Crise malienne : ADO et Compaoré : du duo au duel ?

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La crise malienne a ouvert une guerre de leadership entre Alassane Dramane Ouattara président en exercice de la CEDEAO et Blaise Compaoré doyen des chefs d’Etats de la sous-région. L’arrivée à la tête de la Côte d’Ivoire d’Alassane Dramane Ouattara longtemps voulue par la France après la disparition de Félix Houphouët Boigny, le schéma de la tour de contrôle de la France en Afrique de l’Ouest, marque certainement le début d’une guerre de positionnement entre les deux poulains de Sarkozy et de la France-Afrique.

Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso, médiateur de la Cedeao

Paris semble avoir trouvé en Alassane Ouattara sa tête de pont dans son pré carré ouest-africain. Après avoir réussi à l’installer au pouvoir à coup de bombes, l’opération consiste maintenant, pour la France, à lui donner une dimension de leader sous-régional. Mais, cette phase de positionnement de Ouattara, Paris ne l’avoue pas ouvertement pour ne pas attrister le président burkinabé Blaise Compaoré, le leader par défaut choisi par la France après la mort d’Houphouët.

Le soin est laissé aux media français de faire le travail de communication pour damasquiner la nouvelle donne dans les mémoires. Dans la crise malienne, celle qui se déroule à Bamako, on l’a vu et même appris par des sources concordantes, Ouattara, président en exercice de la CEDEAO, a été présenté par les media français comme la pente de lancement de la bataille contre les putschistes de Bamako. Et cela malgré la désignation de Blaise Compaoré comme médiateur principal dans cette crise.

En fait, c’est la bataille de leadership dans l’espace CEDEAO qui a commencé entre Ouattara et Compaoré, les deux alliés de la crise ivoirienne. Ainsi, à Djibril Bassolé, ministre des Affaires Etrangères du Burkina Faso, Ouattara a flanqué Adama Bictogo, son ministre de l’intégration africaine. Le ministre des Affaires Etrangères du Nigeria étant resté très discret. Quand la médiation burkinabé a annoncé l’accord sur le retrait de la junte militaire au pouvoir, Ouattara s’est précipité pour annoncer dans un communiqué, en son nom, la levée de l’embargo imposé par la CEDEAO à son initiative. Et les média français d’informer le monde de ce que Ouattara a levé l’embargo sur le Mali. Autre image de cet affrontement naissant, selon Rfi, au lieu de laisser l’initiative à Blaise Compaoré d’appeler Amadou Toumani Touré (ATT), l’ex-président malien, discuter avec lui du schéma de sa sortie de scène-décidé depuis Paris après la reddition de la junte militaire, Ouattara s’est encore une fois précipité pour appeler ATT.

Mais, il ne serait pas arrivé à le convaincre sur le schéma de sortie de scène. ATT restant inflexible sur sa volonté de prononcer d’abord un discours à la nation malienne avant de se retirer. C’est finalement Blaise Compaoré toujours, selon Rfi, qui a pu obtenir d’ATT de renoncer à son discours à la nation. Au final, ce que les Maliens de la rue retiennent, selon plusieurs témoignages, c’est que Blaise Compaoré a compris la crise politique de Bamako et a su le démontrer alors qu’Alassane Dramane Ouattara est apparu comme celui qui n’a rien compris et a voulu asphyxier les Maliens par un embargo. C’est ce qu’il connait de mieux. Il en a déjà fait à la Côte d’Ivoire, l’embargo sur les médicaments.

Cela se voit donc que dans la crise malienne, Ouattara et Compaoré se sont volontairement quelquefois marchés sur les pieds. Officiellement, il s’agit d’une solidarité au sein de la CEDEAO. Mais officieusement, c’est une bataille heurtée de passage de témoin. D’un côté, on a Ouattara installé à la tête d’un pays économiquement puissant et veut l’être aussi politiquement. De l’autre côté, on a Blaise Compaoré, à la tête d’un pays enclavé mais qui est devenu au fur et à mesure par des coups bas, très influent dans la sous-région. Le duo va-t-il virer au duel ? En tout cas la crise après la chute du président Touré offre un tas de prémisses. Histoire de dire que, les jours à venir seront émaillés de surprises  et d’effarements. Et cela ne doit surprend personne (du moins les avertis) pour un duel entre deux personnes qui dix années durant se sont donnés les mains pour déstabiliser la Côte d’Ivoire.

Serge Olivier

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3 COMMENTAIRES

  1. Vous les journalistes je suis désolé à votre place mais sachez que ces deux présidents n’ont rien l’un contre l’autre et notre esprit satanique se retournera contre vous – même !
    Comment l’Afrique peut – Elle s’en sortir avec des agissements des gens de votre genre, de grâce laissez nous tranquiles nous en avons avez sur nos têtes comme !
    Mes chers Africains sachez qu’ADO n’a fait tout cela qu’en sa qualité de président en exercice de la CEDEAO je suis vraiment désolé de lire de tels articles monsieur ! L’Afrique va aussi mal parce que la terre est remplie des gens comme vous !
    Mais inch Allah nous survivrons n’en déplaise qu’à vous Serge Olivier et consorts !!!

  2. Ah bon?
    Il faut le dire au MNLA et à Ançardine car c’est ce qu’ils font actuellement.

  3. Le grand Mali n’a pas besoin de se faire dicter par qui que ce soit la porte de sortie de sa crise interne.Nous avons une civilisation multimillenaire.Nous sommes les heritiers legaux et spirituels des empires.Personne ne doit nous dicter sa loi.Nous avons les ressources humaines et materielles pour sortir de cette crise.

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