Dioncounda Traoré, Président par intérim lors de son investiture : «Nous n’hésiterons pas à mener une guerre totale et implacable pour libérer le pays »

2

Ce jeudi 12 avril 2012, le Centre International de Conférence de Bamako a servi de cadre à l’investiture du Président par Intérim, Dioncounda Traoré. C’est devant toute la crème des hommes politiques de l’Afrique de l’Ouest  et de nombreux journalistes de la presse nationale et internationale que Dioncounda a prêté serment, encadré par un important dispositif militaire.

Après la constatation de la vacance du pouvoir par la Cour constitutionnelle, l’étape attendue de normalisation de la démocratie malienne était la prestation de serment du président intérimaire. C’est désormais chose faite. La cérémonie solennelle d’investiture a suscité beaucoup d’engouement aussi bien au Mali qu’à l’extérieur. En effet, outre les représentants du médiateur de la crise, Djibril Bassolé,  ministre burkinabé des affaires étrangères, et Adama Bictogo, ministre de l’intégration ivoirien, plusieurs cadres du pays étaient présents. Notamment les candidats à la prochaine élection présidentielle,  Soumaïla Cissé, Ibrahim Boubacar Keïta, Modibo Sidibé et Mountaga Tall. Les leaders religieux et les familles fondatrices de Bamako ne sont pas restés en marge de l’évènement.

Mais il y a avaient également des absents et pas des moindres. Comme le Dr Oumar Mariko, secrétaire général de Sadi et animateur du MP22 proche de la junte, et Mariam Kaïdama Sidibé, le dernier Premier Ministre d’ATT.

Dans son discours d’ouverture, le Procureur Général de la Cour Suprême, Bouaré,  a laissé entendre que le bateau Mali peut tanguer mais ne chavirera jamais. Il a réitéré sa confiance au nouveau président du Mali et son remerciement à la communauté internationale. «  Nous sommes convaincus que la grande expérience de Dioncounda lui permettra de faire face aux questions de l’heure et d’accomplir efficacement sa mission ».

Avec le pas un peu hésitant, Dioncounda s’est présenté devant les 9 sages de la Cour Suprême à 9 h 30 mn, la main droite levée pour prêter ce serment :«Je jure devant Dieu et le peuple malien de préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la constitution et la loi, de remplir mes fonctions dans l’intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l’unité nationale, l’indépendance de la patrie et l’intégrité du territoire national. Je m’engage solennellement et sur l’honneur à mettre tout en œuvre pour la réalisation de l’unité africaine ».

Après avoir remis  la grand-croix de la dignité de l’ordre national au président intérimaire, le Colonel Koké Dembélé l’a exhorté à s’atteler au plus vite aux questions brûlantes de la nation.

Quelques minutes après sa prestation de serment, il s’est montré pressé de s’attaquer à l’essentiel, la libération des régions occupées par les bandits armées. Ses premiers mots furent « Tessalit, Kidal, Gao, Tombouctou occupés, le Mali, terre de paix, de tolérance et de dialogue coupé en deux. Nos populations du Nord soumises à toutes sortes d’atrocités et d’exactions, notre République laïque et notre démocratie menacées». Il ajoutera que toutes les nations ont connu des moments difficiles, et que le Mali traverse la période la plus sombre de son histoire, car son existence même est menacée. Cependant, Dioncounda se veut confiant. Il martèlera qu’aucune volonté n’est de trop pour amener l’Etat, le Pays et la Nation à surmonter les graves épreuves de l’heure. « Fort de tous ses brassages, riches de sa diversité, solide dans ses fondements, mais hélas ébranlé par les coups que nous-mêmes nous lui assenons. Je veux parler de notre processus de démocratisation. Nous le savions perfectible. Nous en savions les acquis encore fragiles, mais peu d’entre nous imaginaient à quel point il était vulnérable » Après avoir réaffirmé son attachement à l’unité nationale nonobstant la détérioration du tissu social, Dioncounda s’engage à recoudre de façon solide le tissu social. Dioncounda dira que le bateau Mali a tangué mais ne chavirera jamais. Le nouveau président se dit engagé à offrir aux Maliens un cadre de vie décent. Cependant, explique-t-il, cela passe par l’unification du pays. Pour ce faire, il a demandé aux rebelles et aux islamistes de venir sous l’arbre à palabres pour discuter, et de quitter sans délai les cités qu’ils occupent illégalement. Visiblement rassurée par les propos de leur nouveau président, l’assistance ne cessait d’applaudir. « Je suis le Président d’un pays qui aime la paix et qui appelle tous nos frères et sœurs des mouvements rebelles à revenir sous l’arbre à palabre, à rentrer dans les rangs et à renforcer cette nation au lieu de la diviser. Je leur demande d’arrêter toutes ces exactions, ces pillages, ces viols. Je le leur demande avec insistance et je le leur demande avec fermeté», poursuivra-t-il.

En tant que pays de dialogue et de paix, « l’homme fort » du Mali indiquera qu’il préfère le dialogue. Mais, dit-il, si la guerre est la seule issue, le Mali la fera jusqu’à la victoire finale. « Nous n’hésiterons pas à mener une guerre totale et implacable pour recouvrer notre intégrité territoriale mais aussi pour bouter hors de nos frontières tous ces envahisseurs».

S’agissant de sa deuxième mission, l’organisation des prochaines élections, Dioncounda précisera qu’après avoir fait l’état des lieux de la situation, il œuvrera à l’élaboration d’un fichier électoral fiable et accepté de tous.  Avant d’ajoutera qu’il compte mettre en place un gouvernement technocrate afin de satisfaire le besoin alimentaire du pays qui a connu une mauvaise pluviométrie. Pour terminer, Dioncounda a réitéré ses remerciements à l’ensemble de la communauté internationale. Notamment à la Cédéao. Il a aussi salué l’esprit du patriotisme et le sens élevé du Cnrdre  qui a accepté le retour à l’ordre constitutionnel.

Oumar KONATE   

 

Investiture du Pr. Dioncounda à la présidence de la République

Les acteurs politiques se prononcent

Juste après l’investiture solennelle du président par intérim, Dioncounda Traoré, nous avons tendu notre micro aux personnalités présentes dont voici la teneur.

 Younoussi Touré Président de l’ URD

« C’est grâce aux efforts des uns et des autres que le pays redémarre »

En tant que 1er  vice président de l’assemblée Nationale,  nous avons lutté pour qu’il ait un retour à  une vie constitutionnelle normale. Dans tous les actes que nous avons posé  du début  jusqu’à aujourd’hui nous n’avons pas varié de position. Nous avons eu une oreille attentive de tous les côtés. Tous les interlocuteurs que nous avons  eu,  qu’il s’agisse du Cnrdre ou des autres partis politiques. Je crois que réellement notre voix a été entendue, car notre position a été appréciée. Grâce  aux efforts des uns et des autres, notre pays redémarre. Mais pour que le pays trouve la paix et la sérénité, nous devons rester vigilants car notre pays est confronté à des difficultés, notamment sa partition partielle et la tenue prochaine échéances électorales

Konimba Sidibé, député  Parena

«Cette cérémonie est une victoire pour la démocratie malienne»

Cette cérémonie est une victoire pour la démocratie malienne. Surtout la mise en place d’un cadre qui permet de faire face aux problèmes essentiels auxquels le pays est confronté. A savoir la restauration de l’intégrité territoriale et l’unité nationale.Nous souhaiterons que le président sache regrouper autour de lui, toutes les forces vives de la nation afin de mener une véritable réconciliation.

Moussa Oumar Diawara, député CNID

«Le Mali vient de prouver à l’opinion internationale qu’il est un grand pays »

Cette investiture est symbolique et salutaire. Le Mali vient de prouver à l’opinion internationale qu’il est un grand pays. Malgré les difficultés que nous traversons, nous venons de prouver que notre démocratie est certes, fragile mais qu’on a su rebondir en  temps réel. Vraiment cet acte symbolise une dignité rétablie et rehaussée.

Oumar KONATE

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

Comments are closed.