Dégradation des conditions sécuritaires au centre et au nord, exacerbation de la crise sociopolitique au sud, le Mali est aujourd’hui à la croisée des chemins. Pays millénaire et des braves conquérants le Mali ne saurait manquer des ressorts solides pour juguler toutes les épreuves de quelque nature qu’elles soient, d’où cet appel pressent au Président de la transition, le Colonel Assimi Goita pour qu’il rassemble les maliens autour du Mali. De quelques obédiences idéologique, religieuse, politique qu’ils soient, toutes les maliennes et tous les maliens ont leur place sous l’arbre à palabre pour parler d’une seule et même voix afin de trouver des solutions aux complexes et difficiles questions du moment. Quand le pays fait face aux périls qui menacent son existence, il est du devoir du père de la nation de rassembler à coût de concessions et de compromis pour éviter qu’il ne s’effondre. Pour ce faire voici trois propositions
La première proposition serait la relaxe pure et simple des détenus politiques et ceux d’opinion pour apaiser le climat sociopolitique. Cette proposition aura l’avantage de décrisper la tension politique et de permettre à une frange importante de la classe politique et de la société civile de participer au processus de sortie de crise et même de la transition. Cette proposition permettra de résoudre la question d’inclusivité, de consensus, voire de compromis autour des questions existentielles et cruciales. Que le Président de la transition comprenne que le tout militaire ne saurait être une réponse durable même à la crise sécuritaire et que le dialogue et la réconciliation ont toujours été des vertus cardinales qui ont permis de résoudre nos différends qu’ils soient inter ou intracommunautaires. Il y a plein d’exemples dans l’histoire du Mali. L’exemple le plus illustratif est l’empire du Mali qui a été fondé par Soundiata Keita et dont la Charte Unificatrice qui est celle de Kurukanfugu est le fruit d’un large consensus entre les différents Etats indépendants. La solidarité, la tolérance, l’unité et la cohésion sur fond de liberté, ont été le ciment qui a consolidé les relations humaines dans notre pays.
La deuxième proposition est la mise en place d’un gouvernement de large ouverture afin de faire face aux périls du moment
Crise sociale jamais égalée dans l’histoire récente du Mali, crise économique et financière exacerbée par une crise mondiale, avec comme corollaire la perte d’emplois et de pouvoirs d’achat des chefs de ménage, crise politique avec en toile de fonds une stigmatisation des acteurs politiques, Crise sécuritaire avec la reprise des hostilités entre les belligérants au nord et attaques meurtrières récurrentes des hors la loi que sont les terroristes au centre, bref le Mali se trouve embourber dans une série de crises sans précédent. Le hic c’est l’inaction du gouvernement, voire son incompétence à réagir et même à faire la moindre proposition. Le PM et le ministre des Affaires étrangères continuent avec leurs diatribes vexatoires contre l’occident et les organisations régionales et internationales sans jamais aborder les préoccupations majeures, encore moins faire des propositions de sortie de crise. Ce gouvernement ne mérite plus d’avoir la confiance du peuple qui souffre énormément. Il revient au Président de la transition d’insuffler une nouvelle dynamique à l’exécutif en mettant en place un gouvernement de mission et de combat, renfermant toutes les sensibilités sociopolitiques.
La troisième proposition serait de revoir la coopération tant militaire que diplomatique en améliorant les relations du Mali avec ses voisins
Les affrontements de Tinzaouaten, dont nous ne disposons aucun bilan officiel, doivent permettre aux autorités maliennes d’évaluer la coopération du Mali avec ses partenaires privilégiés et surtout d’entamer des discussions avec les deux pays voisins qui partagent les plus longues frontières avec le Mali que sont l’Algérie et la Mauritanie en vue d’une réconciliation ou à défaut d’un compromis. Sans avoir beaucoup d’éléments d’appréciation, l’on pourrait spéculer sur ces deux pays qui seraient probablement la base arrière des rebelles et même des terroristes qui sèment la chienlit dans notre pays. Que les autorités maliennes comprennent qu’un pays n’a pas d’ami il n’a que des intérêts donc si le Mali a intérêt à coopérer avec l’Algérie en dépit des brouilles diplomatiques, et avec la Mauritanie avec qui les relations sont très tièdes, il doit y aller tout comme la Mauritanie, la Côte d’Ivoire et même la France. Ne dit-on pas que pour la paix et le développement qu’aucun sacrifice ne serait de trop ? Le Mali gagnerait davantage à fumer le calumet de la paix avec ses voisins d’abord ; ensuite avec tous les pays, surtout qu’il traverse l’une des crises les plus gravissimes.
En somme, le Président de la transition, l’aîné sans être le plus âgé, en tant que père de la Nation a la lourde responsabilité de rassembler les maliens autour du Mali. Les Maliens ont un besoin énorme de réconciliation et de paix.
Youssouf Sissoko