, sera comptable de l’efficience de ses subordonnés”, “les véhicules de l’État servant à transporter des intrants dans des vergers personnels, terminé ! Ils ne devront plus servir que les seuls besoins de leur objet”, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le chef de l’État a annoncé d’autres mesures draconiennes, comme “mettre un coup d’arrêt à la magouille foncière et à la spoliation des pauvres ou des vrais titulaires. Tout sera fait pour doter le pays d’un système cadastral fiable et ce, dans des délais raisonnables”.
Ce n’est pas tout, car IBK affirme qu’“il en sera fini des procès monnayés dans les bureaux de juges oublieux de l’éthique. Nous stopperons le délitement de l’appareil judiciaire, seul contre-pouvoir sûr dans les démocraties représentatives (…)”.
Le président IBK promet que “l’argent de l’État restera dans les caisses de l’État, ou sera investi à bon escient au service de l’intérêt général” et que “s’il faut sortir la main de fer du gant de velours pour le salut, le respect et l’intérêt du peuple malien, je le sortirai sans hésiter. Mais je sais que la corruption se gagne d’abord par des réformes systémiques”, qu’il entend engager.
Baba SANGARÉ