Dans son adresse de nouvel an à la nation, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta a souligné l’obsolescence de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Pour cela un dialogue direct inter-malien est en gestation. Ce dialogue vise selon le locataire du palais présidentiel de Koulouba, à favoriser une paix durable et une réconciliation sincère basée sur la confiance entre les communautés sous la protection de l’Etat. Reste à savoir si les ex-rebelles qui ont trouvé refuge en Algérie accepteraient la main tendue du président de la Transition.
La brouille diplomatique entre Alger et Bamako bat son plein à cause de l’impossibilité pour les deux pays à se parler et à se mettre d’accord pour relancer le processus de paix avec les ex-rebelles qui sont d’ailleurs redevenus rebelles.
Ainsi dans la soirée du 31 décembre 2023, dans son adresse à la nation, le colonel Assimi Goïta, président de la Transition a annoncé l’ouverture d’un dialogue direct inter-malien dont l’issue doit être connue d’ici mars 2024.
“Nous sommes à une étape charnière de la marche de notre pays vers la paix, la sécurité et le développement. C’est pourquoi capitalisant les avancées réalisées dans le cadre du processus de paix et tirant les enseignements des défis qui demeurent, j’ai pris l’option de privilégier l’appropriation du processus de paix en donnant toutes les chances à un dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation afin d’éliminer les racines des conflits communautaire et intercommunautaire“, a-t-il dévoilé.
Selon les dires du chef de l’Etat, ce dialogue vise tout d’abord à favoriser une paix durable et une réconciliation sincère basée sur la confiance entre les communautés sous la protection de l’Etat.
“Cette décision a été déjà partagée avec les différents acteurs nationaux et internationaux concernés dès l’entame du retrait de la Minusma. Les points qui ne seront pas discutés sont l’unicité, la laïcité de l’Etat et l’intégrité du territoire. Un comité de pilotage sera, à cet égard, mis en place dans un délai d’un mois et déposera son rapport au plus tard en février prochain“, a précisé le locataire de Koulouba.
Les ex-rebelles qui sont dans le collimateur de la justice malienne seront-ils disposés à un dialogue avec les militaires au pouvoir ? Ce dialogue direct inter-malien va-t-il rétablir la confiance entre Bamako et les groupes armés signataires de l’Accord d’Alger ?
D’ores et déjà les ex-rebelles Touaregs ont rejeté mardi l’idée d’un dialogue direct inter-malien pour la paix et la réconciliation. Ils considèrent ce dialogue comme une façon de prononcer la caducité définitive de l’Accord de paix de 2015 entre eux et Bamako.
“Nous pensons que ce dialogue inter-malien est une façon de prononcer la caducité définitive de l’Accord et de mettre la médiation internationale à la porte. Nous voyons que c’est un rejet d’un Accord déjà signé par toutes les parties et garanti par la communauté internationale, et nous ne sommes pas prêts à prendre part à un processus de paix qui ne sera qu’un simulacre”, a déclaré Mohamed Elmaouloud Ramadane, un des porte-paroles du CSP.
Pour bon nombre d’observateurs, les ex-rebelles doivent saisir l’occasion pour poser les jalons d’une vraie paix et une réconciliation sincère pour amorcer le développement du Mali.
“Les groupes armés signataires doivent cesser le mea culpa et montrer leur bonne foi dans ce nouveau processus de paix qui a été déclenché par les autorités de la Transition. Comme l’avait dit dans son discours de vœux de nouvel an, excepté l’unicité, la laïcité de l’Etat et l’intégrité du territoire, tout est négociable. Il temps que nos frères du CSP rejoignent ce processus de paix et de réconciliation pour bâtir un Mali nouveau pour nous et nos enfants“, a analysé cet observateur.
Ousmane Mahamane