“Je suis convaincu que le dialogue inter-Malien va nous permettre de poser nos problèmes
entre nous et les régler de façon définitive”
Après les ministres, le Premier ministre, Dr. Choguel Kokalla Maïga était l’invité de l’émission de l’ORTM ” Mali kura taasira ” du dimanche 25 février 2024. Les sujets abordés au cours de cette émission avaient trait à la défense, à la diplomatie.
Répondant à la question sur sa santé qui a défrayé la chronique, le Premier ministre Dr. Choguel Kokalla Maïga a clairement dit qu’il se porte bien aujourd’hui. “Je me porte bien aujourd’hui. La santé d’un homme est très aléatoire et elle dépend de beaucoup de circonstances comme l’excès de travail. Dans ma vie, je n’ai pas compté avec ma santé. Quand il y a du travail, il n’y a rien d’autre, ni le repos, ni la nourriture. L’organisme paie à l’âge avancé.
Je demande aux uns et aux autres de ne jamais sacrifier leurs heures de sommeil. […] Je me porte à merveille. C’est pourquoi, je suis heureux d’être à côté des ministres qui se battent et qui font que l’action du gouvernement réussit que moi je mets en musique sous l’autorité du président de la République. Mais, ce sont les ministres qui font le gros du travail”, a-t-il réagi.
“La Transition résulte d’une manifestation de la volonté des Maliens pour faire aboutir leur aspiration de redressement du pays”
En répondant à la question “d’où vient la Transition et où va-t-elle”, le Premier ministre a fait savoir que la Transition malienne est venue de très loin même si souvent on l’a situe au 24 mai 2021 et au 7 juin 2021. Il a indiqué que dans le brouhaha politique et de l’opinion publique, les gens oublient de se poser la question d’où vient la Transition et ou va-t-elle ?
“Pour un homme, il est important de savoir d’où il vient, où est-ce qu’il est et où il veut aller. Si les gens ne se posent pas ces 3 questions, ils sont généralement à la merci de ceux qui veulent qu’ils aillent. Il faut croire à un idéal. Je suis encore convaincu qu’au Mali, ma chance personnellement a été que deux personnes se sont croisées le 7 juin 2021 lorsque le président de la Transition m’a gratifié sa confiance en me nommant Premier ministre, Chef du gouvernement.
Ce jour, je me suis engagé en faisant serment sur moi-même et en priant le Tout Puissant Dieu de ne pas le décevoir, de mériter chaque jour sa confiance, de ne pas décevoir les Maliens qui, par millions, ont fondé leur espoir sur l’entente du couple, du duo Président-Premier ministre de la Transition pour faire aboutir leur aspiration de redressement du pays.
Et l’équipe gouvernementale que j’ai formée s’est engagée dans une véritable course contre la montre pour faire face aux multiples véritables et variables défis et difficultés qui assaillent notre peuple meurtri depuis des années des souffrances et d’humiliations de toute nature”, a-t-il dit.
Sur d’où vient la Transition, il a rappelé que la Transition malienne résulte d’une volonté des Maliens. “Certains l’ont manifesté ouvertement, d’autres ne se sont pas manifestés, d’autres, pour des problèmes d’âge n’ont pas voulu être dans des manifestations. Mais, ce sont les Maliens, d’une façon générale qui se sont organisés des années durant. En 2020, le Mali était occupé à 80 % par le terrorisme. Nous avions 50 000 forces étrangères sur notre territoire qui étaient censées venir combattre le terrorisme qui s’est étendu sur l’ensemble du territoire.
La majorité des Maliens avait perdu la confiance en soi. Ils ne savaient pas de quoi l’avenir serait fait. D’autres avaient prédit un avenir incertain dans 10, 15 ans avec un pays désintégré.
Les Maliens avaient le sentiment que les élections étaient devenues une formalité, juste une course déjà faite. C’est l’ensemble de ces facteurs qui ont fait qu’il y a eu une prise de conscience au niveau national qui a abouti à un mouvement général conduit par certains comme le M5RFP. Mais en réalité, c’est une volonté des Maliens qui s’est manifestée et qui a eu un début de réponse le 18 août 2020. Donc, de façon visible, les Maliens ont commencé d’être dans la rue à partir du 5 juin 2020.
Le 18 août 2020, les Forces de sécurité, regroupées au sein du CNSP, ont mis un point d’arrêt à tout ce processus de dérive. Et nous sommes partis pour la Transition. Nous avons fait 9 mois et les Maliens n’ont pas eu ce qu’ils voulaient. Et il y a eu la rectification de la trajectoire de la Transition et l’investiture du président de la Transition par la Cour suprême au nom du peuple malien le 7 juin 2021. Et le même jour, il a nommé un Premier ministre, Chef du gouvernement. Et lorsque l’équipe s’est installée, il y a une doctrine qui est à la base. Il a fallu combiner la vision politique du peuple malien. C’est ce qui a été fait depuis le 7 juin 2021. […] Il fallait résoudre les différentes questions qui intriguaient les Maliens, restaurer la confiance et l’espoir que les Maliens avaient perdus. Quand un peuple a confiance en un homme, tout devient possible, il n’y a rien d’impossible. Il fallait que les Maliens aient confiance au Président de la Transition. Il fallait résoudre les problèmes. Tout le monde parlait de la sécurité. Tout le monde parlait de la corruption et l’impunité. Il y avait la nécessité de grandes réformes dans le pays. Il y avait la nécessité de créer une ambiance propre à sécuriser nos militaires qui se battaient. Donc, il fallait la conclusion d’un Pacte social de solidarité de développement. Voici les principales préoccupations des Maliens”, a-t-il rappelé.
“La Transition va vers de lendemains meilleurs, les Maliens ont confiance en eux-mêmes, impossible n’est plus malien”
Sur où va la Transition, le Premier ministre a affirmé qu’elle va vers de lendemains meilleurs. Il a expliqué que le 4 juin 2021, il avait dit qu’il faut que les Maliens, les amis du Mali acceptent que les Maliens regardent vers de nouveaux horizons et que cette voie va être difficile. “J’avais dit que nous allons rencontrer de puissants vents contraires, nous allons rencontrer des cercles de feux dans lesquels il faut avoir le courage de tenir la main dans la main et foncer. Certains vont tomber mais il faut les tenir pour que nous aillions vers de nouveaux rivages. Et le président de la Transition qui est l’architecte, dès le début, a fixé le cap. C’est lui qui fixe quel type de maison nous voulons. C’est au Premier ministre de faire l’ingénieur chef qui organise tout avec ses ministres qui sont les chefs de chantiers et qui suivent tout petit à petit, brique par brique”, a-t-il précisé.
“Après les questions de sécurité, l’électricité est une question qui préoccupe le Président de la Transition”
Parlant du problème d’électricité qui est en train de devenir un luxe pour les Maliens, le Premier ministre a laissé entendre que la crise énergétique fait partie des problèmes que le Mali avait. Sur ce sujet, il a fait savoir qu’il a toujours dit au Président et aux ministres de dire la vérité aux Maliens. Car, à ses dires, certains pensent que la politique, c’est de mentir. “En politique, il faut toujours dire la vérité. Quand un politicien ne peut pas dire la vérité, il vaut mieux ne pas en parler. Dès le début de cette question d’électricité, chaque semaine, j’en parlais avec le président Assimi Goïta. Et le président m’a dit qu’après les questions de sécurité, l’électricité est une question qui le préoccupe. Donc, faisons confiance au Président de la Transition qui a démontré plus d’une fois, en restituant au Mali, avec tous les militaires, les chefs militaires, le ministre de la Défense, les hommes sur le terrain son honneur et sa dignité. Malgré les souffrances des Maliens auxquelles nous sommes sensibles, je continue à espérer et je suis persuadé que dans un avenir qui ne sera pas lointain, le Président va relever le défi de la question d’électricité comme nous avons relevé le défi de Kidal.
Je fais entièrement au confiance au Président de la Transition. Des mesures urgentes sont prises pour résoudre le problème d’électricité. Quand je suis parti au Niger, nous avons eu 200 camions de carburant. Il y a eu d’autres actions urgentes. Dans quelques temps, on ne parlera plus de cette affaire d’électricité. C’est cela notre espoir et je crois à cela”, a-t-il répondu.
Le dialogue inter-maliens peut-il panser toutes les plaies du Mali ? Le Premier ministre a rappelé que quand l’Armée a pris Kidal, il a été question de ce qui va se faire. “Au moment où la maison Mali brûlait et que les Maliens avaient perdu confiance, il ne fallait pas demander qui a mis le feu à la maison sinon la maison va finir de se consumer. Pour la prise de Kidal, nous avons décidé, sous la haute conduite ultra stratégique et historique du Président de la Transition, des chefs militaires, d’aller à l’affrontement direct et gagner contre les ennemis du Mali. Lorsque nous avons gagné, il fallait être réaliste. Car on ne construit pas la paix avec une minorité de Maliens. La paix, c’est avec tous les Maliens.
Lorsque Kidal a été pris, le Président de la Transition a compris que pour rester dans le cours de l’histoire, il fallait appeler tous les fils du pays à se parler. Nous avons décidé de ne plus faire de l’ostracisme. Le Mali appartient à tous les fils du Mali. A un moment donné, certains ne l’ont pas compris. Mais ceux-ci vont revenir.
Je suis convaincu que le dialogue inter-Maliens va nous permettre cette fois-ci de poser nos problèmes entre nous et les régler de façon définitive. Pour cela, je suis très optimiste. Les militaires de la Transition sont notre dernière chance au Mali. Nous devons tout faire pour qu’ils réussissent et que nous ne retournons plus en arrière. Je suis convaincu que le chemin que le Président de la Transition vient de tracer est le meilleur des chemins.
Je suis convaincu qu’au Mali rien ne sera plus impossible désormais. Nous avions besoin d’une seule chose qui était la confiance que l’Armée nous a restituée. Il s’agit maintenant de serrer nos coudes. […]
Après la reprise de Kidal, nous avons nommé un gouverneur qui est au dessus de tout soupçon. Après sa nomination comme gouverneur, j’ai dit au Général Gamou qu’il n’est pas le gouverneur de son ethnie mais de toutes les ethnies. Je l’ai dit que cela est un pari de ramener Kidal dans le juron du Mali. Pour cela, tous les Maliens doivent le soutenir. A Kidal, il ne doit plus y avoir deux types de Maliens. Il ne doit avoir que des Maliens”, a-t-il espéré.
“Pour réussir la paix, il faut le dialogue inter-maliens avec tous les maliens”
Sur les efforts de sécurisation faits par l’Armée (question de défense), le Premier ministre a fait savoir qu’une analyse politique, historique, géopolitique, géostratégique a fait comprendre que les missions des Nations unies au Mali étaient un gros filet sur le Mali. “Nous avons décidé de détricoter ce gros filet point par point en commençant par Takuba. Avec une analyse politique, historique, géopolitique, géostratégique de Takuba, nous avons compris qu’il voulait transformer Ménaka en une zone d’entraînement des forces spéciales de l’Union européenne pour l’avenir.
Déjà en 2010, s’est tenue en Côte d’Ivoire une grande réunion stratégique pour qu’en 2015 les forces spéciales de l’Union européenne soient au Sahel. Quand nous avons renvoyé Takuba, nous sommes montés d’un cran pour aller à G5Sahel. Troisièmement, nous sommes remontés à Barkane que nous avons fait partir grâce la révolte de la population de Gao.
Ensuite, nous avons attaqué la Minusma grâce à la détermination de l’Armée qui est la colonne vertébrale de la nation. Nos militaires ont rempli leur mission. Pour réussir la paix, il faut le dialogue inter-malien avec tous les maliens. C’est ce que le Président de la Transition a fait avec le Comité le dialogue inter-malien. Je suis optimiste. Nous allons développer Kidal en comptant sur nos propres forces”, a dit le Premier ministre.
“La coopération du Mali avec la Russie est au beau fixe”
Concernant l’évaluation de la coopération militaire du Mali avec la Russie, Dr. Choguel Kokalla Maïga a précisé que la coopération du Mali avec tous ses partenaires est au beau fixe. “Il y a la fixation sur la Russie parce que nos partenaires français veulent diaboliser cette relation. Les drones avec lesquels nous empêchons les terroristes de dormir sont des drones turcs. On n’en parle pas beaucoup. Il y a beaucoup de blindés chinois au Mali. Nous avons des relations avec l’Iran. Mais le cas de la Russie participe d’une certaine politique. Certains veulent nous entraîner dans une guerre qui n’est la nôtre. Nous n’entrerons pas dans la guerre de personne. Nous faisons notre guerre pour libérer le Nord. Et la Russie est d’un poids extrêmement important. Tout dernièrement, au niveau des Nations unies, même les Africains ont lâché le Mali. C’est le Président Poutine en personne qui a donné des instructions fermes pour poser son véto. Et le Mali est sorti grandi de cette affaire. Que quelqu’un soit jaloux d’un partenaire comme la Russie, cela est son problème.
Le Mali cherche à régler son problème avec l’accompagnement de la Russie qui est un Etat qui a aussi un intérêt. Il faut que nous arrivions à harmoniser nos intérêts avec les intérêts de la Russie en fonction des dispositions qui sont constitutionnalisées dans l’article 34 de la Constitution du Mali.
Toute action publique est guidée par la reconnaissance de la souveraineté du Mali, la liberté de ses partenaires stratégiques et la défense assurée de ses intérêts. Donc, la coopération du Mali avec la Russie est au beau fixe.
Et je crois que nous ferons de toutes nos forces pour que cette coopération s’intensifie pour libérer totalement le Mali pour que tous les Maliens se sentent chez eux. Car l’avenir du Mali est au Nord. Dans 70 ans, l’espace vital du Mali sera au Nord qui a beaucoup de richesses. Pendant 10 ans de la crise, certains ont exploité de l’or au Nord. Après la libération de Kidal, nous allons exploiter cet or pour la population malienne”, a-t-il précisé.
Aux dires du PM, les défis de l’Armée malienne c’est de maintenir le cap de l’espoir et la confiance qu’elle a suscitée aux Malien. “Il faut que nous continuons à dire qu’impossible n’est pas malien. Que les Maliens continuent à serrer la ceinture en donnant tout à notre Armée. Mais le patriotisme, le nationalisme, c’est bien le travail mais il faut penser à l’économie. Il faut une gestion rationnelle des ressources de l’Etat. Sous l’embargo de la Cédéao, nous avons pu augmenter les salaires de 300 milliards F CFA sans l’aide extérieure. Nous avons diminué le train de vie de l’Etat pour faire face aux obligations sociales. Nous avons construit des hôpitaux, nous avons acheté des ambulances. Cet argent n’est pas venu d’ailleurs. Ce argent a été économisé à partir du Mali”, a-t-il fait savoir.
S’exprimant sur le sort des passeports, des cartes biométriques sécurisées après le retrait du Mali de la Cédéao (question de diplomatie), surtout le problème de passeport des binationaux, le Premier ministre a dit qu’il y a eu un problème de communication et d’incompréhension par rapport à l’affaire des passeports des binationaux. Il a conseillé à ces binationaux de s’informer auprès des consulats et des ambassades du Mali. Car en venant au Mali, ils laissent leurs passeports maliens pour venir avec leurs passeports français comme par le passé alors que cette époque est révolue. “Avec cette Transition, rien ne peut être contre les Maliens, rien ne peut se faire pour gêner les Maliens.
Je rends un hommage spécial à la diaspora malienne. Gêner la diaspora, c’es se faire hara kiri”, a-t-il dit. Evoquant le sort du passeport de la Cédéao, il a répondu qu’ils ont fini avec cette affaire de la Cédéao. “Que l’âme de la Cédéao repose en paix”, a-t-il ironisé.
Le Premier ministre a rappelé que depuis le 7 juin 2021 la diplomatie malienne a totalement changé grâce à la nouvelle vision et au leadership imprimés par le Président de la Transition appuyé par son équipe qu’il écoute bien et qui a changé de paradigme. “La Cédéao est née au Mali. Nous avons analysé le comportement de la Cédéao jusqu’au jour où nous lui avons enlevé la couverture. Car, nous avions compris qu’un autre pays dictait les réunions, les sanctions de la Cédéao. Nous avions des éléments clairs qu’il y a des pays extra africains qui ont comploté contre le Mali sous le couvert de la Cédéao et qui voulaient attaquer le Niger. Quand il y a eu l’attaque du bateau Tombouctou, la Cédéao et le Conseil de sécurité des Nations unies n’ont rien dit. C’est en ce moment que nous avons tiré les conséquences. Nous avons compris que la Cédéao sert l’intérêt d’autres pays extra africains. C’est là que nous avons décidé, sous l’impulsion de nos chefs d’Etat, après mille réflexions, de quitter la Cédéao et de mettre en garde. C’est ainsi que nous avons fait une alliance militaire pour dire que celui qui va toucher à un cheveu du Niger, nous lui raserons sa tête. D’où la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES)”, a-t-il rappelé.
A la question si l’AES a-t-elle les moyens de sa politique, le Premier ministre a fait remarquer que la Direction politique du Mali est entièrement convaincue que dans quelques années les gens diront autre chose. “Un pays a présenté à la Bourse d’un pays de l’OCDE que le montant de la quantité d’or qu’ils importent du Mali est plus que le budget national du Mali en termes de recettes intérieures. Je suis convaincu que quand nous continuons dans la voie, avec la façon de gérer le Mali imprimée par le Président de la Transition et que nous ne soyons pas troublés, l’AES sera enviée par les autres. Nous pouvons espérer de l’AES, la réussite, la sécurité et le bien-être de nos populations.”, a-t-il espéré.
Siaka DOUMBIA