Ceux qui prévoyaient le chaos pour notre chère patrie après le départ du président IBK peuvent maintenant se réveiller de leur long sommeil car pour ces esprits tordus dont la plupart étaient des soutiens inconditionnels du prince de Sébénikoro, ils brandissaient la forte politisation des acteurs et de la société civile comme le principal nœud à un consensus national autour d’un homme pour conduire le peuple malien vers la terre promise où la justice sociale, la prospérité. Ce qui sera désormais de mise. En effet, à travers la désignation du président, du vice-président et du Premier ministre de la Transition, trois personnalités qui font presque l’unanimité au sein de la population malienne, le Mali vient de déjouer encore toutes ces prophéties et surprendre une fois de plus le monde entier.
Si le premier est une personnalité civile et militaire, à la fois connue pour sa rigueur et son sérieux durant toute sa carrière militaire, le second est réputé pour sa discipline, sa discrétion, sa détermination et son efficacité dans l’exécution des missions à lui confiées. Quant au troisième, c’est un diplomate chevronné dont l’absence de coloration politique renforce sa notoriété de sincérité et de patriotisme pour bien réussir la mission à lui confiée.
Nonobstant le mode de désignation, autrement dit la forme dénoncée par plusieurs acteurs dont le M5-Rfp, le choix du colonel-major d’aviation à la retraite, Bah N’Daw, a été salué par l’ensemble de la population malienne et même au-delà de nos frontières.
L’unanimité autour de cette dualité au sommet de l’État malien est un véritable désaveu pour ceux qui doutaient encore de la capacité des Maliens à se retrouver autour de l’essentiel, c’est-à-dire choisir un président pour diriger la transition politique afin de conduire notre pays à de nouvelles élections et baliser ainsi la voie d’un Mali nouveau.
Eh bien, le président et le vice-président de la Transition ont été désignés et renvoyés à leur mission au cours d’une cérémonie solennelle organisée le vendredi 25 septembre dernier en présence des représentants de toutes les couches socioprofessionnelles de notre pays et de la Communauté internationale.
Il convient de noter que l’arbre de cette légitimité presque acquise ne doit aucunement cacher la forêt de l’immensité des défis qui s’imposent à notre pays dans un contexte de crise multidimensionnelle touchant même les fondements de notre nation.
Surtout que cette transition hérite d’un pays où tout est urgent, notamment l’insécurité grandissante, la corruption galopante, la délinquance financière, l’impunité, l’incivisme, l’insuffisance des textes électoraux, l’insuffisance des ressources financières, le chômage endémique des jeunes…
S’y ajoutent la sécurisation des institutions de la Transition et l’organisation d’élections crédibles et transparentes car, c’est un secret de polichinelle, les gros détournements de fonds enregistrés sous le défunt régime se sont déroulés au sein de la grande muette donc par des officiers supérieurs et généraux de l’Armée, en complicité avec quelques fonctionnaires et opérateurs économiques véreux dont les conséquences sont connues de tous les Maliens : la perte de l’autorité de l’Etat sur près de 80% du territoire. Donc, la tâche sera ardue pour la Transition de diligenter ces dossiers impliquant de hauts gradés de l’Armée malienne, au risque de réveiller les vieux démons de la déstabilisation.
Malgré cette évidence, les Maliens attendent beaucoup la Transition sur cette question car ils ont soif de connaitre le sort réservé aux 1 236 milliards Fcfa de la Loi d’orientation et de programmation militaire, ainsi que l’utilisation faite de plus de 400 milliards Fcfa destinés à la mise en œuvre de la Loi de programmation de la sécurité.
C’est justement sur le sentier de la sécurisation des Institutions de la Transition que le vice-président, le colonel Assimi Goïta, est beaucoup plus attendu. A cet effet, il doit jouer toute sa partition pour que les Maliens sachent la destination de chaque centime investi pour l’équipement de l’Armée malienne.
Sur la question de l’organisation d’élections crédibles et transparentes, la Transition doit procéder à d’énormes reformes pour réduire l’implication de l’administration dans notre processus électoral, seul gage pour réduire significativement la fraude électorale et permettre aux Maliens, désormais, d’élire des dirigeants de leur choix et bannir désormais le spectre des crises post-électorales et l’interruption inconstitutionnelle des régimes.
Les prochains jours nous édifieront sur les réelles capacités des autorités de la Transition à diligenter les gros dossiers de détournement de fonds destinés à la grande muette et à réussir le défi de l’organisation d’élections crédibles et transparentes.
Boubacar PAÏTAO