Discours intégral du Premier Ministre

0

Mes chers compatriotes,
Je voudrais à l’entame de mon propos, rendre grâce à Dieu Clément et Miséricordieux, Lui qui souvent éprouve ses créatures. En effet, notre pays, le Mali traverse une des périodes les plus dramatiques de son histoire contemporaine. Chaque Malien, chaque Malienne souffre dans sa chair et dans son âme. Mais pour notre peuple, il ne saurait être question de se laisser ronger par l’amertume et le désespoir. Bien au contraire, il faut faire face avec courage, pragmatisme. Voilà ce qui a conduit à la signature de l’accord-cadre  entre la CEDEAO et le CNRDRE, le 6 avril 2012.
Mes chers compatriotes,
Pour la sortie de crise, c’est ma modeste personne qui a été retenue pour assumer les fonctions de Premier ministre avec les pleins pouvoirs. Ce fardeau, j’en mesure le poids et je le supporterai d’autant que sur cette terre, berceau de tant de valeureux et intrépides héros, ils sont légions, les hommes et les femmes sur qui le choix pouvait tomber. Cette mission redoutable mais exaltante, je l’accepte donc avec humilité et je m’engage à la conduire avec abnégation et détermination.
Mes chers compatriotes,
Mes premiers mots seront pour nos pères et nos mères, nos frères et nos sœurs habitant les régions du Nord de la patrie qui souffrent aujourd’hui le martyre du fait d’une agression aussi incompréhensible que barbare. En effet, il est difficilement admissible qu’au vingt-et-unième siècle, il soit encore fait recours à la violence armée pour poser des revendications. Chers compatriotes du Nord, sachez que nous pensons à vous à chaque instant et que tout, absolument tout, sera mis en œuvre pour que vous retrouviez le sourire.

Mes chers compatriotes
Notre première priorité est la reconquête totale de l’intégrité du territoire national. Nous affirmons ici haut et fort que pas un centimètre carré du sol de la patrie ne restera occupé par qui que ce soit et pour quoi que ce soit. Ce faisant, nous ne refuserons aucune voie de recours. Toutes les options sont envisageables, en premier lieu : celle de la négociation. Oui, chers compatriotes, nous négocierons parce que nous haïssons la guerre : La guerre qui fait de l’enfant un orphelin, La guerre qui fait d’une femme une veuve, La guerre qui détruit et qui livre nos villes et nos campagnes à la désolation La guerre qui souille le sol du sang des enfants innocents. Nous négocierons aussi, chers compatriotes, parce que nous sommes amoureux de la guerre : La guerre qui détruit la guerre, La guerre qui fait taire les armes, La guerre qui ouvre les portes de la paix : la paix dans nos villes, la paix dans nos campagnes, la paix dans nos cœurs.
Nous négocierons, chers compatriotes, parce que nous n’avons pas peur de négocier, parce que nous n’avons pas honte de négocier. Cependant, nous ne négocierons pas le couteau sur la gorge, en acceptant le fait accompli. Nous ne négocierons pas alors que prédomine dans nos rangs un sentiment d’abandon, de résignation, un sentiment de capitulation. Peuple de Ménaka, d’Aguelhoc, de Tessalit ! Peuple de Gao, de Tombouctou, de Kidal ! Peuple de Bourem, d’Ansongo, de Tinzawaten ! Nous ne vous abandonnerons jamais. La fin de votre calvaire ne saurait tarder. Elle est pour bientôt.
Chers compatriotes,

L’équipe gouvernementale que nous allons conduire, n’aura qu’un objectif : le Mali, son intégrité territoriale, le fonctionnement régulier de ses institutions. Elle fera preuve d’esprit créateur, de sens de la responsabilité et se mettra au-dessus des contingences partisanes et politiciennes. Quand la patrie est confrontée à de graves difficultés, aucun sacrifice n’est trop grand.
Les revendications corporatistes de même que le jeu individuel doivent être mis en veilleuse face à l’enjeu collectif. Par devoir civique, par amour de la patrie. Pour notre part, nous n’accepterons pas, nous ne tolérerons pas, nous ne supporterons pas d’être distraits dans l’accomplissement de notre mission fondamentale qui est de remettre le pays sur les rails. Notre pays, force est de le constater, a souffert d’un déficit de gouvernance et d’une insuffisance de capacité d’anticipation. Un rapide survol de l’état des lieux offre le panorama d’un Etat affaibli et ébranlé, d’une nation humiliée et éparpillée, d’une terre divisée et occupée. Comment peut-on, dans ces conditions, s’adonner à des querelles mesquines pendant : Que la fierté du peuple est bafouée. Que l’honneur du peuple est gravement atteint, de même que sa dignité qui, jamais dans l’histoire, n’a été autant insultée. Que la dignité du peuple erre dans les ténèbres des égouts,

Chers compatriotes,

Face à nos amis de par le monde et face à l’histoire, nous affirmons solennellement que notre ambition est de parvenir, à l’issue de la transition, à remettre le bâton témoin à une autre génération de Maliens, une génération exorcisée et libérée du complexe de la honte et de l’humiliation, une génération aguerrie par les épreuves et les défis, une génération bouillonnant d’impatience de construire un nouveau Mali : un Mali uni, prospère et développé. Nous souhaitons ardemment que ce vœu soit exaucé.
Chers compatriotes,
Il me plait avant de terminer, de remercier le président en exercice de la CEDEAO, le président Alassane Dramane Ouattara, le médiateur le président Blaise Compaoré, ainsi que l’ensemble des chefs d’Etat de notre organisation sous-régionale pour leur présence à nos côtés en ces moment difficiles. A travers eux, nous saluons la communauté internationale pour son accompagnement diligent. Nous demandons aux chefs religieux, aux légitimités traditionnelles, à l’ensemble de la population de nous accompagner par leurs bénédictions et par leurs prières pour que le gouvernement et moi-même, nous soyons à la hauteur de la confiance placée en nous, que nous puissions réussir notre mission, que notre pays renoue de nouveau avec la paix, l’unité et la cohésion sociale.
Que Dieu bénisse le Mali !
Je vous remercie.

Commentaires via Facebook :