Dialogue inter-maliens : Le long chemin vers la paix et la réconciliation nationale (2)

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Audition des paroles de Maliennes et Maliens participants au Dialogue du 10 Mai 2024
Au nom de la devise nationale : “Un Peuple- Un But- Une Foi”, le Comité de Pilotage du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale a donné audition publique des conclusions du Dialogue par la voix du rapporteur de la Commission de centralisation et de synthèse, M. Boubacar Sow. C’était le vendredi 10 mai 2024 au CICB devant le chef de l’État, Colonel Assimi Goïta, en présence du corps diplomatique, des membres du gouvernement et du CNT, du Pm et des membres du Comité de pilotage conduit par le Président Ousmane Issoufi Maïga…

 THÉMATIQUE 2 : Questions politiques et institutionnelles

La vision pour un Mali Kura

Dans cette commission, les recommandations qui ont été formulées portent sur la vie politique et la vie de nos institutions. Pour bien cadrer le débat, partons du point 3 de la thématique 3 sur “Économie et développement durable”. À savoir créer des mécanismes d’intervention stratégique. Autour de sept points sensibles identifiés :- prendre des mesures appropriées pour consolider les acquis démocratiques; – faire respecter les principes et les règles du jeu démocratique ;- introduire dans les programmes éducatifs, l’enseignement de nos valeurs socioculturelles ; – former les citoyens maliens aux respects des symboles de l’État et des biens publics;      – cultiver l’esprit de civisme et de patriotisme chez les jeunes (surtout dans les établissements scolaires et universitaires et dans les casernes) ; – institutionnaliser une journée citoyenne au niveau national ; – renforcer l’éducation citoyenne.
Ceci est au plan civique, civil et citoyen. Au plan politique, médiatique et culturel il est dit qu’il faut : – réviser la Charte de la Transition – proroger la durée de la Transition de deux (02), cinq (05) ans, jusqu’à la stabilisation du pays ;   – multiplier la création des écoles professionnelles ;  – formaliser l’instruction dans les écoles coraniques ;  – renforcer la surveillance des opérateurs téléphoniques opérant sur le territoire ;  – interdire et sanctionner les rackets sous toutes leurs formes. Si l’on se réfère aux points 62 à 65 de la thématique 4, “Aspects sécuritaires et défense du territoire”. Sur un tout autre plan, les partis politiques sont invités à créer un cadre de concertation entre les pouvoirs publics, la société civile, les légitimités traditionnelles, et leurs formations ou plates-formes respectives, en vue d’un consensus fort à trouver autour de la présente Transition en cours de déroulement. Dans ce sens, l’accompagnement proposé est de : instituer l’inscription volontaire sur les listes électorales ; – instituer les rencontres citoyennes dans les missions diplomatiques et consulaires ; – procéder au recensement des Maliens établis à l’extérieur ; – contrôler la ligne éditoriale des prêches par les religieux afin d’éviter la propagation des messages de haine ou susceptibles de créer un conflit entre les différentes tendances religieuses ; – former les maîtres coraniques contre la radicalisation et l’enrôlement des enfants ; – encadrer la construction des lieux de culte. Sans que rien ne laisse supposer une connivence objectivement entre sphère de la religion et la sphère politique, le peuple a tranché en les mettant toutes deux sous ajustements mineurs au nom de l’unité nationale. Parce qu’une connexion dangereuse et polémique très facile à actionner pour diviser les Maliens plus que jamais soudés derrière les Fama. Malgré ce qu’en disent les flagorneurs et les saboteurs du dialogue inter-Maliens, la plébiscité a en tout cas émis le vœu d’améliorer la gouvernance par le respect des textes en vigueur relatif à la lutte contre la corruption, le favoritisme, le clientélisme, l’enrichissement illicite, l’impunité, le népotisme et le tribalisme ; de développer une stratégie de communication sur les méfaits de la corruption ; de renforcer l’indépendance et la transparence de l’institution judiciaire pour une meilleure distribution de la justice ; d’opérationnaliser la Cour des comptes avec la création de ses chambres régionales ; d’accélérer les procédures judiciaires et d’élaborer et faire respecter les manuels de procédures dans les services de l’État ; afin d’instaurer un mécanisme fiable de redevabilité et de transparence dans la gestion des ressources publiques, qui sera à même et mieux de renforcer la surveillance de ce mécanismes de contrôle de la gestion des affaires publiques par la digitalisation et l’informatisation. Ce qui reste l’enjeu crucial de la Refondation entamée et qui vise la rationalisation des choix budgétaires dans toutes les structures de l’État, avec les fréquents et réguliers audits des corps de contrôle de l’État, à travers une synergie opérationnelle et les techniques appropriées de gestion de l’information. Mais les participants et acteurs du Dialogue n’ont pas omis une faille qui est la dépolitisation de notre Administration centrale gangrenée à l’excès. Il est aussi suggéré l’introduction de règles d’or et de bonne conduite et un système de sélection basé sur les enquêtes de moralité des agents de l’État à l’embauche dans le service public. Ce qui suppose d’établir plus de justice et d’équité dans la distribution des distinctions honorifiques et de favoriser l’appel public à candidature pour certains postes de responsabilité, avec un cahier de charges élaboré pour être appliqué plan de carrière des agents de l’Administration avec un meilleur accès aux avantages d’une bonne gestion des ressources humaines. Mais avant, il y a cet autre aspect à ne pas ignorer et qui concerne les écoles. Il a été demandé de rouvrir toutes les écoles, en y assurant la sécurité, et d’améliorer la scolarisation des enfants dans les régions notamment du Nord, du Centre et du Sahel occidental. Dans ce cadre, il est prévu l’opérationnalisation des groupes de sécurité universitaire et la création d’unités pédagogiques et universitaires dans chaque région ainsi que des instituts de formation des maîtres par secteurs de métiers, filières ou disciplines. Cela suppose de revoir les conditions de création des écoles et des structures universitaires privées et des centres de santé pour mettre fin aux créations anarchiques d’établissements. Par ailleurs, il faudra aussi, comme laisser entendre, renforcer les capacités institutionnelles dans le secteur éducatif et universitaire (enseignement supérieur, recherche, innovations scientifiques et technologiques) ; tout en garantissant l’équité et la transparence dans la gestion des affaires publiques ; assurer l’autonomisation et l’inclusion sociale des femmes, des jeunes et des personnes vivant avec un handicap, comme notifier dans les points 6 et 7 de la thématique 3, mais aussi au point 23 de la thématique 4 : “promouvoir et renforcer une justice sociale équitable pour tous” (23/4).

Pour accroître la représentativité des femmes, des jeunes et des personnes vivant avec un handicap dans les prises de décision, il est inclu dans le concept de Mali Kura le “respect rigoureux” de l’application de la Loi n°2015-052 du 18 décembre 2015 “instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives tout en relisant son décret d’application”. Il y est aussi question de “créer des activités génératrices de revenus au profit des femmes et des jeunes” et “d’encourager l’emploi et l’entrepreneuriat jeune pour circonscrire le flux migratoire et lutter contre l’enrôlement des jeunes dans les groupes armés terroristes”. Le tout, dans le sens d'”améliorer la bonne gouvernance” et “sécuriser les voies d’approvisionnement des populations en denrées de premières nécessités et faciliter les transactions commerciales”. Mais cela suppose naturellement de “multiplier et déconcentrer la création des écoles professionnelles”, comme recommandé dans les points 58 à 60 de la thématique 4 : aspects sécuritaires et défense). D’où la nécessité d’insister sur l’amélioration du capital humain à travers la formation des jeunes aux métiers , de créer un cadre de concertation permanent entre les femmes et les Forces Armées et de Sécurité ; de protéger, au besoin, prendre en charge les personnes vulnérables en particulier celles vivant avec un handicap dans les zones de conflit et dans la gestion des risques et catastrophes ; de favoriser l’entreprenariat jeune dans le secteur sylvo-pastoral et halieutique ; et d’impulser la création de “pôles d’orientation pour les jeunes” afin d’éviter les routes de la migration à risque pour nos jeunes. Dans ces cas, il importe de “promouvoir les énergies renouvelables dans tout le pays”, mais aussi, de “procéder au transfert effectif des compétences et des ressources aux Collectivités territoriales”, afin de doter les municipalités en place ou les délégations spéciales et la gouvernance locale dans leurs attributions. C’est dire la vision d’un Mali Kura sertie dans la pierre précieuse de la gestion des contentieux nés du découpage territorial et le processus accéléré d’opérationnalisation des nouvelles entités territoriales (régions, cercles, arrondissements et communes). On peut comprendre dans le même élan la proposition intéressante d’ “opérationnaliser les coordinations de l’AIGE dans les nouvelles régions”, pour être dans les temps et les délais de la mise en œuvre du processus électoral à organiser scrutins. Mais aussi dans les zones de forte concentration de Maliens à l’extérieur où il faut créer des antennes de l’AIGE et des circonscriptions électorales pour les électeurs maliens établis à l’extérieur. Avec des concertations au sein d’un cadre unique composé des associations légalement déclarées de ressortissants maliens établis à l’extérieur.  De ce fait, il sera loisible de militer en faveur du plein engagement des femmes et des jeunes dans le processus de paix et de sécurité. Une dynamique instaurée dans le sens de “renforcer les échanges économiques, les activités culturelles, les cadres de concertations avec les pays voisins” est recommandée dans le point 31 de la thématique 5, ainsi que dans le sens de “renforcer le rôle des autorités traditionnelles dans la gestion des conflits”, “sensibiliser et former les autorités locales et les populations dans la mise en œuvre des plans de gestion des risques, des crises et des catastrophes”, recommandations 7 et 8 contenues dans la thématique 4). La même thématique 4 qui affine la vision du Mali Kura plébiscitée par les recommandations 70 à 75 relatives à l’élévation au grade de Division au minimum les six colonels et l’octroi du temps nécessaire aux autorités actuelles pour “ramener et pérenniser la sécurité”. Un temps indispensable à factoriser pour atteindre la stabilité politique et la paix sociale et civile tant souhaitée par les Maliens Nouveaux adeptes du Mali Kura, concept commercial porteur et percutant géopolitiquement. La Preuve, l’Alliance des Etats du Sahel est déjà un de ses projets phares en gestation.

Moustapha Leye

 

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