Le premier griot a passé la majeure partie de son discours en rendant hommage au deuxième. « … je voudrais m’acquitter avec d’autant plus de fierté qu’il revient à rendre hommage à un homme dont nous sommes, quelques-uns, dans cette salle, à oser pouvoir dire que, de tous les Chefs d’Etat français, il aura été celui dont le rapport à l’Afrique aura été le plus sincère, le plus loyal. L’histoire retiendra que c’est à Bamako, que cet hommage lui est rendu…. », a-t-il déclaré d’entrée de jeu.
Avant d’ajouter : « Je voudrais en effet rendre un hommage tout particulier au Président François Hollande qui a voulu et proposé l’organisation du 27ème sommet Afrique-France au Mali. Le 7 novembre 2013, à l’occasion du Sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique, vous avez fait la proposition de tenir à Bamako le présent Sommet. Vous l’avez fait alors que le Mali n’était pas définitivement sorti de la grave crise politico-sécuritaire qui l’avait ébranlé jusque dans ses fondements. Votre initiative traduisait la confiance que vous avez dans la capacité de notre pays de renouer avec l’ambition après avoir subi l’épreuve… »
Votre solidarité envers notre pays, poursuit-il, ‘’Monsieur le Président, vous l’aviez auparavant manifestée de manière décisive dans la circonstance la plus difficile qu’ait traversée notre Nation. Le 11 janvier 2013, vous avez répondu positivement à une demande du Président de la République par intérim, M. Dioncounda Traoré, et de la CEDEAO, notre Communauté Economique Régionale et vous avez autorisé le déploiement de l’opération Serval. Celle-ci a stoppé l’avancée des troupes terroristes et neutralisé la menace qui pesait sur l’existence même de l’Etat malien. Ce jour-là, le destin du Mali tenait à une décision résolue et rapide de votre part. Et cette décision, vous l’avez prise, Monsieur le Président, sans hésitation’’
Et le griot d’indiquer que ‘’ce n’est pas certes à Vous, Monsieur le Président, mon cher Homologue et frère que je ferais la désobligeance de rappeler que le jugement de l’histoire prend parfois du temps à être rendu, mais une fois tombé, il est sans appel et dure à jamais. Vous l’avez compris, Monsieur le Président, Cher François Hollande. Nous sommes nombreux à penser que votre courage (celui-là même qui a sauvé Konna avec Damien Boiteux, à la mémoire duquel il me plait de rendre un vibrant hommage), et votre désintéressement finiront par être reconnus. Et l’on saura admettre que vous avez, pour l’essentiel, agi au pouvoir avec honnêteté et droiture.
A en croire le griot du Mali, le temps semble capricieux et le jugement impitoyable, parce que malgré des efforts attestés vous n’avez pas opéré des miracles économiques, pas plus d’ailleurs que la plupart des nations en ces cinq dernières années. Selon lui, lorsque dans les semaines et les mois à venir, les frémissements actuels des signaux économiques se feront plus vigoureux, peut-être, sera-t-il reconnu que ce sont là les fruits de votre travail.
Le premier griot n’a pas manqué d’indiquer que les peuples africains sauront gré à son second pour avoir changé radicalement la nature et l’objet des interventions françaises en Afrique. « Tout au long de votre mandat, la France et son armée ne seront jamais intervenues qu’au chevet de la démocratie en Afrique et non plus au secours de quelque autocrate ou despote. Avec vous, Monsieur le Président, quelque chose a changé dans les pratiques politiques de la France en Afrique. Plaise au ciel que l’on ne revienne plus à l’ordre ancien », a-t-il laissé entendre. Avant de renchérir : « vous comprenez, Monsieur le Président et Cher ami François, pourquoi nous, vos amis, qui ne sommes pas concernés par les batailles internes à votre nation, sommes si confiants, si sereins sur l’image que vous laisserez, et pas seulement en Afrique. Et lorsque le temps aura remis les choses à l’endroit, et que les esprits auront digéré rancœurs et ressentiments, la France et l’Histoire, vous feront la seule place qui convienne, celle d’un homme, qui, à l’Elysée, n’a pas cessé de respirer à hauteur simplement humaine ».
Le premier griot a conclu son allocution en présentant à François Hollande des excuses pour avoir donné à mon cœur une place dont il sait qu’elle aura gêné celui.
Et le deuxième griot quant à lui a donné l’assurance que Paris restera toujours au côté du Mali, cela quatre ans presque jour pour jour après avoir ordonné l’Opération serval. Une opération qui, selon lui, aurait stoppé net l’offensive Jihadiste dans le nord du pays sahélien. « Tandis que le peuple malien tremblait, l’Europe regardait parfois avec distance ce qui se passait au Mali, ne saisissant pas toujours l’enjeu », a-t-il relevé.
Mais à présent, s’est félicité le deuxième griot, « les terroristes ne contrôlent plus aucun territoire, la démocratie a repris son cours, les élections présidentielles, législatives et Communales ont eu lieu, l’économie repart et la réconciliation avec les accords d’Alger est en cours ».
A l’en croire, c’est une leçon que la Mali adresse à la communauté internationale, mais aussi un message pour les martyrs de Syrie, d’Irak ou de Lybie. Et le deuxième de conclure son dernier discours en tant que président de France en disant « qu’il y a l’espoir de regarder vers le Mali ».
Aliou Agmour