Conférence d’entente nationale : Sur quoi s’entendre ?

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Conférence d'entente nationale au Mali (photo archives à titre illustratif

«Une fois n’est pas coutume», dirait-on ! Nous avons, par le passé, posé la même question pour dire que la Conférence d’entente nationale n’était nullement une priorité pour notre peuple travailleur au regard de la situation sociopolitique nationale qui ne cesse de se dégrader chaque jour davantage.

Il faut dire aujourd’hui avec insistance que notre peuple n’a pas été consulté pour recueillir son assentiment sur ce qu’il convient de rappeler ‘’Accord d’Alger’’. Comme pour dire que la Conférence d’entente nationale qui serait une recommandation dudit ‘’Accord’’ exigeait un préalable incontournable si l’on veut bien faire pour le Mali. Ce préalable n’était autre la tenue de concertations nationales sous forme de référendum sur l’accord de paix lui-même.

Si à l’issue de ce référendum, le peuple souverain du Mali venait à adhérer au contenu de l’Accord de paix dit d’Alger c’est seulement après qu’on pourrait préparer une conférence dite d’entente nationale. Tout  se passe comme si, en voulant forcer le passage, IBK tient à soigner la plaie sur du pus, chose pratiquement illusoire quand on sait que sans savoir si les Maliens adhèrent ou non à l’‘’Accord d’Alger’’, il serait inopportun d’organiser la Conférence d’entente nationale dont il reste fort à parier que l’échec est au bout du tunnel et pour cause :

– Il ne peut être question qu’un problème aussi grave touchant la vie de la nation et l’intégrité territoriale soit discutée par une conférence réunissant à peine trois-cent participants, et de quels participants !

– La participation de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) au deuxième jour des travaux cache mal le tripatouillage à l’œuvre pour la tenue de ladite Conférence d’entente nationale. Allez évaluer à quel coût la CMA a-t-elle accepté de rejoindre la table de conférence !

– Que ce que l’on appelle ‘’opposition’’ participe ou non à cette conférence grosse d’illisibilité politique, il n’y a pratiquement rien à dire quand il reste établi que c’est à coût de millions qu’elle est entretenue par IBK et que les hommes et les femmes qui l’animent sont ceux et celles qui ont conduit notre pays dans le labyrinthe de l’histoire.

– La Conférence d’entente nationale suppose qu’il y avait rupture d’entente. Cette rupture vient en partie du fait que des Maliens ont pris les armes contre leur pays pour poser sur la table des négociations la problématique de la partition du territoire national. Ceux qui ont pris les armes dont la conscience politique gît en France, depuis la première République, ne voulaient et ne veulent toujours qu’une seule chose à savoir : l’indépendance de ce que l’on appelle en France et dans le septentrion malien Azawad. Cet objectif, battu en brèche et combattu militairement par la première et la deuxième République du Mali, n’a jamais été abandonné par les démons de la partition et leur parrain français. Que cela soit aujourd’hui fait par le biais de cette conférence se serait une surprise agréable !

– L’Accord dit d’Alger n’était ni de près ni de loin celui souhaité et rédigé par nos masses travailleuses. C’est d’ailleurs pourquoi le régime IBK ne pouvait prendre le risque de consulter les citoyens en vue d’obtenir leur avis sur ce gros camouflet dont il s’est entièrement rendu responsable.

– Il faut dire que cette velléité de partition du territoire national ou de reconnaissance de l’Azawad dont les graines ont été semées par Alpha Oumar Konaré et arrosées par Amadou Toumani Touré (ATT) risque fort d’être officiellement accepté au terme de la Conférence dite de l’entente nationale. En tout cas, tout marche inexorablement vers ce que le citoyen lambda ne pouvait comprendre et accepter : ‘’l’indépendance de l’Azawad’’.

Dans ce cas de figure, il ne sera pas exagérer de dire que si le Mali est mal parti avec Alpha Oumar Konaré et ATT, il est très mal parti avec et sous la responsabilité de Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).

En clair, cette conférence d’entente nationale a deux objectifs inavouables : la reconnaissance officielle de l’Azawad et la partition du Mali.

Seulement, il serait incongru de ne pas rappeler que les hommes et les régimes passent mais que les peuples demeurent.

Pendant des siècles, la France s’est battue pour l’installation d’une base militaire française à Tessalit et pour la balkanisation du Mali avec en toile de fond la formation de la République de l’Azawad. Mais elle doit se rendre à l’évidence que notre peuple regorge de fils et de filles tant dans la vie civile et militaire capables de chasser la France de notre territoire et de réunifier notre territoire national.

Pendant qu’un milliard et demi de francs CFA (sans compter le prix auquel les groupes armés ont dû adhérer à l’esprit de la Conférence d’entente nationale) sont mobilisés pour la tenue de la Conférence d’entente nationale, notre peuple est en train de se débattre contre les malades de toutes sortes sans avoir accès aux soins de santé les plus usuels du fait de la grève de la blouse blanche.

En utilisant ces billets de banque pour faire aux revendications légitimes de nos hommes de santé, en lieu et place de cette conférence d’entente nationale, IBK aurait mieux servi ses électeurs et donc notre peuple travailleur.

Mais il doit se rendre à l’évidence qu’au moment où nos enfants meurent au front et où le front social bouille chaque jour plus gravement, leur n’est pas à la tenue de cette conférence qui, il faut le dire, risque fort d’être une occasion d’hémorragie financière aux dépens des masses travailleuses de notre pays et aux conséquences incalculables.

Dans tous les cas, les maux les plus pathétiques animant les discours politiques les plus enviables (tant qu’on reste dans les discours) n’ont tari lors de cette conférence sauf la crise profonde à laquelle notre peuple est confronté reste entière. Ce peuple est capable de forger son  destin et de remplir avec dignité sa mission historique.

Fanon prédisait : «Chaque génération, dans une relative opacité, doit découvrir sa mission et la remplir ou la trahir.»

Fodé KEITA

 

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