Décrispation de la situation politique au Mali

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La situation politique s’est décrispée au Mali grâce à la signature  d’accords sur la transition après le coup d’Etat du 22 mars, prévoyant l’octroi du statut d’ex chef d’Etat au capitaine Sanogo, chef des putschistes, mais le pays demeure coupé en deux, et le nord étant sous domination des rebelles et djihadistes.

Au sein de la CEDEAO  qui a multiplié sommets et pourparlers sur la crise malienne,  l’heure est au soulagement, tout comme à Bamako, où beaucoup craignaient une tournure violente au- delà de mardi, fin des 40 jours d’intérim de Dioncounda Traoré prévus par la constitution de ce pays de 15 millions d’habitants.

Les médiateurs ouest-africains, avec à leur tête le chef de la diplomatie burkinabè Djibrill Bassolé, ont quitté Bamako lundi matin « avec le sentiment d’avoir accompli » la mission qui leur avait été confiée, a déclaré à l’AFP l’un d’eux, le ministre ivoirien de l’Intégration africain, Adama Bictogo.

« On revient de loin (car) on était à deux doigts de l’impasse » et pour arriver à cette issue positive, « tout le monde a mis du sein », Cédéao, ex-junte militaire et autorutés intérimaires, observe le journaliste malien et chroniqueur politique Tiégoum Boubèye Maîga.

« Sur le papier, l’affaire est pliée. Maintenant, il faut voir comment ça va fonctionner. J’ai de l’espoir. Ce qui est important aussi, c’est d’avoir donné le tiotre d’ancien chef d’Etat à (Amadou Haya) Sanogo », capitaine de l’armée qui avaiit renversé l e président Amadou Toumani Touré (ATT), estime-t-il.

En vertu d’un accord conclu dimanche et signé par la Cédéao, l’ex-junte militaire et les autorités intérimaires, le capitaine Amadou Haya Sanogo a obtenu le statut d’ex-président avec tous les avantages dus à ce rang : indemnités, garde, voiture, logement…

Selon l’accord, officiellement avec effet immédiat, la période de transition a été fixée à douze mois à compter de l’expiration du délai constitutionnel de 40 jours d’intérim.

Un pays remis « sur les rails »

Samedi, l’ex-junte militaire et la Cédéao avaient convenu que Dioncounda Traoré, investi président par intérim le 12 avril, demeurerait à la tête du pays durant la transition, ce qu’avaient précédemment refusé les putschistes.

M. Traoré, 70 ans, était président de l’Assemblée nationale jusqu’à la chute d’ATT, aujourd’hui réfigié au Sénégal.

Mais depuis sa prise de fonction et la nomination de son premier ministre Cheick Modibo Diarra, le Mali est resté en proie à la crise née du putsch qui a accéléré la chute du nord du pays au moins de divers groupes armés dominés par des islamistes, dont le mouvement Ansar Dine (défenseur de l’islam) et Al-Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi).

Bien qu’ayant accepté de rendre le pouvoir au civils en vertu d’un accord avec la Cédéao signé le 6 avril, l’ex-junte militaire ne s’était jamais véritablement retirée de la scène politique et, selon des sources concordantes, son quartier général à kati (15 km de Bamako), continuait d’être le centre du pouvoir.

Le capitaine Sanogo s’opposait à la Cédéao sur le nom du president de transition, poste qu’il convoitait lui-même, selon les milieux politiques maliens. Il avait rejeté la durée d’un an de la transition décidée par la Cédéao en avril. Après plusieurs jours de blocage et de laborieux pourparler, il a fini par lâcher du lest.

« Voilà un pays qui était à deux doigts de la catastrophe au sud, et un sursaut a permis de le remettre sur les rails. Maintenant, on pourra s’occuper du nord du Mali. La junte n’a pas perdu la face, mais la démocratie aussi a triomphé », a assuré à l’AFP le politologue malien Mamadou Samaké.

Le blocage politique profitait aux groupes armés, dont la rébellion touareg, qui contrôlent depuis près de deux mois les trois régions administratives formant le Nord, vaste et aride : Kidal, Gao et Tombouctou.

Dioncounda Traoré sera donc président de transition à partir de mardi, avec de lourdes missions : organiser des élections générales, mais d’abord tenter de résoudre la crise dans le Nord où, selon l’ONU, près de 350.000 personnes ont fui depuis mi-janvier leurs domiciles pour se réfugier à l’intérieur du Mali ou dans des pays voisins, alors que plusieurs régions maliennes sont confrontées à une sévère crise alimentaire.

Yattara Ibrahim

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