Après constatation de la vacance de la Présidence de la République par la Cour Constitutionnelle, suite à la démission forcée du Président ATT à cause du putsch du 22 mars dernier, l’ex Président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, a été investi Président de la République par intérim le jeudi 12 mars dernier. C’était au cours d’une audience solennelle de la Cour Suprême, transportée pour l’occasion au CICB.
Selon l’article 36 de la Constitution du 25 février 1992, la période d’intérim dure au minimum 21 jours et 40 jours au maximum. Durant cette période, le Président intérimaire doit faire procéder à l’élection du nouveau Président de la République. Mais notre pays est actuellement divisé et une partie de notre territoire est occupée par les rebelles du MNLA, d’Ançar Dine et autres bandits, qui mènent une guerre d’autodétermination et de djihad.
Face à cette situation, il s’avère d’ores et déjà difficile, voire impossible, d’organiser des élections libres, transparentes, crédibles et démocratiques sur toute l’étendue du territoire national dans les délais constitutionnels. C’est pour cette raison que le nouveau Président intérimaire a pour priorité de recouvrer l’intégrité territoriale de notre pays, avant de s’atteler à l’organisation d’élections démocratiques pour mettre en place de nouvelles institutions légitimes. Dioncounda compte donc sur l’appui de la communauté internationale, notamment de la CEDEAO, qui a joué un grand rôle dans le retour à l’ordre constitutionnel normal au Mali. L’organisation ouest africaine est même dans la logique du déploiement d’une force militaire pour venir en aide à notre pays.
Dans tous les cas, la détermination de l’ancien Président de l’Assemblée nationale est manifeste. Dans son discours d’investiture, Dioncounda s’est montré coopératif pour un dialogue avec les membres du MNLA et les autres bandits armés. Il s’est également montré très ferme si ces apatrides n’entendaient pas ce langage. «Je suis le Président d’un pays qui aime la paix et qui appelle tous nos frères et sœurs des mouvements rebelles à revenir sous l’arbre à palabre, à rentrer dans les rangs et à renforcer cette nation, au lieu de la diviser. Je leur demande d’arrêter toutes ces exactions, ces pillages, ces viols. Je leur demande de quitter, ici et maintenant, pacifiquement, les cités qu’ils ont occupées. Je le leur demande avec insistance et je le leur demande avec fermeté. Le Mali démocratique ne peut être sourd aux griefs de ses citoyens, pourvu qu’ils soient connus et exprimés, non par la violence, dont personne ne peut prévoir les conséquences, mais par le dialogue, qui est un trait fondamental de nos cultures, de toutes nos cultures», a-t-il dit.
Il n’exclut pas de mener une guerre totale et implacable pour recouvrer notre intégrité territoriale, mais aussi pour «bouter hors de nos frontières tous ces envahisseurs, porteurs de désolation et de misère, que sont AQMI et tous ces trafiquants de drogues qui opèrent depuis trop longtemps dans le Nord de notre pays, de même que tous ces preneurs d’otages qui discréditent notre pays et portent un préjudice incommensurable à notre développement».
Pour ce faire, il aura besoin de l’apport de tous et de chacun. «J’ai l’honneur et la fierté d’accepter d’être l’aiguille et, à tous les Maliens et à toutes les Maliennes de la classe politique, des organisations de la société civile, à nos corps en tenue, je dis ceci: si tous oublient leur ego, si tous oublient leurs appétits, leurs ambitions, leurs calculs et leurs supputations du moment, alors ils seront sans aucun doute ce fil dont l’aiguille a besoin pour coudre!», a déclaré le Président Traoré.
YoussoufDiallo
Accueil Nation