Deux mois après sa nomination, le 8 avril 2017 à la tête du gouvernement, le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga a présenté, le lundi 12 juin 2017, un document de 33 pages devant les parlementaires. Il a fallu une heure 15 minutes à l’orateur du jour pour décliner les axes prioritaires de la politique gouvernementale.
La Déclaration de politique générale du Premier ministre conformément à la lettre d’orientation du président de la République s’article autour de 4 axes prioritaires. Le parachèvement de la mise en œuvre de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger, l’apaisement du climat social, la réalisation du programme présidentiel d’urgence sociale et le renforcement de la diplomatie en relation avec les questions régionales et internationales. Relever ses défis à moins de deux ans de la fin du mandat du président de la République dans un contexte où le temps n’est pas allié le plus favorable pour Abdoulaye Idrissa Maïga et son équipe demeure une véritable mission commando. Conscient de l’urgence, le locateur de la primature ne veut plus perdre le temps pour donner une réponse aux priorités du moment et assure les députés de l’engagement de son équipe de veiller à la satisfaction des aspirations des Maliens, de Kayes à Kidal. «Je vous donne l’assurance que la satisfaction des aspirations légitimes du peuple malien restera la boussole de mon équipe qui s’engage à accomplir la mission qui est la sienne», a indiqué Abdoulaye Idrissa Maïga. Avant de faire le point sur les priorités du gouvernement, le Premier ministre a indiqué que malgré certaines difficultés que beaucoup de progrès ont été accomplis depuis la prise de fonction du président de la République le 4 septembre 2013.
Selon lui, l’effort du gouvernement est soutenu par un certain nombre d’acquis. Il s’agit entre autres de la recherche de la paix et de la cohésion, la mise en place de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation, l’organisation des états généraux de la décentralisation, suivie de celle des assises nationales sur le Nord, la mise en œuvre du Programme de développement accéléré des régions du Nord et la tenue récente de la Conférence d’entente nationale.
Le parachèvement de la mise en œuvre de l’accord
Donner un coup d’accélérateur à la mise en œuvre de l’accord pour la paix demeure les préoccupations majeures d’IBK depuis la signature du document entre les parties en 2015. Abdoulaye Idrissa Maïga dans sa déclaration de politique générale inscrit en priorité la concrétisation de cette volonté politique du chef de l’Etat. Le PM s’engage dans sa déclaration de prendre toutes les dispositions la construction de la paix et le retour progressif de l’Etat dans les régions du Nord, notamment à Kidal. Selon lui, l’atteinte de cet objectif passe nécessairement par la mise en œuvre efficace de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger qui constitue un pilier solide pour le retour à la paix, le renforcement de la souveraineté nationale et le développement harmonieux de notre pays. Pour ce faire, le gouvernement compte mettre en œuvre un vaste chantier de reforme de notre outil de défense à travers la Loi d’orientation et de programmation de la sécurité. Ainsi, le gouvernement met un accent particulier sur le renforcement des capacités en renseignements; la formation en vue d’une meilleure maîtrise de la conduite des opérations; la conduite des opérations de terrain; la dotation en moyens de défense appropriés; l’acquisition d’équipements militaires adaptés à nos besoins, d’armes et de minutions ainsi que le renforcement des capacités opérationnelles sur le terrain et la réhabilitation ou la construction d’infrastructures pour l’exploitation optimale des matériels et des équipements militaires. Ce volet équipement et formation permettra de lutter efficacement contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée.
En plus de ce chantier, le gouvernement active d’autres programmes et projets de développement des régions du nord. Ses actions seront soutenues par une mission de bons offices d’ici le 30 juin dans les régions de Kidal, le Delta intérieur et de la boucle du Niger. Selon le Premier ministre, l’objectif de cette mission est de rendre effective la présence de l’Etat à Kidal, de contribuer à stabiliser le Centre du pays.
L’apaisement du climat social
L’adaptation du Code du travail à l’évolution du contexte socioéconomique et institutionnel, la création du Conseil national du dialogue social, l’élaboration d’une politique nationale en sécurité et santé au travail; la poursuite de la révision des conventions collectives; la mise en œuvre du Programme pays pour le travail Décent. Voilà, entre autres, points inscrits dans l’agenda du premier ministre pour obtenir un climat social apaisé. Pour ce faire, le gouvernement organisera une série de conférences sociales portant sur la problématique salariale; l’éducation; la santé et l’enseignement supérieur. Cette volonté politique traduit la détermination du gouvernement à renforcer le dialogue avec l’ensemble des partenaires sociaux pour réussir sa mission de développement et répondre aux aspirations du peuple.
Le Programme présidentiel d’urgences sociales
Le Programme présidentiel d’urgences sociales est un vaste chantier du Président de la République, qui vise à réduire de façon significative les inégalités dans l’accès aux services sociaux de base pour la période 2017-2020. Ce volet d’urgence sociale porte essentiellement sur le secteur de l’eau, la santé, l’énergie et la réalisation des pistes rurales. Selon le Premier ministre, à travers ce programme présidentiel, le gouvernement décide de lutter contre les inégalités géographiques, régionales et locales à travers la réalisation d’un paquet d’interventions multisectorielles. L’effort budgétaire de 2013 à 2016 évalué à plus de 6 000 milliards de FCFA pour assurer la paix et la sécurité, le bon fonctionnement de la justice, la relance économique et le renforcement de la politique de décentralisation traduit l’engagement de l’Etat de donner un coup d’accélérateur au processus de développement.
En 2017, les dotations budgétaires ont été évaluées à près de 1 682,829 milliards de FCFA pour les mêmes domaines.
La diplomatie
Le volet diplomatie de la Déclaration de la politique générale du gouvernement porte essentiellement sur quatre dimensions. Abdoulaye Idrissa Maïga se donne comme mission de renforcer la présence du Mali sur la scène internationale, mobilise les partenaires bilatéraux et multilatéraux pour garantir la paix, la recherche des opportunités économiques et commerciales pour rendre la destination Mali plus attractive et la protection des intérêts des Maliens vivant à l’extérieur. En plus de ses axes prioritaires, le gouvernement procédera à l’ouverture de nouvelles missions diplomatiques et consulaires. Pour donner plus de capacité à la diplomatie malienne, le gouvernement portera ces actions pour la période 2017-2018, sur la relecture de la carte diplomatique, la promotion des Maliens aux différents postes, au sein des organisations internationales, régionales et sous-régionales, la tenue de la 11ème Conférence des ambassadeurs et consuls généraux, le renforcement de la sécurité juridique de la diaspora malienne, la poursuite du processus de déploiement de la force conjointe du G5 Sahel.
Lors de sa grande orale devant le parlement, le Premier ministre n’a épargné aucun secteur pour mieux séduire les députés. En attendant l’ouverture des débats sur le document ce jeudi matin, les différents groupes parlementaires travaillent dans la plus grande discrétion pour mieux aborder le sujet.
Déjà, le débat s’annonce houleux entre les trois parties : le PM, la majorité et l’opposition parlementaire. Selon certaines sources parlementaires, l’opposition décide de voter contre le document. Nos sources indiquent que l’opposition reproche au document le manque de clarté et la non-prise en compte des préoccupations majeures des Maliens.
Nouhoum DICKO