C’est un euphémisme que de dire combien les Maliens souffrent aujourd’hui. Depuis bientôt trois mois, les Maliens sont réduits à lutter contre la panique généralisée dans une situation de crise financière abominable. Et le pire, c’est que l’espoir ne repose que sur l’accalmie précaire que ni le gouvernement, ni la classe politique, encore moins la société civile n’arrivent à consolider par des actes indélébiles de réconciliation et d’appel au sursaut national. Vers qui tourner la face ?
Le Mali est aujourd’hui ce qu’il n’a jamais été dans l’histoire des peuples : un pays divisé, ses enfants traumatisés par les atrocités de tous genres, ses responsables pris de court par les événements douloureux qui se bousculent au portillon.
Oui, ce Mali où le Président de la République en exercice et son devancier sont à l’exil, alors que les partis politiques tardent à se relever de leur guerre rivale de positionnement à travers le FDR et la COPAM. Tout le travail revient au gouvernement qui excelle dans un isolement politique sans précédent. Il n’y a aucun parti politique pour soutenir et relayer les actions du gouvernement. Pour certains, il faut remanier l’exécutif au profit d’un gouvernement d’ouverture afin de lui donner plus de crédibilité. Pour d’autres, il conviendrait de continuer avec ce gouvernement, en l’appuyant de tous les soutiens nécessaires, pour éviter d’une part l’éternel recommencement et les dépenses y afférentes, d’autre part s’assurer qu’aucun candidat ne puisse profiter des avantages liés à l’utilisation de l’Administration et des biens de l’Etat à des fins de campagne électorale. Si l’objectif est tel que les élections soient transparentes pour un aboutissement paisible et satisfaisant. Le débat est ouvert.
Il importe de noter que le combat contre la pauvreté, autrement dit l’absorption de la crise financière relève de la compétence du gouvernement qui s’y atèle depuis quelques temps tant bien que mal. Il s’agit de faire revivre des projets par-ci, de prendre de nouvelles initiatives par-là. Notamment le gouvernement est attendu sur le terrain d’une bonne campagne agricole, de l’école, de la sécurité, des infrastructures, des mines, de l’énergie et de l’eau, du commerce et de l’industrie, des sports, etc.
Reste la récurrente question de la conquête des régions occupées. Le tout dernier périple du Premier ministre est un signal fort de la volonté du gouvernement de circonscrire ce problème. Cette tournée est certes un exercice diplomatique nécessaire et de première importance, mais elle ne représente que le début du commencement. La conquête du Nord ne se passera qu’au Nord, avec les armes qu’il faut et les hommes préparés à cet effet. Le Premier ministre en a d’ailleurs conscience pour la simple raison qu’il a laissé entendre cette préoccupation dans ses messages face à la communauté malienne de France.
C’est justement cette inéluctable disposition à prendre qui suscite des interrogations. Là-dessus, nous constatons que l’heure est toujours à la collecte de soutiens pour les populations déplacées et celles sur place au Nord. Nous estimons qu’il faut lancer parallèlement une vaste opération de soutiens à l’armée dont les artistes, les entreprises, les partis politiques, les associations et organisations de la société civile, les institutions et les personnes de bonnes volontés seront les principaux maillons. Car c’est finalement vers toutes ces entités qu’il faut tourner la face pour sauver notre chère patrie.
Le bateau Mali tangue, le bateau Mali ne chavirera point. A vos marques pour marcher sans ambages sur les frères égarés !
Mamadou DABO