Dioncounda investi. Et alors ?

7

Le désormais ex-président de l’Assemblée nationale a été investi dans une atmosphère d’Etat de siège avec les forces armées et de sécurité répandues partout. Démonstration de force ou expression d’une peur panique de retournement de situation ? Les blindés, chars, BRDM et pick-up avaient envahi Bamako, faisant oublier qu’il ne s’agissait que d’une simple investiture d’un président par intérim.

 

Conformément aux dispositions de la Constitution du 25 février 1992, article 36, le président de l’Assemblée nationale devrait assurer désormais l’intérim du président de la République. A la tête de l’Etat donc, Dioncounda Traoré devrait remplacer Amadou Toumani Touré, démissionnaire depuis le dimanche 08 avril. Deux jours plus tôt, le 06, le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (Cnrdre), la junte militaire au pouvoir depuis le putsch du 22 mars, et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) ont signé un plan de sortie de crise: «l’Accord-cadre de mise en œuvre de l’engagement solennel du 1er avril 2012 », engagement pris par la junte militaire de rendre le pouvoir aux civils dans les meilleurs délais. L’article 4 du premier chapitre de l’accord-cadre stipule que « le président de l’Assemblée nationale est investi par la Cour constitutionnelle comme président de la République par intérim avec comme mission d’organiser l’élection présidentielle dans le délai constitutionnel de quarante jours ». Et c’est tout. Contrairement à tout ce que raconte la presse, notamment les médias internationaux, contrairement à ce que croient  la classe politique et le citoyen lambda, il n’est mentionné nulle part que le président de la République par intérim doit nommer un Premier ministre et des ministres pendant ces quarante jours de règne. Du reste, censée avoir été rétablie dans son intégralité, la Constitution est claire: le président de la République par intérim ne peut ni nommer un Premier ministre ni mettre fin à ses fonctions, de même, il ne peut ni nommer un gouvernement ni mettre fin à ses fonctions (Article 58 de la Constitution). Il ne pas non plus organiser des consultations référendaires. En somme, Dioncounda Traoré ne peut pas faire grand-chose de légal et de constitutionnel. Il est juste une sorte de super délégué général aux élections.

Mission impossible

Or, avec les 2/3 de son territoire national occupé et une grande partie de ses populations en exil ou en déplacement, un fichier électoral malade, un trésor public plombé, il n’est point possible pour lui de s’acquitter de sa seule mission qui est d’organiser des élections libres, transparentes, équitables et crédibles. La mission de Dioncounda Traoré est impossible, et si on ne viole pas la Constitution (ce qui n’offusque plus grand-monde), le Mali va vivre 40 jours sans Premier ministre et sans ministres. Un vide institutionnel savamment préparé et un dindon de la farce sur mesures. En effet, à la date du 21 mai, le mandat de Monsieur le Président aura expiré et il devra rendre le tablier sans avoir rien entrepris. Et c’est bien pour cela que des farceurs ont inventé cet accord-cadre. Non pas seulement pour donner à ce pays un semblant de vie constitutionnelle normale et donner le change, mais aussi pour mettre définitivement ATT sur la touche et le punir de n’avoir pas été à la hauteur de ses pairs de la sous-région.

Mais il y a plus grave. Il est impossible que les parties signataires de l’accord-cadre n’aient pas vu qu’à partir du 21 mai, le Mali sera également sans président. Pour mieux comprendre et avant de lire la deuxième partie de ce document, il convient de ne point entretenir l’alchimie et l’amalgame entre ces deux notions : intérim et transition. L’intérim, disposition constitutionnelle, commence à la date du constat de vacance de la présidence de la République par la Cour constitutionnelle et s’achève au plus quarante jours après l’investiture de l’intérimaire constitutionnel. Dans le cas d’espèce, cette période, dirigée par Dioncounda Traoré, arrive à expiration le 21 mai à minuit. La transition, un montage institutionnel, doit commencer à la fin de la période d’intérim et va s’achever Dieu seul sait quand.

Elle est justifiée par ceci : « Compte tenu des circonstances exceptionnelles que vit le pays, du fait de la crise institutionnelle et de la rébellion armée dans le nord, qui ont gravement affecté le fonctionnement régulier des institutions de la République et dans l’impossibilité d’organiser les élections dans un délai de quarante jours comme le stipule la Constitution, il s’avère indispensable une transition politique devant conduire à des élections libres, démocratiques et transparentes sur l’ensemble du territoire national. » (Article 6 de l’accord-cadre). Une période de transition deviendrait alors nécessaire. Ses organes seront pensés par les putschistes et la Cedeao. Ils seront mis en place par les mêmes parties signataires, à l’exclusion des véritables forces vives de la nation.

A la lecture de la deuxième partie de l’accord-cadre, ces organes de la transition sont, premièrement, un Premier ministre de transition, chef du gouvernement disposant de pleins pouvoirs, chargé de gérer la crise du nordet d’organiser les élections et, deuxièmement, un gouvernement d’union nationale. C’est tout. Il n’y a pas de président de transition organique, et s’il y en a, le document ne le dit pas. De même, il ne dit pas qui doit nommer ce Premier ministre et son gouvernement auquel vont participer les militaires au nom de l’union nationale.

De deux choses l’une : soit le Mali sera toujours flanqué d’une junte militaire à sa tête soit il sera sous la tutelle du médiateur burkinabé. Dans les deux cas, on n’est pas sorti du mess, pardon de l’auberge.

Cheick Tandina

Commentaires via Facebook :

7 COMMENTAIRES

  1. M.le président par intérim,
    Comme toujours,votre destin semble lié à des situations de crise; merci de prendre votre responsabilité, toute votre responsabilité.Il ne saurait avoir deux capitaines à bord du navire Soumaré malien.Pas de président bis.Le CNDRE doit être dissout dès l’instant votre prise de fonction. Ne vous laisser pas pris en otage. Le peuple attend de vous: la libération des régions du mali,sécurité,anticipation sur la crise alimentaire au mali et dans les régions nord en particulier. Nous entendons pas être déçus. A bon entendeur salut.
    Un rappel rapport à une de tes déclarations. N’attend jamais qu’il n’est pas de problème pour briquer la magistrature suprême de notre cher mali à tous.

  2. Le reste la c discussion autour du pot detournement du temps et des Esprit.
    Comme on le DIT le meilleur boulot se fait sois meme

  3. Non Mais non Les politiscien deconne
    On veu tous nous rendre criminel ou quoi. Selon moi le pays est divisé comme sa c fini

  4. Tout le monde sait… l’armée à Kati et tous nos hommes politiques à Bamako ont joué à se faire peur… et continuent d’avoir peur de mourir.

    Dionkunda élu… Et alors ?

    Et alors… Cogne Dionkiss… Cogne… 😀 😀 😀 😀 😀

    Tu as été nommé pour ça… tu vas pas commencer à nous prendre la tête avec des discours… Monte au front, et tu verras que le peuple malien va te suivre… ❗

    Les bambaras disent : saya tè fla yè wôô ! … on ne meurt pas 2 fois… 🙁 🙁 🙁

  5. Merci Cheik Tandina. Je me suis egosille pendant des jours et des jours ici mais maintenat je suis de plus en plus sceptique. Malgre le discours en trompe-loeil du president interimaire, je ne vois pas de volonte reelle de reprendre la situation en mains. Ce que je vois, c’est un pays otage de quelques militaires qui n’ont rien d’autre en tete que de s’installer durablement au pouvoir malgre leur profession de foi et a qui on vient de donner l’occasion de le faire legalement en creant un vide institutionnel au bout des 40 jours.

    Si l’ordre constitutionnel est retabli, pourquoi est-ce que ces putchistes sont encore la et doivent jouer un role? Pourquoi est-ce que c’est Blaise Compaore qui va contribuer a designer un premier ministre et avoir son mot a dire sur la composition du gouvernement malien? Du jamais vu dans l’histoire. Les Maliens ne sont-ils pas majeurs pour regler leurs problemes entre eux et designer eux-memes leur gouvernement? Pourquoi a-t-on besoin de Blaise pour cela?

    Est-ce la constitution du mali, les Maliens et leurs juristes qui doivent resoudre les questions institutionnelles au Mali ou bien un ”accord-cadre” concocte entre des etrangers, des militaires et quelques politiciens? Est-ce cet accord-cadre qui regit desormais le Mali? A-t-on mis de cote la constitution?

    Et pendant ce temps ils n’y a meme pas un debut de reflexion sur la facon de regler le probleme du Nord. Les gens continuent leurs bavardages, leurs tiraillements et leurs enfantillages sans fin. Ce coup d’Etat a ete la veritable catastrophe pour le Mali et les gens qui l’ont mene travaillent clairement contre les interets de ce pays et a faire gagner le plus de temps possible aux ennemis du Mali pour consolider leurs positions. Que Dieu sauve le Mali.

  6. Pourquoi faire le malin a Bamako pendant que l’armee a ete humilie et a humilie la nation juste quelques semaines après la fete de l’armee. Sanogo et ses gars n’ont qu’a disparaitre dans les casernes ou aller au front Au lieu d’intimider les civils a Bamako.

    En plus, il parait qu’il compte sur nos “donssos” pour aller Au front. Pourquoi ne pas demander aussi aux “blakoronis” avec les “mananbeles” de se preparer. Quelle honte! Les “donssos” sont des civiles, commence d’abord par les militaires. On a interet a steerer de jouer au fier et demander l’aide militaire international. Comme on le dit, “de deux mots, il faut choisir le moindre mal”.

    Moussa Ag

Comments are closed.