Djenné est un témoignage de la civilisation de l’homme dont la valeur exceptionnelle est universellement reconnue.
Découverte de l’histoire d’une ville qui conserve encore les traces du passé.
Djenné, évoque une ville deux fois millénaire du Soudan occidental.
Son histoire reflète celle de la zone dans laquelle elle se situe : le Delta intérieur du Niger.
Djenné est célèbre dans l’histoire comme cité commerciale et surtout religieuse.
Située au cœur du Pondo, une cuvette sillonnée en tous sens de marigots, Djenné est bâtie sur un togéré, hutte qui domine le paysage à 4 kilomètres du fleuve Bani, dans une zone régulièrement inondée par les eaux.
Cette position la destinait donc à un rôle de métropole commerciale et d’entrepôt entre deux modes de transport : la voie fluviale et les caravanes.
Ces voies de transport tournent en partie vers l’Afrique du Nord et l’Orient à partir de Tombouctou et les pistes transsahariennes.
Et l’islam a accompagné et suivi les négociants, conférant à Djenné une dimension religieuse de grande envergure qui en fera la cité religieuse la plus célèbre de tout le Delta intérieur.
Djenné était en fait une ville païenne
Selon une ancienne chronique, le Tarik est Soudan, Djenné a été fondée au milieu du 2ème siècle de l’hégire aux environs de 750 AD et les habitants ne se convertiront à l’islam que vers la fin du 7e siècle de l’hégire.
La légende explique que, au moment où fut entreprise la construction de la ville, les murs s’effondraient au fur et à mesure qu’on tentait de les élever. Ce sont les génies qui trouvèrent la solution au problème. Les génies, selon les devins, dirent que si l’on voulait que les murs tiennent et que la ville devienne prospère, il fallait incorporer au mur d’enceinte, une jeune fille vierge.
C’est ce qui aurait été fait.
La vierge bozo s’appelait Tapama et la famille dont elle est issue devait désormais porter le patronyme de Djénépo : “le cadavre de Djenné”.
Selon un historien européen, Charles Monteil, c’est un célèbre guerrier noir qui se serait illustré à la bataille de Badr, attirant sur lui l’attention du Prophète, qui aurait indiqué aux Bozo et aux Marka, l’emplacement sur lequel, il convenait de bâtir une ville destinée à devenir un grand centre musulman, célèbre et prospère. Cette ville serait située au-dessous ou au-dessus de Al Jana, le Paradis. Djenné tiendrait ainsi son nom du mot paradis : Al Jana.
Islam et affaires
Du temps de l’empire du Ghana (8e-12 siècle), Djenné ne participait pas au commerce transsaharien. Cependant, des troubles vont éclater à l’intérieur de cet empire et le commerce qui y tient une place importante, se trouvait considérablement gêné.
Pour poursuivre leurs activités, les négociants ont été obligés de rechercher d’autres itinéraires. Djenné offre une belle opportunité et va en profiter en devenant le centre de gravité de tout le Djenneri, zone agricole qui s’étend entre le Niger et le Bani, et se prête particulièrement à la pêche et à l’élevage et dont la production est expédiée jusqu’aux confins du désert.
Beaucoup de négociants sont originaires des pays musulmans du Nord de l’Afrique et de l’Orient. La conséquence est l’introduction et le développement de l’islam, à tel point que Djenné évoquera désormais une métropole religieuse, un centre islamique de réputation comparable à celle de Tombouctou sa jumelle et son relais aux portes du désert.
A Djenné, négoce et islam sont intimement liés car, parallèlement à leurs activités de négociants, les commerçants arabo-bèrbères se font les propagateurs de l’islam.
La ville de Djenné, que les troupes du colonel Archinard occupent le 12 avril 1983, reste toujours l’ombre de la célèbre métropole commerciale et religieuse du Delta du Niger dont la réputation, aura pendant des siècles, dépassé les frontières du continent africain.
L’occupation coloniale va constituer un coup de semonce pour Djenné.
L’axe commercial introduit par les Français, passe par la vallée du Sénégal.
Les produits industriels, en provenance d’Europe, arrivent par le littoral.
Situé au point de rencontre du Niger et du Bani et sur la route qui relie Bamako aux villes de Tombouctou et de Gao.
Boubacar Sankaré