Au lieu de trouver une solution rapide au drame sanitaire né de l’éclatement de ses tuyaux de cyanure à Djidjan, la société minière “SOMILO”, filiale du géant Randgold Resources, engage des journalistes pour faire de la propagande. Procès-Verbal, quant à lui, a refusé l’offre.
Dans notre parution n°271 du 13 octobre 2014, nous évoquions l’éclatement des tuyaux de cyanure qui traversent le village de Djidjan, tuyaux posés par la compagnie minière SOMILO, une filiale du géant Randgold Resources. Nous précisions que l’éclatement des tuyaux plongeait les villageois dans un danger de mort. Suite à notre article, nous avons été approché par des responsables de Randgold. Ils nous proposaient de nous transporter par avion sur le site de Djidjan où, en compagnie d’autres journalistes et moyennant des perdiems, nous aurions produit des articles de propagande au profit de SOMILO. Nous avons, bien sûr, refusé l’offre, préférant investiguer par nos propres moyens et de manière tout à fait indépendante.
Pratique illicite
En posant ses tuyaux de cyanure en plein village de Djidjan, la SOMILO viole la réglementation minière et environnementale. Celle-ci exige, pour préserver la vie et la santé des populations, de poser les tuyaux hors des zones habitées. La SOMILO ne l’ignore pas. En effet, ses concurrentes prennent toutes les précautions pour ne pas indisposer les populations. Ainsi, à Sadiola, la société minière IAMGOLD a posé ses tuyaux de cyanure à 18 km du village, de peur d’exposer la santé des villageois à un péril du genre qui vient de se produire à Djidjan. IAMGOLD a aussi installé des canalisations pour transporter l’eau potable de Diamou, village situé à 50 km, et la distribuer gratuitement à la population de Sadiola. IAMGOLD, soucieuse d’atténuer les effets de la poussière provoquée par le va-et-vient de ses camions, procède quotidiennement à l’arrosage des pistes voisines de Sadiola. A Siama, autre site d’exploitation minière, les mêmes dispositions sont prises pour mettre les populations à l’abri des produits utilisés dans le traitement de l’or.
A Djidjan, c’est le contraire que l’on constate.
La SOMILO ne fournit pas d’eau potable aux populations. Pourtant, un cours d’eau se trouve à moins de 2 km de la localité. Les villageois sont, du coup, obligés de boire l’eau de puits contaminée par les produits toxiques qui coulent des tuyaux éclatés de la SOMILO. Arroser les pistes pour éviter la poussière ? La SOMILO ne l’a pas au programme, voulant réaliser le maximum d’économies. Constat d’un villageois qui garde le sens de l’humour: “Si vous déposez un œuf dans les rues de Djidjan, il se remplira de poussière!”.
Mission d’enquête
Notre article, qui faisait état, photos à l’appui, de l’éclatement des tuyaux de cyanure à Djidjan n’a pas manqué d’attirer l’attention des autorités. Une délégation du gouverneur de Kayes s’est ainsi rendue sur le site, samedi 18 octobre 2014, pour s’enquérir de l’effectivité des fuites de cyanure. La délégation était conduite par le sous-préfet de Djidjan, M. Maiga. Confortablement reçus par la SOMILO dans son usine de Djidjan, les missionnaires ont, dans un premier temps, tenté de convaincre les villageois que l’eau du village n’est nullement polluée; certains missionnaires ont même brandi des exemplaires de votre journal pour mieux en démentir les allégations. Colère des villageois qui crient: “Venez donc visiter avec nous les tuyaux éclatés!”. La délégation, guidée par les populations, a alors pu constater l’ampleur des dégâts. A la fin de la mission du sous-préfet, les populations ont été encouragées par certains membres de la délégation à se battre pour leur santé car, selon ces interlocuteurs, l’Etat, à moins d’y être contraint, n’agira jamais contre les intérêts des sociétés minières qui lui procurent une bonne partie de ses ressources. “Les infections respiratoires et gastriques sont le lot quotidien des villageois de Djidjan”, reconnaît un membre de la délégation. Constat confirmé par un médecin local selon lequel 80% de la population souffre d’infections respiratoires et gastriques. “Lorsque vous venez à Djidjan, vous contractez, deux ans plus tard, une détérioration de votre santé”, ajoute le médecin.
Discrimination
Ironie du sort, une fois hors du Mali, Randgold, propriétaire de la SOMILO, veille jalousement sur les intérêts des populations. En Côte d’Ivoire, par exemple, Randgold détient une mine à Tongon, à 55 km de la frontière malienne, dans la sous-préfecture de M’Bengué. La société “Tongon SA”, qui exploite la mine, est détenue à 89% par Randgold et à 11 % par l’État ivoirien. A Tongon, Randgold veille aux bonnes relations avec les villageois. Elle a consacré, en 2012, 375 millions de FCFA (0,4% de se’s profits) à des travaux de santé, d’adduction d’eau, d’électrification et d’éducation au profit des villageois. Les tuyaux transportant le cyanure sont implantés à plusieurs kilomètres du village. Au cours d’une visite organisée en faveur de la presse ivoirienne en avril 2013, Mark Bristow, directeur exécutif de Randgold, déclarait: “Les banques ne nous financent pas en Côte d’Ivoire. C’est l’argent gagné au Mali que nous avons investi ici”.
Au Sénégal, Randgold mène des recherches minières dans la localité de Massawa. Elle s’est engagée à respecter l’environnement et à réaliser des projets de développement en faveur des populations. Mark Bristow ne se gêne pas de marteler, à Dakar, que “pour qu’un pays tire profit de l’exploitation de l’or, qu’il fallait un partenariat entre l’État, le capital et les populations”.
A Djidjan, ces bonnes paroles n’ont pas cours. L’explication tient au mépris où Randgold tient les lois et les autorités maliennes.
Abdoulaye Guindo
acharnement m. le journaleux! c’est le troisième de suite. tu as pris combien avec ses gens ?
Monsieur le journaliste s’il vous plaît soyez un tout petit peu professionnel. Avez vous mener correctement vos investigations? moi j’ai des doutes. Vous dites qu’il ya eu éclatement des tuyaux contenant le cyanure, est ce que vous savez ce que c’est ce produit? si c’est réellement le cas il doit y avoir beaucoup de morts en ce moment. Avez vous dénombré des morts? Combien sont ils? Avez vous eu vent d’éventuelles plaintes des parents des victimes? les avez vous approché? Vous savez monsieur le journaliste l’autopsie existe ici au Mali et nous avons de médecins légistes très compétents au cas où !
Vos lecteurs attendent les preuves de ce que vous avancez.
Pauvre journaleux!!!
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