La sortie de crise politique trouvée à l’issue des discussions entre le CNRDRE et les émissaires de la CEDEAO, dimanche au quartier général de la junte militaire à Kati, constituerait pour nombre de têtes éclairées, un ballon d’oxygène pour le peuple d’en bas qui suffoque de jour en jour. Un grand acte a été posé par les signataires à savoir le maintien du Prof. Dioncounda Traoré, Président par intérim qui devait boucler ses quarante jours hier 22 mai, pour diriger la transition d’une durée de douze mois, conformément à la décision du somment extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO, tenu le 26 avril 2012 à Abidjan en Côte d’Ivoire.
Qu’il s’agisse du pauvre citoyen du Sud ou du Nord Mali, d’aucuns se sont réjouis de cette décision de sortie de crise pour le Mali, pataugeant dans la boue de l’invasion barbare et de la menace de l’isolement communautaire. La pauvre majorité silencieuse a du mal à voir clair dans les contradictions internes et dans le positionnement de tendances. Tout lui semble tourner en rond. Elle ne sait plus à quel saint se vouer pour plaider son sort.
Pour certains observateurs politicards, ” cette décision est une mesure nécessaire “, qui devrait nous permettre de sortir dans l’impasse juridico-politicienne. Une situation exceptionnelle qui est occasionnée par les divergences d’opinion autour de l’interprétation de certaines dispositions de la Constitution malienne du 25 février 1992 et de celles de l’Accord cadre signé entre le CNRDRE et la CEDEAO, en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel.
Pour d’autres et non des moindres, cela constituerait une alternative pour regagner la confiance de la Communauté Internationale. Des partenaires clés qui ont délaissé le Mali qui vit une situation exceptionnelle engendrée par le putsch du 22 mars 2012. Même si elle reste peu ou prou crédible pour le peuple souverain n’ayant pas pris part au processus de dialogue politique aboutissant à cette sortie de crise politicienne.
En témoignent les agissements de certains activistes se réclamant des forces vives. En tous les cas, il revient aux citoyens intègres et patriotes de regarder résolument vers le Mali de demain. Surtout que la CEDEAO s’est rendue à l’évidence en revoyant sa copie lors du sommet d’Abidjan. En fait, à Kati, elle a décidé de laisser intactes les dispositions relatives aux pouvoirs conférés au Premier ministre et au Président par intérim, telles que stipulées dans l’Accord cadre du 6 avril 2012 et dans la Constitution du 25 février 1992.
Pour rappel, l’alinéa 1 de l’Article 6 de l’Accord cadre stipule : ” Un Premier ministre de transition, Chef du Gouvernement, disposant des pleins pouvoirs et ayant pour mission de conduire la transition, de gérer la crise dans le Nord du Mali et d’organiser les élections libres, transparentes et démocratiques, conformément à une feuille de route, sera désigné “.
Par ailleurs, le Président de la transition aura un rôle purement intérimaire. Selon ” les articles 38, 41 et 50 de la Constitution du 25 février 1992, il lui est donc interdit de nommer un Premier ministre, d’organiser un referendum, de nommer les membres du gouvernement, de prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale et de prendre une décision engageant l’Etat “. Pourvu qu’on cesse de tergiverser ! Pour un bateau Mali voguant sur des eaux non agitées.
M. MAÏGA