Mes chers compatriotes, chers frères et sœurs d’Afrique, chers amis et partenaires du Mali, la Transition que j’ai eu le privilège et la responsabilité de conduire arrive à son terme. Comme moi, vous l’avez vécue et subie. Comme moi vous l’avez vécue dans tout ce qu’elle avait de pathétique et tragique. Nous avons tremblé ensemble, souffert ensemble, résisté ensemble. Nous avons prié ensemble. Ensemble nous nous sommes battus. Et ensemble nous avons gagné. Dieu était de notre côté. Nos voisins et nos partenaires aussi qui nous ont portés dans un élan sans précédent.
Vous me permettrez de saluer de nouveau la CEDEAO, et son président Alassane Ouattara infatigable avocat de la cause malienne de saluer Blaise Compaoré et Johnatan Goodluck, médiateurs avisés et inlassables, Boni Yayi qui à la tête de l’Union africaine a tant contribué à mobiliser la sympathie internationale pour le Mali.
Vous me permettrez de saluer avec une insistance et une déférence renouvelée, Idriss Deby Itno dont l’armée a visité toutes les grottes de l’Adrar et participé vaillamment à la bataille contre le narco-terrorisme.
Vous me permettrez, en ce moment d’émotion de saluer Macky Sall du Sénégal, Mahamadou Issoufou du Niger, John Dramani du Ghana, Faure Gnassingbe du Togo, Alpha Condé de la Guinée dont les troupes aux côtés de celles du Mali, du Burkina Faso et du Nigéria ont défendu la maison Mali qu’ils ont voulue commune et debout.
Vous me permettrez également de saluer les Commissions de l’Union africaine, de la CEDEAO, de l’Union européenne ainsi que les Nations unies pour les longues heures passées au chevet de ce pays qui ne sait pas oublier les bienfaits qu’on lui prodigue. Enfin merci à tous nos partenaires qui le 15 mai à Bruxelles, avant et après, ont tenu à participer à l’effort de reconstruction du Mali. Que tous nos voisins en particulier l’Algérie, la Mauritanie et le Maroc trouvent ici l’expression de notre gratitude pour l’assistance humanitaire qui nous a été accordée !
Nous nous inclinons devant la mémoire des soldats étrangers, soldats de la paix et de la fraternité tombés sur notre sol, de même que devant la mémoire des soldats et civils maliens tombés pendant cette crise.
Mes chers compatriotes, chers sœurs et frères d’Afrique, chers partenaires et amis du Mali, soyez avec moi pour remercier le gouvernement qui a conduit à son terme ce délicat processus de transition où il aura fallu arbitrer entre plusieurs intérêts, entre plusieurs enjeux, qui a franchi l’infranchissable, qui a mené à bien la mission impossible. A travers, le Premier ministre Diango Cissoko dont je salue de nouveau le dévouement et le professionnalisme, je m’adresse à tous ceux qui, ministres ou membres de l’administration publique ou de forces de défense et de sécurité ont permis que ce jour soit. En gouvernant, nous avons sans doute fait mal et causé du tort à certains. Nous implorons de nouveau le pardon de tous et de toutes.
Pour ma part, au nom du Mali que nous avons en partage et qu’aucun d’entre nous ne devrait affaiblir, je demande à tous et à toutes de se pardonner mutuellement et de s’engager résolument sur la voie de la réconciliation afin que notre nation soit encore plus grande, encore plus solide et toujours heureuse. Mais surtout, je voudrais encore et encore saluer le vaillant peuple du Mali, celui des champs et des pâturages, celui des dunes et des falaises qui n’a jamais désespéré, qui n’a jamais cessé d’y croire, et qui est sorti massivement les 28 juillet et 11 août dernier pour bien montrer sa volonté farouche de s’en sortir et infliger ainsi un camouflet cinglant à tous ceux qui avaient osé douter de lui et qui ont pensé pouvoir se servir de lui, au lieu de le servir.
Mes chers compatriotes, chers frères et sœurs africains, amis et partenaires du Mali, donc, demain 4 septembre 2013, le troisième président élu de l’ère démocratique entrera en fonction en la personne d’Ibrahim Boubacar Kéita que vous me permettrez de saluer en votre nom et en mon nom personnel. Saluer de nouveau ce soir sa brillante élection. Saluer son parcours de militant que je connais mieux que quiconque. Saluer le comportement démocratique et patriotique qui aura été le sien du début du processus électoral à ce jour.
A ce jour aube de promesses: promesses d’un Mali retrouvé, promesses d’un Mali réconcilié, promesses d’un Mali apaisé, promesses d’un Mali au travail et promesses enfin d’un Mali redevenant acteur plutôt que sujet de l’Histoire. Par un vote massif et net, je le répète, le peuple du Mali a voulu signifier sa volonté de mettre derrière lui le cauchemar des mois passés. Et plus que l’espoir, c’est l’espérance qu’incarne Ibrahim Boubacar Kéita. Espérance d’un peuple qui veut continuer d’y croire, qui a raison d’y croire parce qu’il veut rester une vitrine, parce qu’il est créateur de civilisation et de valeurs.
Ce message du peuple malien, le président Kéita l’aura plus que tout autre compris, lui qui est issu d’une culture de signes et de symboles. Il est le premier, je n’en doute pas, à savoir combien lourde sera sa tâche. Il est, par la force des choses, le président d’un temps de défis complexes et multiformes, le président d’un temps de réconciliation, de refondation et de reconstruction.
La demande sera grande quand l’offre, elle, restera hélas modeste, du fait des moyens réduits de notre pays mais aussi du fait des nouveaux besoins crées par notre crise. De ce président alors, sans renoncer aux droits que nous confère la démocratie, nous devons nous montrer solidaires, tous et toutes, Maliens de l’intérieur comme de la diaspora.
Tous et toutes, nous devons l’accompagner dans sa mission, cette mission particulière pour le Mali post-crise où, pour les gouvernants, les servitudes seront plus nombreuses que les grandeurs. Nous devons l’accompagner en gardant ceci à l’esprit : la compétition n’est pas entre les enfants du Mali mais entre les enfants du Mali et d’autres, dans un contexte impitoyable qui ne fera de place qu’au mérite et à l’efficacité.
Nous nous sommes parfois laissé distraire. Mais il s’agit de se donner la main, surtout de se redonner la main pour construire un pays d’excellence, avec une capacité d’exécution accrue et un sens de l’anticipation qui le mette à l’abri des mauvaises surprises. Car si nous n’en sommes plus aux redoutables convulsions de l’année 2012, si par l’élan unanime de nos voisins et de nos partenaires, si par la résilience du peuple malien qui est un grand peuple, le pire a pu être évité, l’Etat reste encore convalescent. Nous devons en tenir compte. Et nous n’irons de l’avant qu’en tenant compte de la fragilité de nos acquis. Heureusement, ce quinquennat commence sous de bons augures dont la rencontre pathétique entre l’aîné et le cadet, entre Ibrahim Boubacar Kéita et Soumaïla Cissé, un moment d’histoire qui confirme les valeurs de notre peuple.
C’est l’éloquent témoignage de la façon de faire toute malienne, de l’exception malienne comme il a été souvent dit et c’est la meilleure preuve que les grands fils d’une grande nation se retrouvent toujours, à l’image du Mali qui se remet debout. A l’image du Mali qui retrouve sa fierté, au sortir des épreuves gravissimes dont nous ne pouvons pas ne pas tirer les leçons tant ont été ébranlés les fondements de la nation. Mobilisons-nous tous en soldats de la réconciliation, de la paix, du développement, de la démocratie, de la solidarité et de la justice.
Pensons au Mali, d’abord au Mali, à ce Mali d’honneur et de dignité que nous ont légué nos ancêtres et que nous avons le devoir impérieux de laisser intact à nos enfants. Vive le Mali libre, un et indivisible, vive la démocratie, vive la solidarité entre les hommes, et que Dieu nous bénisse!