La conférence d’entente nationale : Que retenir de ces sept jours de travaux ?

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Conférence d’entente nationale

La Conférence d’Entente Nationale (CEN) a fermé ses portes le dimanche 02 avril dans l’après-midi. Elle a produit le rapport de base pour la rédaction de la Charte pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation. La cérémonie de clôture, tout comme celle de l’ouverture, était présidée par le Chef de l’Etat, secondé par le Médiateur de la République et le chef de file de la médiation internationale, également président du Comité de Suivi de l’Accord. Cette cérémonie a enregistré la présence de plusieurs personnalités de la Nation en occurrence les autorités politique, administrative, religieuse et coutumière.  

La CEN est une disposition de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. L’Accord prévoyait, au cours de cette rencontre, une discussion sur les causes profondes des crises au Mali par les forces vives de la Nation. En effet, des débats ont eu lieu, les causes ont été soulevées et les recommandations furent formulées. Ainsi, les participants ont souligné entre autres les causes suivantes, réunies sous des chapeaux.

– Déficit de la gouvernance ou défaillance de la gouvernance : Il ressort à ce niveau la corruption, la délinquance financière, le clientélisme, et le népotisme. Déficit de communication entre gouvernant et gouverné. Mauvaise distribution de la justice.

– La sécurité : Selon le rapporteur général Nouhoum SANGARE, les participants ont insisté sur la persistance des groupes armés, le trafic des stupéfiants et des armes mais aussi l’incapacité de l’Etat à gérer la porosité des frontières.

– La gestion des diversités et de l’exclusion.: L’abandon des valeurs sociétales, la faiblesse des échanges culturels entre les différentes régions du pays.

Déficit de développement socio-économique et la gestion des ressources humaines : Ils ont noté à ce point la problématique de l’emploi des jeunes, l’insuffisance des services sociaux de base, la mauvaise répartition de la richesse de la Nation.

L’effritement des valeurs sociétales : L’instrumentalisation de la religion, l’émergence du terrorisme et trafic de tout genre, l’insuffisance de l’éducation familiale et citoyenne, l’abandon de l’intérêt commun au profit de l’intérêt personnel ont été relevés sous ce chapeau.

– Insuffisance de la mise en œuvre des accords précédents et de leurs suivi-évaluations.

– La faible adhésion de la population à l’accord de la paix et de la réconciliation   

– Azawad : Le terme a été abordé sans tabou. Les participants, y compris les mouvements signataires, ont retenu que premièrement le terme ne renvoi plus à un projet politique. Deuxièmement, il ne peut englober toutes les régions dites du Nord. Enfin, il recouvre une réalité socioculturelle, mémorielle, symbolique partagé par certaines populations du Nord.

Une fois les causes déterminées, des recommandations ont été formulées à cet égard. En effet, celles-ci aussi sont sous des titres.

Amélioration de la gouvernance

Il a été question de justice, de gestion des ressources de l’Etat, l’évaluation de toutes les ressources destinées aux régions du Nord, accélérer le retour de l’administration sur toute l’étendue du territoire, criminaliser toutes les revendications basées sur la violence et l’usage des armes.

La sécurité  

Impliquer la population à la base dans la prévention et la gestion des crises, dépolitiser l’armée et la déployer sur l’ensemble du territoire, redéployer l’armée reconstituer pour sécuriser les personnes et leurs biens.

Gestion de la diversité et de lutte contre l’exclusion

Intensifier les échanges entre le Nord et le sud, le Nord et le reste du pays, promouvoir les autorités traditionnelles dans l’échange à chaque phase.

Développement socio-économique et la gestion des ressources humaines

A ce point, les participants ont noté l’amélioration de vie de la population aux services sociaux de base à savoir l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire, les infrastructures de transport, apporter un soutien à la réinsertion socioprofessionnelle des victimes.

Promotion des valeurs sociétales

Promouvoir la prise d’engagement, promouvoir les valeurs de travail, de justice et d’équité, utiliser le génie malien en recourant au mécanisme traditionnel de prévention et de déploiement de force en renforçant la justice traditionnelle, renforcer la cellule familiale, enseigner l’éduction civique et morale dans les écoles pour susciter le respect des valeurs de la citoyenneté à savoir le drapeau nationale, la devise et l’hymne nationale.

Paix et réconciliation nationale

Instaurer une journée de réconciliation et de drapeau au Mali, au cours duquel le Président de la République prononce un discours à la Nation, édifier un mémorial de toutes les crises du Mali depuis l’indépendance pour que chacun puisse se reconnaître dans le processus de réconciliation nationale, accélérer la mise en œuvre de toutes les dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, élaborer un système de communication, d’information, de sensibilisation quant à la révision de la Constitution à toutes les dispositions de l’Accord à portées nationale, négocier avec les belligérants du centre en occurrence Amadou Kouffa en préservant l’intégrité territoriale du pays et avec les extrémistes religieux du nord particulièrement Iyad Ag Galy tout en préservant le caractère laïc du pays, bannir toute sorte d’amalgame, de stigmatisation, réconcilier tous les fils du pays singulièrement les frères Imgads et Ifogas pour enfin résoudre le problème de Kidal et le centre dans la région de Ségou et de Mopti.

A côté de ces recommandations dites générales, des recommandations spécifiques ont été formulées.

D’abord, l’Azawad. Les participants recommandent de relayer à toute la population le consensus obtenu par la CEN, régler la mésentente entre les mouvements signataires (CMA, Plateforme), assurer le retour effectif dans les meilleures délais de l’Etat Malien avec ses symboles dans toute la partie septentrionale du Mali et dans le Delta central, prioriser les actions permettant le retour des déplacés et les réfugiés. Puis les femmes. Il a été demandé d’adopter un système de législation discriminatoire positive en faveur des femmes lors des élections, dans les concours entre autres. La même demande a été formulée en faveur des personnes handicapées.

Enfin, les jeunes. Compte tenu du taux de chômage, un système de législation de discrimination positive serait adopté pour les jeunes.

Dans son discours, Baba Hakib HAIDARA a dit que 900 participants auraient pris part à cette conférence. Pour sa part, le Président de la République a reconnu que le consensus n’était pas trouvé autour du mot Azawad. Quant au président du Comité de Suivi de l’Accord a réitéré le soutien de son pays, Algérie, à l’Accord pour la Paix et la Réconciliation.

LA CONFERENCE D’ENTENTE NATIONALE INCAPABLE DE RESOUDRE L’EQUATION AZAWAD

Malgré sept jours de discussion sur le terme Azawad, le consensus semble toujours en fuite. En effet, le Président de la République l’a affirmé dans son discours de clôture de la CEN. Par conséquent, il a annoncé la tenue d’un conseil d’expert autour du vocable en vue de trouver une formule adéquate pour cette contrée. Par contre, le rapporteur général, dans sa présentation, a affirmé que ” Le terme a été abordé sans tabou. Les participants, y compris les mouvements signataires, ont retenu premièrement que le terme ne renvoi plus à un projet politique. Deuxièmement, il ne peut englober toutes les régions dites du Nord. Enfin, il recouvre une réalité socioculturelle, mémorielle, symbolique partagé par certaines populations du Nord. “

Yacouba TRAORE

 

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