Face a la confusion, la crise d’autorité et les violations tous azimuts : Le gouvernement se décrédibilise

5

Redevable à la soldatesque de Kati jusque de son âme, le gouvernement de Cheick Modibo Diarra a du mal à faire face convenablement à ses responsabilités. Il en est confus et perdu dans les dédales, au point d’être souvent contraint aux exercices alchimiques. À son manque d’emprise sur l’autorité de l’État s’ajoute du coup une perte considérable de crédit, tant auprès des concitoyens qu’aux yeux de l’opinion internationale.

 

Cheick Modibo Diarra, Premier ministre malien du gouvernement de transition. © AFP

S’il est une priorité à laquelle le gouvernement doit se consacrer, c’est bien la conquête d’autorité. Et pour cause : confusion et absence d’autorité obligent, le gouvernement de transition se cherche au point d’en être réduit à la transformation du journal télévisé du principal canal médiatique public en rubrique des avis et communiqués. Le téléspectateur malien est ainsi sidéré de devoir consommer, dans le même journal de l’ORTM, deux jusqu’à trois ”communiqués du Gouvernement”. C’est la façon que l’équipe du Dr. Cheick Modibo Diarra a choisi pour sortir du purgatoire où il se trouve, depuis qu’il est engagé dans le processus du retour à l’ordre constitutionnel. Ce processus comporte manifestement des implications, voire des contraintes pour lesquelles l’effectivité fait cruellement défaut et se fait encore attendre, depuis l’installation de cet organe de transition. Comme dans une jungle, la loi du plus fort – ou du moins celle du mieux armé – continue d’affecter le quotidien des Maliens, comme au lendemain de la mutinerie devenue coup d’État par la force des circonstances.
En attestent pour le moins les procédures extrajudiciaires tous azimuts, sous la forme d’arrestations abusives comme de perquisitions irrégulières, qui inscrivent depuis un certain temps le pays dans un régime de justice à multiples vitesses où les jugements d’une soldatesque rendent blancs  ou noirs les citoyens, selon leur  allégeance ou leur rejet du CNRDRE. Et quand il ne revient pas à celui-ci de rendre les verdicts, des orientations et des instructions fermes sont données dans le sens souhaité à qui de droit. Ce fut le cas, par exemple, pour le traitement diligent que les tribunaux ont réservé à l’épisode de l’affrontement entre unités de l’armée malienne, un dossier que le Comité National de Redressement de la Démocratie et de Restauration de l’Etat a réussi à faire passer pour “une atteinte à la sûreté de l’Etat”, sans qu’aucun des protagonistes n’ait qualité pour représenter l’État.
Ce n’est pas tout. À l’instar des simples justiciables, les institutions de la République sont également assujetties au même régime sélectif, puisque protégés ou déprotégés par la puissance publique, en fonction de leur proximité avec le QG des putschistes sis à Kati. C’est ainsi que le président de la République se relève aujourd’hui à peine d’une agression sauvage perpétrée par de vulgaires vandales, tandis que l’Assemblée Nationale du Mali continue de vivre avec la psychose d’une possible invasion par des manifestants discrètement conditionnés par des mains invisibles.
Une atmosphère aussi peu lisible fait naturellement peu de place à la jouissance des droits les plus élémentaires. Ceux-ci sont ainsi constamment piétinés et violés, parfois au gré de la vénalité de groupuscules périphériques de l’armée, mais si souvent avec la caution et la bénédiction de la junte putschiste. L’escalade des violations n’a de cesse d’emprunter l’ascenseur, depuis les événements du 22 Mars, et continue de se traduire par la transformation de l’armée en machine d’enlèvements de paisibles citoyens, en instrument de règlements de comptes et de chantage, au mépris de tout ordre régalien et en dépit des engagements solennels passés avec la Cedeao.
La liste des victimes  de cette terreur est beaucoup plus longue, mais les derniers cas en date remontent à moins d’une semaine. Ils concernent respectivement le Directeur Général de la Douane, Modibo Maïga, et le PDG de GDCM, Modibo Keïta. Le premier a été la cible de persécutions par des coups de fils au nom de la junte, suite à une visite du Ministre des Finances dans les locaux de la Douane saccagés par les putschistes, tandis que le second est quant est lui harcelé par des recherches actives à travers la ville de Bamako. Auparavant, un opérateur économique du nom d’Afourou N’Daou est passé par les mêmes misères et continue de payer un lourd tribut pour sa proximité avec l’ancien chef de l’État, Amadou Toumani Touré.
Ce registre ne comprend pas du reste les nombreux autres cas d’interpellations abusives de journalistes et d’empiètement sur les libertés d’opinion et de pensée. Après les confrères des journaux ‘Le Prétoire’ et ‘L’Indépendant’, c’était au tour de ceux d’AFRICABLE de faire l’objet, la semaine dernière, de perquisition irrégulière aux fins d’intercepter la diffusion d’un élément gênant pour la junte.
Ce n’est pas fortuit si le gouvernement, installé avec la bénédiction de la même junte, est comme contraint à cautionner toutes ces dérives liberticides qui lui passent visiblement par-dessus la tête. Par delà le fait que Cheick M. Diarra et son équipe lui sont redevables de leur existence, le contrôle et la mainmise sur la puissance publique n’ont jamais réellement quitté la caserne du Capitaine Amadou H. Sanogo. En dépit des engagements solennels à rendre le pouvoir aux civils, la junte y est demeurée à travers une emprise exclusive sur les principaux instruments de l’autorité de l’État que sont les forces de l’ordre,  qui vouent plus d’obéissance à Kati que de loyauté aux organes de la transition.
Dans cette confusion faite de compromission et de péril sur sa notoriété, le gouvernement est manifestement aux abois et ne sait à quels  saints se vouer. Privé de son autorité usurpée par la soldatesque, mais comptable de tous les agissements de celle-ci – y compris ceux qui portent le label d’un véritable gangstérisme – l’équipe de transition semble jeter son dévolu sur un recours très excessif aux moyens de communication, une démarche qui cache mal le malaise auquel l’expose sa complaisance dans l’aliénation.
Ainsi, face au torrent de dénonciations consécutives aux dérives privatives, Cheick Modibo Diarra et sa suite, au lieu d’affronter objectivement une question aussi cruciale que la crise d’autorité, a choisi plutôt de faire dans une dissimulation, quitte à assumer une partition de complice des faits incriminés. Il a choisi au fait de boire la coupe des péchés à la place des véritables fauteurs et se complaît si bien dans ce rôle protecteur de la junte que ses aptitudes n’ont rien à envier à celles des alchimistes. Faire passer du mica blanc pour du diamant ! C’est à cet exercice que le gouvernement a eu l’audace de s’adonner en s’essayant à une contestation des sonnettes d’alarmes sur la situation des droits de l’homme.
Mais en apportant un démenti formel sur la question – suite notamment à la dénonciation d’avocats sur les conditions des détenus du dossier “d’atteinte à la sûreté de l’Etat” -, le gouvernement de transition se rend pratiquement coupable d’insulte grave à la conscience publique. Car, au même moment où il prétend attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur le respect de ces droits au Mali, des cas de violation défrayaient la chronique et se ramassaient à la pelle dans la capitale, abstraction faite d’ailleurs du sort des concitoyens sous le joug d’une invasion barbare au nom de l’Islam : le régisseur de la Maison Centrale d’Arrêt venait d’être enlevé et arbitrairement détenu à Kati, le siège d’AFRICABLE était la cible d’irruption musclée d’éléments armés de la même caserne, dans le but d’empêcher la diffusion d’un élément télévisé. Le gouvernement s’est du reste démarqué de tous ces agissements malencontreux, mais se démène paradoxalement pour défendre le respect des droits de l’Homme, comme si la dé-protection des libertés n’était pas synonyme de violation de droits.
A.Keïta

Commentaires via Facebook :

5 COMMENTAIRES

  1. En tant que le premier ministre ne prend pas ses responsabilités en mettant sanogo de merde et ses collègues à leur place,le mali restera ds le trou.Il a pleuré en france quand il parlait de dionkounda car il sait qui sont à la base de ce problème et qu’il est complice de loin ou de près de cette situation en laissant la cendre foutre la merde dans notre pays

  2. Le M. A(lbert?) Keita nostalgie avec la farce qui est la republique et ses institutions au Mali. C’est fini! Mais, il n’a rien compris. La grande majorite ne veut plus un systemde de gouvernance a la kafr. Demander n’importe quel paysan! Et c’est bien la majorite.

  3. le governement actuelle cest ce niqueur de sanogo diarra ne peut rien faire il est la marionnete de sanogio et dela junte
    tout les rat de san est conplice
    aucune autoriter de letat peut parler aujourdhui tout est censure tout les telephone sont sur ecoute le premier ministre est dicter par sanogocarement cest ce bidas qui dirige le mali actuelement cest pas dioncounda ni le pm
    dioncounda a raison, il faut lui securiser
    quant ces bidas areter qui il veule cest pas posible que les malien acepte quil soit diriger par des farfelue

    • Calme toi un peu, il ne sert à rien de continuer a t’emporté contre Sanogo, de toutes les façons que tu acceptes ou pas Sanogo a trouvé une situation qui n’était guerre réjouissante. Il faut comprendre qu’il y avait des Maliens qui souffraient en silence dans leurs chaires, des Maliens qui ont été délivrés par cet homme courageux de Sanogo.
      Je ne sui ni pour ni contre X ou Y, j’essaye de comprendre le pourquoi, car, il ne s’agit pas d’être contre le putsch pour être qualifié de démocrate. La démocratie c’est le comportement des institutions et des acteurs.
      Je t’invite à faire avec un peu d’objectivité, une analyse approfondie de la situation sociopolitique et sécuritaire du pays pour non pas comprendre mais accepter ce qui est arrivé.
      Puisque tu refuses d’accepter mais ne rêves surtout pas car plus rien ne fera retourner ATT au pouvoir au Mali, c’est fini pour lui et ses compagnons, nous avons tourné leur page, maintenant c’est le changement que nous venons d’entamer, il ne faut pas rater le train du changement. Le monde évolue c’est vous qui refuser à votre peuple d’évoluer, c’est injuste.
      On ne peut pas tout sur le dos du peuple, c’est le réveil mais vous dormez encore, nous sommes au 21ème siècle. Nous sommes près au sacrifice pour sortir le peuple assujetti.

  4. Tout le monde sait aujourd’hui que le 1er ministre et son gouvernement sont sous les ordres du CNRDE. Le 1er ministre a pactisé avec Sanogo et n’est que sa marionnette.

    Il est utilisé pour faire échouer la transition et retarder le processus de sortie de crise tout en s’opposant à l’intervention d’une force internationale pour sécuriser les institutions de transition et libérer le Nord.

    Si le 1er ministre n’est pas complice de Sanogo, s’il n’est pas l’auteur des arrestations arbitraires et séquestrations, s’il n’est pas complice de la tentative d’assassinat de Djoncounda alors qu’il démissionne pour prouver au Peuple qu’il ne les approuve pas. Un 1er ministre dit de pleins pouvoirs ne peut pas être étranger à ces violations de droits sous son mandat. Il doit en répondre.

    Le Mali est pris en otage par Sanogo et le gouvernement de Cheikh Diarra qui trompe la communauté internationale et le Peuple.

Comments are closed.